Environnement : à Paris, Barack Obama appelle à investir pour préserver la Terre avant de songer à coloniser Mars

Barack Obama a ouvert hier soir le POwR.Earth Summit 2024, qui se tient jusqu'au 15 mars au CNIT Paris La Défense. Organisé par la POwR.Earth Foundation, l'événement vise à inciter entreprises et énergéticiens, investisseurs et financeurs, chercheurs et citoyens à agir pour l'avènement d'une économie décarbonée. L'ancien président américain a apporté sa contribution, entre optimisme et pragmatisme.
L'ancien président Obama s'est exprimé devant quelque 1 200 personnes venues assister à l'ouverture de la première édition du POwR.Earth Summit 2024, au CNIT Paris La Défense.
L'ancien président Obama s'est exprimé devant quelque 1 200 personnes venues assister à l'ouverture de la première édition du POwR.Earth Summit 2024, au CNIT Paris La Défense. (Crédits : Ludovic Desautez)

Le message de l'ancien président Obama n'a pu que résonner auprès des quelque 1 200 personnes venues assister à l'ouverture de la première édition du POwR.Earth Summit 2024, au CNIT Paris La Défense. Alors que les Français, soucieux d'être parfaits en anglais, ont parfois du mal à se lancer, pas question d'attendre que toutes les technologies soient disponibles pour agir en faveur de la décarbonation de l'économie. Pas question non plus d'attendre de réunir les milliards de dollars nécessaires pour aider les pays en développement à effectuer les changements nécessaires face à la crise climatique. De premiers financements suffiront.

« N'attendons pas d'être parfaits pour agir, a-t-il lancé. Ce sera compliqué, ce sera désordonné, mais si au moins nous améliorons un peu la situation, en réduisant le réchauffement ne serait-ce que d'un degré, si nous faisons en sorte que la montée des océans ne soit que de 50 centimètres au lieu de deux mètres - et les technologies actuelles, même imparfaites, nous permettent de le faire -, alors faisons-le ! »

Pour une bonne raison : les humains - et c'est leur avenir qui est en jeu, plus que celui de la planète, d'ailleurs, car elle résistera - « performent mieux quand ils ont de l'espoir », a-t-il ajouté. De simples progrès apporteront à tous la preuve que la situation n'est pas désespérée. Et ils susciteront un élan qui entraînera de nouvelles avancées.

La jeune génération à la manœuvre

Ses cheveux ont blanchi au cours de ses deux mandats, de 2009 à 2017, et les deux filles Obama ont grandi. « Elles me demandent parfois ce qu'elles doivent dire à leurs amis qui souffrent de désespoir climatique et s'inquiètent de mettre des enfants au monde », enchaîne l'ancien président. S'il estime que les humains sont de « mauvais hôtes sur cette terre », la conquête de l'espace, qui l'enthousiasme pour les connaissances qu'elle apportera, n'est clairement pas la solution à ses yeux.

« Quand j'entends certaines personnes dire que le plan est de coloniser Mars parce que l'environnement sur la Terre pourrait se dégrader, qu'il deviendrait invivable... Mais que dites-vous ?! (...) Même après une guerre nucléaire, que je ne minimise pas, la Terre serait plus vivable que Mars ! Même si l'on ne faisait rien contre le changement climatique, elle aurait toujours de l'oxygène, et pour ce que l'on en sait, Mars non », a-t-il dit, alors que l'immense fusée Starship de SpaceX doit décoller ce jeudi. Pour rappel, l'entreprise du milliardaire Elon Musk mise sur Starship pour réaliser son but affiché : installer une colonie autonome sur Mars, afin de faire de l'humanité une espèce multiplanétaire.

Et Barack Obama d'ajouter  : « Je préfèrerais que nous investissions dans le soin à cette planète ici-bas. La raison pour laquelle nous allons dans l'espace, c'est pour sa découverte, sa connaissance, pas parce que nous allons créer une meilleure situation là-bas. Nous avons été conçus pour cet endroit-ci et ce serait bien que nous le préservions, de façon à ce qu'il reste vivable. Je préfèrerais que nous investissions dans le soin à cette planète ici-bas.»

La solution, il la voit donc plutôt dans la nouvelle génération que la fondation, lancée avec son épouse Michelle à la fin de leur séjour à la Maison Blanche, forme un peu partout dans le monde.

« Nous aurions pu travailler sur la santé, le climat, le développement économique des pays pauvres, mais nous avons décidé que la meilleure façon d'apporter notre contribution était d'épauler des jeunes qui deviendraient des leaders », explique-t-il.

D'ailleurs, « ce n'est pas avec mon nom, Barack Hussein Obama, ni avec ma couleur de peau ni avec l'argent que je n'avais pas que j'ai réussi ma première campagne présidentielle, sourit-il, c'est parce que nous avions une armée de jeunes qui ont convaincu des gens ordinaires de faire quelque chose d'extraordinaire, car l'occasion leur en était donnée. »

Lui-même jeune leader en son temps, il a mouillé la chemise, notamment lors des différentes COP auxquelles il a participé. Il raconte avec délice comment il a réussi à rattraper par le col les dirigeants indien et chinois, qui s'apprêtaient à s'échapper - pour aboutir à la signature de l'Accord de Paris en 2015.

Il s'est également souvenu de sa gestion de la crise de 2008 et de ses initiatives en vue d'investir pour une économie décarbonée aux Etats-Unis - « au point qu'ensuite, la production d'énergie éolienne a triplé et que le solaire a été multiplié par dix, a-t-il souligné. Ce qui prouve que la reprise et la croissance économiques sont compatibles avec une stratégie fondée sur les énergies renouvelables. » Pour ajouter qu'avec de nouveaux standards imposés, les gouvernements peuvent infléchir les stratégies industrielles des acteurs privés. Comme dans l'automobile, à Detroit. Son administration a incité les constructeurs à fabriquer de nouvelles voitures, plus petites et moins gourmandes en essence. « J'avais un levier, dit-il, en faisant allusion au fait qu'il a décidé de renflouer les caisses des Big Three, et le marché réagit toujours. » Une stratégie de critères stricts qu'il propose d'appliquer aujourd'hui à d'autres secteurs industriels et à l'agriculture.

Reste qu'il est conscient des freins qui subsistent. S'il se moque des Républicains au Congrès, qui hurlaient contre la simple idée de changer les ampoules traditionnelles pour des LED, « au nom de leur liberté sacrée ! », rit-il, il ne veut pas entrer dans la polémique concernant l'action de son successeur, Donald Trump, qui s'est évertué à détricoter une partie des acquis, dont l'adhésion des Etats-Unis à l'Accord de Paris. « Le résultat parle de lui-même », a-t-il sobrement déclaré.

Aider les plus démunis

Il sait cependant qu'il faudra encore lutter pour convaincre, tout en prenant soin des moins bien lotis. Certes, ces derniers sont les plus affectés par le dérèglement climatique et les efforts pour l'endiguer ne pourront être, à terme, que bénéfiques pour eux, mais entre-temps, ils risquent de résister. Ne serait-ce que parce que les efforts nécessaires ne seront pas à leur portée. Il faudra donc les aider par différents moyens financiers.

Mais au-delà d'une vision de chef d'Etat, Barack Obama a surtout voulu mettre en avant sa philosophie personnelle, qu'il souhaite contagieuse. C'est celle de respecter chaque individu et d'être utile. « Ma mère m'a fait un véritable lavage de cerveau : elle croyait en la bonté des gens et au fait que nous sommes tous liés, tous co-dépendants. Elle m'a donné un sens du devoir et la volonté d'avoir un impact positif sur le monde, quelle qu'en soit l'échelle. »

C'est bien cette volonté qui est au cœur du POwR.Earth Summit, celle de faire advenir une nouvelle société, apaisée et décarbonée. « On nous avait dit que ce serait impossible de faire venir Barack Obama, et nous l'avons fait ! », ont conclu Jean-Christophe Vigouroux et Jean-Charles Drouvin, à la tête de la POwR.Earth Foundation. Autant dire que rien n'est impossible, même en commençant par de petits pas...

Irène Frat

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Commentaires 9
à écrit le 27/03/2024 à 9:31
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Juste quelques mots pour partager une expérience réellement enrichissante – ayant eu l'honneur d'être membre actif de la fondation organisatrice lors d'un événement récent. 🌟 L'intervention du Président Obama était, sans exagération, une source d'...

à écrit le 14/03/2024 à 10:57
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📉 Transition climatique, Afuera ❗ESG, Afuera ‼️ Les marchés financiers 🧊 brisent froidement les idéologues 🙂 ! 💣 Les États-Unis se comportent comme des racailles de banlieue ! 🔥 Et le gauchiste Obama représente bien ce pays qui ment, qui corrompt, q...

le 14/03/2024 à 16:28
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La jalousie ne facilite jamais le progres, meme selui de son pays en perte de vitesse.

à écrit le 14/03/2024 à 9:44
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Un paradoxe venant d'un ex-président des États-Unis, lesquels non jamais voulu ratifier le protocole de Kyoto!

à écrit le 14/03/2024 à 9:34
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commencer par la paix sur terre serais deja un premier pas un deuxième pas revenir sur le voyage de m biden alors vice president en Ukraine qui a engrangé désordre actuel

le 14/03/2024 à 10:08
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Les désordres sont les russes les chinois l Iran et dans une certaine mesure la Turquie : assassinats d’ opposants politiques, annexions de territoire tchétchène géorgien moldave ukrainien viols vols pillages enrôlement de force enlèvements d enfan...

le 14/03/2024 à 10:13
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La paix? Lol une lubie de petits bourgeois occidentaux enfermés dans leur bulle de consommation et de confort ..regardez donc ce qu en pense et la définition qu en font la Chine, Les Russes ,l’ Iran … ah oui ça c est sur ils nous foutent bien la ...

le 14/03/2024 à 13:32
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le mal en amerique latine aussi les greque de l'antiquite aussi les pharaons aussi il ne faut pas tomber dans le piege de m macron lui ne voit que le benefice evantuel du commerce avenir avec l(ukraine peut importe le prix du sang qu'il soit ukra...

à écrit le 14/03/2024 à 9:31
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Si on a sauvé la couche d'ozone, seule phénomène planètaire comparable aux GES, c'est en interdisant directement et simplement la production des gaz qui la détruisaient et non en demandant aux consommateurs d'arrêter d'en acheter sinon vous pouvez êt...

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