C'est une première pour Moody's. L'entreprise d'analyse financière, notamment connue pour ses notations, a attribué ce mercredi la note « AA2 » à la ville de Paris. Selon Moody's, celle-ci correspond à une « gouvernance et une gestion très solides ». Il s'agit de la plus haute note attribuable à une collectivité territoriale, ces dernières ne pouvant surclasser le rang de l'Etat.
Pour autant, cette note signifie-t-elle une bonne gestion financière de la mairie ? Le premier adjoint (PS) à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire, en est persuadé. L'occasion pour lui de faire un pied de nez à Gabriel Attal qui avait qualifié, au mois de novembre 2022, en tant que ministre des comptes publics, les « loyers capitalisés » comme étant une « pyramide de Ponzi ».
Bien que l'ambiance soit à la fête chez la majorité socialiste, pour le groupe d'opposition Changer Paris et son premier vice-président (LR), David Alphand, cette notation ne congratule « aucunement la gestion des finances de la part des équipes d'Anne Hidalgo ».
Une meilleure gestion que l'Etat
Selon Emmanuel Grégoire, cette notation est « la plus élogieuse possible pour une collectivité territoriale » et salue la bonne santé financière de la capitale.
« Nous présentons des antécédents de performance solides. C'est le cas de notre taux d'imposition qui est bien inférieur à la moyenne nationale », se félicite le Premier adjoint auprès de La Tribune.
Le moment était donc idéal pour que la majorité au conseil municipal réponde aux commentaires de l'opposition qu'Emmanuel Grégoire qualifie de « manipulation et de mensonges ».
« Comme d'habitude, elle utilisera des chiffres fantaisistes afin d'entretenir un combat qui n'est pas sain sur le long terme », martèle l'élu socialiste auprès de La Tribune.
Évidemment, la liste de droite, anciennement menée par Rachida Dati, n'a pas attendu pour rétorquer. Sollicité par La Tribune, David Alphand dénonce justement une mésinterprétation du rapport Moody's. Selon lui, la notation ne prend en compte qu'un seul critère : la solvabilité de l'emprunteur.
« Ni Anne Hidalgo ni ses équipes ne figurent dans le rapport. Ce dernier emploie un langage anglophone lorsqu'il évoque un bon management et une gouvernance solide. En réalité, il s'agit de l'architecture institutionnelle, des hauts fonctionnaires et des cadres intermédiaires, pas de la mairie », justifie le vice-président de Changer Paris.
L'élu d'opposition poursuit sa plaidoirie en attribuant le faible taux d'imposition à... Jacques Chirac [maire de Paris de 1977 à 1995, Ndlr]. Selon lui, les taux sont si bas que la mairie possède une marge dont elle profite pour combler sa mauvaise gestion financière.
Pas de ralentissement pour l'endettement
Cette notation est importante pour la mairie au moment de contracter des emprunts. Elle influe directement sur les taux d'intérêts posés par le créancier. Un moyen de rassurer l'équipe d'Anne Hidalgo qui compte sur cet endettement pour mener à bien ses différents projets.
« La majorité de nos investissements sont de nature immobilière. Même si, entre 2001 et 2024, la dette est passée d'1 à 8 milliards d'euros, la valeur du patrimoine, elle, a augmenté de 14 à 44 milliards d'euros », argue Emmanuel Grégoire auprès de La Tribune.
Un endettement que la mairie juge essentiel et contrôlé. Le Premier adjoint évoque un plan pluriannuel rigoureusement documenté qui empêcherait le dépassement la barre des 10 milliards d'euros.
Un enthousiasme que ne partage pas la droite qui dénonce une « dynamique de la dette propre à Anne Hidalgo ».
« Le plan évoqué porte sur 30 ans. Cela revient à dire qu'un bachelier parisien en 2024 continuera à payer les factures de la maire jusqu'à ses 48 ans », soulève David Alphand auprès de La Tribune.
Aux yeux de l'opposition, les projets immobiliers de la mairie ne justifient pas l'augmentation de la dette. Elle dénonce même une « obsession de la gauche parisienne qui cherche à se donner une bonne conscience ».
« La ville achète des logements dans le privé pour les transformer en logements sociaux. Le résultat de la manipulation est simple : il n'y a pas de création de nouveaux logements », décrie le vice-président de Changer Paris auprès de La Tribune.
« Une saignée des collectivités »
Néanmoins, pour la mairie de Paris, la faute réside dans les mains de l'Etat. Un problème de gestion des recettes qui aurait des « conséquences massives » sur l'investissement public d'après Emmanuel Grégoire.
« Bercy a démontré une certaine forme d'insincérité en se trompant de 0,6 points dans son niveau de déficit. Bruno Le Maire pose des restrictions partout, sauf à lui-même. Il y a un véritable entêtement de l'Etat qui refuse d'assainir ses recettes », s'indigne le premier adjoint d'Anne Hidalgo auprès de La Tribune.
Le sujet de l'endettement s'impose comme un véritable enjeu pour la capitale, à deux ans des prochaines élections municipales.
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