EADS : tous les tarmacs mènent à Washington

Boeing a remporté le contrat du siècle. Si EADS a été recalé, il ne s'agit pas pour autant d'un échec. Le consortium européen a d'autres cordes à son arc pour s'ancrer sur le marché américain de la défense.
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La messe est dite. Ou plutôt elle était dite depuis longtemps ... C'était aussi gros qu'un 747 sur un aérodrome. Boeing a raflé « le contrat du siècle » portant sur la fourniture des avions ravitailleurs à l'US Air Force. Bien sûr de ce côté ci de l'Atlantique, la nouvelle est à prendre à l'envers : EADS a été recalé. Passons sur le débat stérile qui consisterait à dénoncer le protectionnisme avéré des Etats-Unis par ailleurs grand moralisateur sur le sujet du libre échange quand cela sert leurs intérêts. Passons aussi sur la cohérence du processus de sélection qui avait donné raison il y a trois ans au tandem Northrop Grumman - EADS North America. Espérons seulement que ni EADS, ni les élus représentant les Etats américains qui auraient bénéficié de l'attribution de ce contrat d'un peu plus de 30 milliards de dollars à Airbus, ne feront appel dans les dix jours qui viennent. Il s'agit de passer à autre chose. De relativiser ce que les commentaires les plus précoces appellent un « échec » ... Le cours de Bourse d'EADS reflue aujourd'hui d'un peu plus de 1,5 % ... Mais cela tient moins aux avions ravitailleurs qu'à une franche remontée depuis sept jours de l'euro face au billet vert - la devise européenne poétisant désormais avec les 1,38 dollar. Et pour cause. En sept ans de bataille, le méga contrat était devenu un tel serpent de mer, qu'au final sa valeur n'a jamais été « pricé » dans le cours de Bourse du consortium européen. Bref « l'échec » est à relativiser. EADS a certes été recalé mais au moins il a réussi à mettre en danger Boeing sur son propre marché à l'heure même où l'avionneur américain n'était plus exempt de critique dans les couloirs du département de la Défense. En tout état de cause il se pose désormais comme un « prime contractor », un très sérieux maître d'?uvre sur d'importantes commandes pour l'armée américaine. Fort de son bras armé qu'est Eurocopter, EADS North America a déjà une solide implantation sur ce marché. Après avoir remporté le contrat LUH de 2,5 milliards de dollars pour la fourniture de 144 hélicoptères à l'armée et à la Navy, American Eurocopter est désormais dans les starting block pour concourir au futur appel d'offre pour le contrat Scoot qui porterait cette fois sur 300 appareils, voire plus, pour un montant total de 6 à 8 milliards de dollars. Comme quoi le dénouement du contrat des avions ravitailleurs n'est pas un vol plané en soi pour le consortium européen qui à d'autres moyens de parvenir ses fins sur le plus gros marché mondial de la défense.

 

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