La France et la Chine renforcent leur coopération dans le spatial

Le président du CNES, Jean-Yves Le Gall, a signé avec l'administrateur par intérim de la CNSA Wu Yanhua, un mémorandum d'entente concernant la lutte contre le changement climatique. Ce nouvel accord renforce la coopération franco-chinoise dans le domaine spatial.
Michel Cabirol
Lancé en septembre ou octobre 2018 par le lanceur Longue Marche 2C, le satellite d'observation CFOSat étudiera le vent et les vagues à la surface de l'océan.
Lancé en septembre ou octobre 2018 par le lanceur Longue Marche 2C, le satellite d'observation CFOSat étudiera le vent et les vagues à la surface de l'océan. (Crédits : CNES (Olivier Sattler))

S'il y a un domaine où la France est très en avance sur la plupart des pays occidentaux en Chine, c'est dans l'espace. Lors de la visite d'Emmanuel Macron en Chine, Paris et Pékin ont renforcé leur coopération dans le spatial. En présence du président français et du président de la République Populaire de Chine, Xi Jinping, le président du CNES, Jean-Yves Le Gall, a signé mardi à Pékin avec l'administrateur par intérim de la CNSA (China National Space Administration), Wu Yanhua, un mémorandum d'entente concernant la lutte contre le changement climatique, un sujet qui est très cher aux Chinois.

Cet accord a renforcé la coopération entre les deux pays en mettant en place une distribution très large des données du satellite d'observation CFOSat et en s'inscrivant plus globalement dans la dynamique créée par le "One Planet Summit" organisé à Paris le 12 décembre dernier. Dans le cadre de cette coopération, Emmanuel Macron a visité à Pékin le centre technique de la CNSA, où lui a été présenté le satellite d'étude de l'océan CFOSat (Chinese-French Oceanic Satellite), pierre angulaire de la coopération entre les deux pays dans le domaine de la lutte contre le changement climatique. La mission CFOSat, dont le lancement est prévu depuis la Chine en septembre ou octobre 2018 par le lanceur Longue Marche 2C, étudiera le vent et les vagues à la surface de l'océan.

"Les données récoltées (par CFOSat, un satellite d'observation de 650 kilos, ndlr) permettront de réaliser des prévisions plus fiables de l'état de la mer, mais aussi de mieux comprendre les interactions entre celle-ci et l'atmosphère. Pour cela, le satellite embarquera deux instruments radar, SWIM (Surface Waves Investigation and Monitoring) développé par le CNES et Thales et SCAT (wind SCATterometer) par la Chine", a expliqué le CNES.

Une coopération ancienne entre Pékin et Paris

La coopération entre la Chine et la France a été souhaitée à l'origine par Jacques Chirac. Elle est entrée dans un phase active depuis 2014, année au cours de laquelle une nouvelle dynamique a permis d'engager les missions d'étude de l'océan CFOSat et d'astronomie SVOM (Space Variable Objects Monitor), deux projets majeurs pour les deux pays. En 2015, une lettre d'intention a été signée lors de la visite du Premier ministre Manuel Valls entre le CNES et la CNSA pour renforcer leur coopération dans la lutte contre le changement climatique, ce qui a été confirmé en mai 2017 au cours du 11ème comité mixte spatial. Les deux pays ont également une coopération en sciences de la vie en microgravité pour les vols habités.

"Nous entretenons une coopération très forte avec la Chine. Elle est sans doute plus importante pour les Chinois que pour nous parce que nous sommes pratiquement les seuls au monde, avec l'Agence spatiale européenne (ESA), à entretenir une coopération avec eux", a expliqué à La Tribune Jean-Yves Le Gall.

Outre la France et l'ESA (mission scientifique Smile), la Chine entretient principalement des coopérations avec la Russie et le Brésil, qui a développé des satellites d'observation de la Terre CBERS en partenariat avec Pékin. Avec les sanctions infligées par les Occidentaux, la Russie se tourne de plus en plus vers la Chine, explique-t-on à La Tribune. Car jusqu'ici les relations bilatérales entre les deux grandes puissances avaient été alimentées surtout par des effets d'annonce à caractère politique, qui n'ont pas eu de suite.

Enfin, la Chine a accompagné ces dernières années la vente de plusieurs satellites de télécoms par un très fort soutien auprès des pays clients (Nigéria, Venezuela, Pakistan, Laos, Bolivie, Biélorussie, Sri lanka, Algérie, Cambodge). Ainsi, Pékin offre souvent des solutions clés en main (satellite et lanceur) pour échapper aux règles américaines ITAR, qui interdisent l'exportation de matériels sensibles ayant des composantes américains vers la Chine.

Michel Cabirol

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