Du lithium français pour nos voitures électriques

À Échassières (Allier), Imerys extraira en 2028 assez de matière première pour produire 700.000 batteries électriques par an.
Le site de la future mine de lithium à Échassières (Allier).
Le site de la future mine de lithium à Échassières (Allier). (Crédits : © LTD / Imerys)

Qui imaginerait en parcourant les routes sinueuses d'Échassières, entre les Combrailles et le Bourbonnais, qu'une partie de la souveraineté énergétique française se joue en haut de « la Bosse » ? C'est en effet sur ce vallon boisé de hêtres, réputé riche en minéraux, à la jonction entre l'Allier et le Puy-de-Dôme (Auvergne), qu'un gisement minier de lithium, situé sous la dernière carrière de kaolin existante servant à fabriquer la porcelaine de Limoges, a été mis au jour. Un métal blanc, alcalin, hautement stratégique car indispensable à la fabrication des batteries lithium-ion pour les véhicules électriques.

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L'« or blanc » auvergnat

Imerys, l'entreprise française leader mondial des minéraux industriels, qui exploite le site, estime aujourd'hui pouvoir extraire annuellement 34 000 tonnes de lithium pendant « au moins vingt-cinq ans », soulignait Alan Parte mardi, à Moulins. Le directeur des deux projets lithium d'Imerys, en Auvergne et en Cornouailles (Grande-Bretagne), participait à la première réunion du débat public local, sur les quinze prévus par la Commission nationale du débat public (CNDP), pour expliquer aux habitants l'intérêt de fournir de l'« or blanc » auvergnat, qui permettrait dès 2028 d'équiper quelque 700 000 véhicules électriques par an.

Le projet, nommé Emili, pourrait en effet être le premier maillon minier d'une filière remontant jusqu'à la chaîne de production de batteries pour véhicules électriques. Comme dans toute l'Europe, l'État en France soutient l'implantation de gigafactories de batteries, notamment dans le nord de la France (ACC, Verkor, Envision AESC, ProLogium) et en Allemagne.

Les cours du lithium sont très volatils. Ils ont chuté de 63 % sur un an, mais s'a­ffichent en hausse de 20 % depuis un mois

« Nous pourrions répondre à un tiers voire à la moitié des besoins français si tout ce lithium partait dans des véhicules électriques vendus en France », assure Alan Parte, en précisant que, « en Europe, Échassières représenterait environ 5 % des besoins en volumes à horizon 2030-2035 ». En outre, le projet prévoit de générer entre 500 et 600 emplois directs et jusqu'à 1 000 emplois indirects.

Réduire la dépendance aux métaux chinois

Pour la France et l'Europe, l'enjeu est de réduire leur dépendance aux importations de métaux stratégiques (nickel, manganèse, cuivre, cobalt...), notamment de Chine, qui domine le marché mondial de la raffinerie (transformation du minerai en métal). Depuis mars 2023, une « législation européenne sur les matières premières critiques » a été édictée par la Commission européenne, visant à « garantir des chaînes d'approvisionnement sûres et durables pour l'avenir écologique et numérique de l'UE ».

Le lithium est emblématique de la transition énergétique qui tend à substituer aux hydrocarbures (pétrole, charbon, gaz naturel) des métaux indispensables à la production de véhicules électriques, à la construction de panneaux solaires et d'éoliennes, ainsi qu'à l'extension des réseaux électriques et à la numérisation. Or, selon ses dernières évaluations, S&P Global Market Intelligence « anticipe un déficit mondial sur le marché du lithium d'à peu près 4 000 tonnes d'équivalent de carbonate de lithium en 2027, avec une demande mondiale prévue à 1,87 million de tonnes, contre 884 000 tonnes en 2023 ». Une source de tension que l'Europe pourrait réduire grâce aux 20 projets miniers en cours répertoriés sur le Vieux Continent, qui devraient lui permettre d'atteindre une capacité de production de 650 000 tonnes par an à l'horizon 2028.

Acceptabilité

Mais la relance d'un secteur minier ne va pas de soi. Pour convaincre, Imerys veut que toutes les opérations soient réalisées dans l'Allier : de l'extraction du granit blanc contenant le lithium à son raffinage dans une usine située près de Montluçon, en suivant une logique « environnementale forte », assure le chef de projet, en passant par le concassage du minerai en sous-sol, la réutilisation d'une carrière existante, d'une friche industrielle, mais aussi le recyclage de 90 % de l'eau utilisée et le comblement immédiat des résidus. « Nous avons engagé 20 % de coûts supplémentaires afin de répondre à ces problématiques », précise Alan Parte. Le prix de vente était évalué par Imerys l'année dernière entre 7 et 9 euros le kilogramme d'hydroxyde de lithium. En décembre 2023, ce dernier s'affichait en Europe à un peu plus de 17 euros. Les prix du lithium sur le marché international sont très volatils. Ils ont chuté de 63 % sur un an, mais s'affichent en hausse de 20 % depuis un mois.

Imerys compte d'ailleurs sur les débats publics pour répondre à la « défiance légitime » des habitants, comme l'a décrit mardi un participant, qui s'interrogent sur les conséquences environnementales : gestion de l'eau, de l'après-mine, utilisation de produits chimiques... dans cette région historiquement minière et industrielle, par ailleurs polluée, à certains endroits, au plomb et à l'arsenic. Une « mine propre », cela « n'existe pas », a d'ailleurs reconnu mardi Alan Parte, estimant que « toutes les activités ont des effets ». « Mais nous allons les réduire le plus possible », a-t-il affirmé, préférant qualifier la mine Emili de projet « responsable ».

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Commentaire 1
à écrit le 17/03/2024 à 13:49
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La France est trop forte la France est libre la France est pleine avec des ressources naturels.

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