Luc Rémont PDG d'EDF : le piège d'une gouvernance bicéphale évité

ÉDITO. Alors qu'une dissociation des fonctions de président et de directeur général a été évoquée pour EDF, Luc Rémont aura les deux casquettes et sera le PDG du groupe. Ce choix permet d'éviter une éventuelle guerre des chefs comme l'entreprise l'a vécue dans les années 1990 avec le conflit opposant le président Edmond Alphandéry à son directeur général Pierre Daurès. Un risque que ne pouvait absolument pas prendre EDF au regard des défis colossaux qui l'attendent.
Fabrice Gliszczynski
Luc Rémont prendra ses fonctions mi-novembre (ici, le 26 octobre 2022, à l'Assemblée nationale avant son audition devant les députés de la Commission des affaires économiques).
Luc Rémont prendra ses fonctions mi-novembre (ici, le 26 octobre 2022, à l'Assemblée nationale avant son audition devant les députés de la Commission des affaires économiques). (Crédits : Reuters)

Sans surprise, le Parlement a confirmé le choix du chef de l'État de nommer Luc Rémont PDG d'EDF. Le numéro deux de Schneider Electric aura donc l'immense charge de relancer non seulement cette entreprise « en crise sérieuse » comme il l'a qualifiée, mais aussi l'ensemble du nucléaire français appelé à jouer un rôle stratégique dans la souveraineté énergétique de la France aux côtés des énergies renouvelables.

Début de l'opération commando : mi-novembre, quinze jours plus tôt que prévu, selon les souhaits du gouvernement. Une entrée en fonction relativement rapide, du moins sur le papier, si l'on songe que le processus de nomination a commencé seulement au début de l'été après l'annonce, le 6 juillet, par la Première ministre de renationaliser EDF.

Son nom circule en coulisses depuis le printemps

En réalité, le nom de Luc Rémont a commencé à circuler bien avant. Dès le printemps, quand l'exécutif avait déjà calé en coulisses son plan pour EDF et le calendrier qui l'accompagnait, certains en faisaient déjà le favori. Ingénieur, expérimenté, suffisamment jeune (53 ans) pour pouvoir assurer deux mandats qui ne seront pas de trop pour relever les défis qui se profilent, Luc Rémont cochait toutes les cases. Même celui de se « contenter » d'une rémunération de 450.000 euros, comme l'exige le décret de 2014 pour tous les PDG d'entreprise publique.

Sa nomination en tant que PDG constitue l'une des meilleures marques de confiance, alors que la petite musique d'une séparation des fonctions de président et de directeur général ne cessait de monter cet été, avec des rumeurs parfois surprenantes pour le poste de président : Laurence Parisot, Julien Denormandie, Jean Castex, Florence Parly, Marianne Laigneau (la présidente d'Enedis), Philippe Knoche (le directeur général d'Orano)... ont été évoqués. Il n'en a rien été.

Même si l'Agence des participations de l'État (APE) entend systématiser la dissociation des fonctions dans les entreprises de son portefeuille, Luc Rémont aura bien les deux casquettes, comme Jean Castex d'ailleurs à la RATP. Même si elle est chronophage pour les intéressés, cette unicité de la gouvernance apporte néanmoins de nombreux points positifs. Ou du moins évite de nombreux inconvénients.

Le risque d'une guerre des chefs

En effet, elle écarte de facto toute possibilité de guerre des chefs entre un président ou une présidente (aux fonctions non exécutives) et son directeur général ou sa directrice générale qui dirige l'entreprise sur le plan opérationnel. Un risque réel que ne pouvait absolument pas prendre EDF au regard des défis colossaux qui l'attendent. Quand il se produit, un tel scénario constitue un véritable poison pour les entreprises. En témoignent la paralysie d'Air France-KLM lors du conflit Spinetta-Gourgeon en 2011, ou celle (un peu différente) qu'avait provoquée quelques années plus tôt chez Vinci la guerre fratricide entre Xavier Huillard et Antoine Zacharias.

EDF a expérimenté la dissociation des fonctions dans les années 1990

EDF en sait d'ailleurs quelque chose. La guerre des chefs dans les années 1990 opposant le président Edmond Alphandéry et le directeur général Pierre Daurès est encore dans toutes les mémoires. Elle fut si violente qu'en arrivant à la tête d'EDF en 1998, François Roussely avait immédiatement mis fin à ce système bicéphale.

Cette unicité de la gouvernance a un autre atout : elle permettra également à Luc Rémont de commencer à travailler très rapidement. Une séparation des pouvoirs, au contraire, aurait conduit à changer les statuts et à convoquer une assemblée générale extraordinaire qui aurait retardé son entrée en fonction de quelques semaines. Et, au vu de la situation du parc nucléaire français à l'approche de l'hiver, éviter quelques semaines de flottement ne sera pas inutile.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 2
à écrit le 27/10/2022 à 21:35
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Est ce qu'il va mettre fin au projet Hercule et à l'Arehn? Non, il n'en a pas le pouvoir. Donc EDF ne sera pas sauvé.

à écrit le 27/10/2022 à 15:59
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il ne fait que la fonction de rh et rien d'autres qui prend les decisions pas lui qui creer des sites de production pas lui qui choisi le type de production pas lui donc il n'est pas le pdg mais un pion de luxe mais un pion alors qu'il se c...

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