Semi-conducteurs : au cœur de la crise, STMicroelectronics voit ses bénéfices divisés par deux

Le fabricant franco-italien de composants électroniques a vu son bénéfice net s'effondrer de 50,9% au premier trimestre, en comparaison avec les trois premiers mois de 2023, lors de la publication de ses résultats ce jeudi. Surtout, le groupe a révisé à la baisse ses perspectives annuelles en termes de revenus et de marge.
le fabricant franco-italien STMicroelectronics a annoncé que son résultat net s'est établi à 513 millions de dollars durant les trois premiers mois de l'année, soit une baisse de 50,9% par rapport au premier trimestre 2023.
le fabricant franco-italien STMicroelectronics a annoncé que son résultat net s'est établi à 513 millions de dollars durant les trois premiers mois de l'année, soit une baisse de 50,9% par rapport au premier trimestre 2023. (Crédits : Reuters)

Sale temps pour les fabricants de semi-conducteurs européens, ces composants électroniques, véritables cerveaux de nos machines et ordinateurs. Ce jeudi, lors de la publication de ses résultats, le fabricant franco-italien STMicroelectronics a annoncé que son résultat net s'est établi à 513 millions de dollars durant les trois premiers mois de l'année, soit en baisse de 50,9% par rapport au premier trimestre 2023 ou le fondeur avait affiché un bénéfice de 1,022 milliard d'euros. A noter, au quatrième trimestre 2023, son bénéfice net s'était affiché à 1,077 milliard d'euros. La chute de ses résultats est donc forte sur un an et encore plus sur un trimestre.

Le groupe a aussi affiché un repli de 18,4% de son chiffre d'affaires, à 3,5 milliards de dollars au premier trimestre contre 4,2 milliards un an plus tôt, tandis que sa marge brute a baissé de 8 points de pourcentage, pour atteindre 41,7%.

« Au premier trimestre, le chiffre d'affaires net et la marge brute ont tous deux été en dessous du point médian de notre fourchette de perspectives financières, du fait d'un chiffre d'affaires moins élevé dans l'automobile et dans l'industriel, partiellement contrebalancé par un chiffre d'affaires plus élevé dans l'électronique personnelle », a expliqué le PDG du groupe, Jean-Marc Cherry, cité dans un communiqué.

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Le groupe a dans le même temps revu à la baisse ses perspectives annuelles. Il vise désormais un chiffre d'affaires compris entre 14 et 15 milliards de dollars, alors qu'il espérait initialement atteindre une fourchette comprise entre 15,9 et 16,9 milliards. Concernant sa marge brute, il s'attend à ce qu'elle se situe entre 40% et 42%, alors qu'il anticipait précédemment qu'elle s'établisse entre 40% et 46%.

Autant de mauvaises nouvelles qui ont poussé les investisseurs à vendre le titre coté à la Bourse de Paris, qui affichait un repli de plus de 3% à l'ouverture ce jeudi.

Les fabricants de puces face à une crise de surproduction

La nouvelle était néanmoins attendue puisque lors de la publication de ses résultats annuels, le 25 janvier, le groupe français basé en Isère avait aussi annoncé une prévision de son chiffre d'affaires médian en baisse de 5,2% en 2024. D'ailleurs, ce constat a été partagé par des concurrents du franco-italien tel que Infineon. Fin janvier, le fabricant allemand a, lui aussi, annoncé tabler sur une baisse de son chiffre d'affaires de 11% au premier trimestre 2024 par rapport au dernier trimestre 2023, et a abaissé ses perspectives de revenus pour l'année à 16 milliards d'euros contre 17 milliards prévus initialement.

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Après la pénurie mondiale de 2021 et 2022 qui a vu l'activité des producteurs connaître une forte croissance, les sociétés de puces de pointe (TSMC, Nvidia, Samsung pour les plus connues) ont été les premiers acteurs de ce secteur très hétérogène à annoncer une baisse de leurs ventes, dès le début de 2023. Jusqu'ici, en revanche, les européens STMicroelectronics et Infineon qui fabriquent des composants de moyenne gamme (capteurs, contrôleurs, composants de puissance, etc) avaient réussi à maintenir une forte croissance, grâce à la résilience du marché automobile, l'un de leurs principaux clients.

« Mais finalement, leurs clients industriels commencent à avoir rempli leurs stocks et diminuent leurs achats et les mêmes craintes commencent aussi à émerger du côté de l'industrie l'automobile » expliquait en février à La Tribune, Aleksander Peterc, responsable de la recherche actions pour le secteur des matériels technologiques chez Société Générale CIB.

Vers un redémarrage de l'activité en 2025

2024 sera donc l'année du déstockage, de la pause des commandes... et donc de la baisse des prix pouvant aller jusqu'à 90% pour certaines puces mémoire. « Dans les applications grand public, de communication, informatiques et IoT, nous ne prévoyons pas de reprise notable de la demande avant le second semestre » 2024, a d'ailleurs avoué le président du directoire d'Infineon, Jochen Hanebeck, ce mardi lors de la publication de résultats.

Néanmoins, cette phase devrait laisser place à un regain d'activité au bout de cinq trimestres moroses, selon la Société Générale. Certains fabricants de puces avancées entrevoient déjà un retour des commandes début 2024, tandis que, du côté des deux fabricants européens de puce moyenne gamme, ce sera « à partir de fin 2024, avec une accélération en 2025 »une fois les excès de stocks normalisés, affirmait auprès de La Tribune en février, Sébastien Sztabowicz, directeur de la recherche sur les semi-conducteurs chez Kepler Cheuvreux. Un scénario toutefois dépendant de l'activité du secteur automobile dans les prochaines années.

Le néerlandais ASML lui aussi dans une période de creux

La surproduction impacte aussi les équipementiers de l'industrie des semi-conducteurs. Le 17 avril, ASML, le fabricant qui fournit des machines de production de puces électroniques aux fabricants, a fait état d'un bénéfice net de 1,2 milliard d'euros au premier trimestre soit une chute de près de 40% par rapport aux 2 milliards d'euros qu'il avait affichés au premier trimestre 2023. Son chiffre d'affaires de 5,29 milliards d'euros a, lui, chuté de 21,6 % sur un an.

ASML a connu de très beaux jours en 2023. Sur l'ensemble de l'année passée, l'entreprise a, en outre, affiché un bénéfice de 7,8 milliards d'euros, soit une hausse de 39% par rapport à 2022. Mais après avoir mis à niveau leurs outils de production, les fabricants de puces ont freiné leurs achats en ce début d'année. Alors qu'au dernier trimestre de l'année 2023, les commandes s'étaient, en effet, établies à 9,2 milliards d'euros, ASML a enregistré 3,6 milliards d'euros de commandes le trimestre passé, bien en dessous des 4,63 milliards d'euros attendus par les analystes.

L'équipementier se trouve donc dans une période de creux... mais reste optimiste pour le futur. Son PDG Peter Wennink a rappelé, le 17 avril qu'il s'attendait à une « année de transition » pour le groupe avec néanmoins un « second semestre devant être plus solide que le premier, conformément à la poursuite de la reprise du secteur après le ralentissement économique ». Surtout, il s'attend à une « croissance significative » en 2025.

 (Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 30/04/2024 à 19:50
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C'est "l'avantage" d'être le toutou des americains

à écrit le 28/04/2024 à 23:02
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"le français( ST micro ) basé en Isère" mais avec son siége social en Suisse, non?

à écrit le 25/04/2024 à 17:02
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Mustier étant trop occupé, quelqu'un de compétent ne pourrait-il se pencher sur le sujet? J'aurais bien demandé à Tavarès, mais tout le monde me dit qu'il coûte trop cher; alors, si un génie acceptant d'être payé au SMIC et prenant ses frais de bouch...

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