Le foot, sésame d'audience de l'Internet mobile

Les grandes compétitions de football, Mondial en tête, constituent le nouveau terrain d'affrontement des opérateurs de téléphonie mobile, qui rivalisent pour offrir des services sophistiqués à leurs abonnés. SFR proposera entre autres les buts et les résumés des matchs de la Coupe du Monde. Orange, de son côté, mise tout sur la Ligue 1, dont il a racheté les droits à l'automne pour 29 millions d'euros.

Le téléphone est devenu un média à part entière. Pour preuve, comme toute bonne chaîne de télé, les opérateurs n'ont d'autre choix que de dépenser sans compter dans le football pour s'imposer. SFR, partenaire depuis 1996 de l'équipe de France, a acquis en octobre les droits vidéo mobiles de retransmission des buts et des résumés des 64 matchs de la Coupe du Monde. Si le montant de l'opération reste confidentiel, l'opérateur admet investir un quart de son budget d'acquisition de contenus pour seulement 17% de parts d'audience réalisés sur ses services mobiles.

"Il s'agit pour nous de gagner des nouveaux clients à haute valeur. Et surtout, nous ne pouvons pas prendre le risque de voir nos clients actuels partir", justifiait ces jours-ci Jean-Marc Tasseto, directeur général marketing de SFR, qui pointe du doigt la concurrence et la pléthore d'offres proposées sur le marché.

L'opérateur a ainsi peaufiné sa grille de programmes. Les abonnés seront alertés par SMS des buts marqués par match. En fin de partie, un résumé vidéo de trois minutes sera diffusé. En continu, une vidéo d'information de 5 à 6 minutes, réactualisée trois fois par jour, tournera en boucle. A l'issue des trois matchs du premier tour, une autre vidéo retracera les grands moments du parcours des Bleus. Les vidéos seront facturées 10 centimes la minute.

L'opérateur a également créé un site 3G spécial Coupe du monde, sur lequel seront diffusés en exclusivité les contenus créés par la Fédération française de football (FFF) (vidéos, photos, etc.), les chroniques de Thierry Gilardi et d'Arsène Wenger, déjà en contrat avec l'opérateur. L'entraîneur Raymond Domenech interrompra sa chronique quotidienne pendant la durée du Mondial, comme cela était déjà prévu, a tenu à préciser SFR, mettant un terme à la polémique qui l'opposait à la FFF (lire ci-contre). Des services communautaires (blogs, forums) et des jeux créés par Electronic Arts (pronostics, Fifa 2006 World Cup Edition) accompagnent le dispositif.

SFR proposera trois émissions de divertissements "Plein le Casque" avec Tom Novembre, "On dit de vous" avec Christophe Dechavanne, et "Foot de filles". Ces émissions de quelques minutes seront gratuites pendant le Mondial, hors coûts de connexion, et coûteront entre 65 et 50 centimes d'euros ensuite. Petit à petit, l'opérateur espère développer les produits publicitaires de façon à baisser les prix pour le spectateur. En attendant, il espère que la gratuité va donner un coup de fouet à l'audience. SFR a aussi réduit le prix des communications de ses clients se rendant en Allemagne. L'opérateur, qui détient 1,5 million de clients à la 3G, en espère 1 million de plus d'ici la fin de l'année.

En face, Orange a tout misé sur la Ligue 1. L'opérateur avait acquis il y a quatre ans les droits de retransmission UMTS, alors même que la technologie n'existait pas. Alors que le contrat avait été signé à l'époque de gré à gré avec la société de marketing sportif Sportfive, la Ligue de football professionnel (LFP) a mis pour la première fois les buts aux enchères à l'automne dernier, avec un effet direct sur les prix. En lice avec SFR et e-TF1, Orange a certes remporté la mise, mais en acceptant de débourser 29 millions d'euros par an, contre 8 il y a quatre ans.

Comme pour la Coupe du Monde, l'abonné Orange peut visualiser les buts et les résumés de matchs. L'opérateur a justifié l'investissement en assurant qu'il lui permettrait de gagner 4 à 5 points de parts de marché des clients haut débit mobile sur deux ans. En Allemagne, le Championnat de football sur mobile s'est vendu 48 millions d'euros et en Italie, 52 millions d'euros. En France, Sporever, qui produit les contenus pour l'opérateur, emploie pas moins de 25 journalistes les soirs de championnat.

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