Les scientifiques réclament plus de moyens pour financer la recherche polaire

Des chercheurs et des scientifiques internationaux ont appelé ce mercredi à mieux financer la recherche polaire. Une requête d'autant plus cruciale dans un contexte d'érosion accélérée des glaciers et des pôles.
Un premier rapport international scientifique sur la cryosphère sera remis aux responsables politiques à l'issue du One Planet Polar Summit (photo d'illustration)
Un premier rapport international scientifique sur la cryosphère sera remis aux responsables politiques à l'issue du "One Planet Polar Summit" (photo d'illustration) (Crédits : Reuters)

C'est presque un cri d'alarme. Au premier jour du « One Planet Polar Summit » à Paris, des chercheurs et scientifiques internationaux ont appelé à mieux financer la recherche polaire. « Il est clair que nous avons besoin de soutien », a lancé le paléoclimatologue Jean Jouzel (expert qui étudie le climat du passé, sur des milliers ou millions d'années).

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« La recherche polaire a besoin de moyens, ils sont très insuffisants », a appuyé Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur de France pour les pôles et l'océan.

Également paléoclimatologue, Valérie Masson-Delmotte a reconnu que « les recherches sur la cryosphère ont beaucoup avancé ces dernières décennies ». Reste que ce terme « cryosphère », qui désigne l'ensemble des glaces présentes sur Terre (banquise, glaciers, icebergs ou permafrost), n'est apparu « pour la première fois » que l'année dernière, dans une décision de la COP, a-t-elle souligné.

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Mieux protéger les pôles

Le « One Planet Polar Summit » réunit jusqu'à ce vendredi à Paris des scientifiques, des chercheurs et des politiques d'une quarantaine de pays et régions glaciaires et polaires. Organisé par l'Élysée - dans la lignée d'autres sommets sous la bannière « One Planet » ces dernières années - le rassemblement vise à partager les constats et les projections de la communauté scientifique sur la fonte des glaces, et proposer des recommandations aux gouvernements pour une meilleure protection des régions glaciaires et polaires.

Un but affiché est de mettre en place une coopération internationale sur l'étude des répercussions du réchauffement sur les glaciers et les pôles, ainsi que sur la prévention et l'adaptation des politiques du climat face à l'érosion accélérée de la cryosphère. « Il faut vraiment faire prendre conscience à tous les leaders que c'est un espace fragile », a alerté Olivier Poivre d'Arvor. Les pôles et la cryosphère « sont affectés » par les tensions géopolitiques qui « représentent les nouvelles frontières du multilatéralisme », a de son rappelé noté Angel Gurria, président du Forum de Paris sur la Paix qui se tiendra en fin de semaine, présent lors de l'ouverture.

Un premier rapport international scientifique sur la cryosphère sera remis aux responsables politiques à l'issue du sommet. Les organisateurs ont en effet confié à un groupe de scientifiques internationaux le soin de faire un nouvel état des lieux sur les pôles et les glaciers, puisque le dernier rapport global sur le sujet, publié par les experts mandatés par l'ONU sur le climat (Giec), date de 2019.

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Au Groenland, la fonte rapide et inquiétante des plateformes de glace protectrices

À la veille de l'ouverture du sommet, des scientifiques basés au Danemark, aux États-Unis et en France ont sorti une étude sur l'état des plateformes de glace flottantes du nord du Groenland. Ces dernières ont perdu 35% de leur volume depuis 1978. Et sur les huit plateformes, trois s'effondrent totalement. « La raison principale est qu'elles ont fondu en dessous avec le réchauffement des eaux océaniques », explique à l'AFP Romain Millan, chercheur au CNRS et à l'université de Grenoble, auteur principal de cette étude publiée dans la revue Nature Communications.

La fonte de ces plateformes ne contribue pas directement à l'élévation du niveau des océans. En revanche, elles jouent un rôle de « barrage » régulant la quantité d'eau douce glacée provenant de la calotte déversée dans l'océan et qui, elle, participe à ce phénomène. La disparition de ces barrages naturels a donc des effets importants sur les glaciers, dont les points d'ancrage au sol reculent et qui déversent plus de glace qu'auparavant.

Ces conclusions sont d'autant plus alarmantes que les glaciers de cette région étaient jusqu'alors considérés comme stables par les scientifiques, contrairement à d'autres zones plus sensibles de la calotte polaire qui ont commencé à se fragiliser dès le milieu des années 1980. « Ce qui va se passer au niveau des pôles et du niveau des mers dans le futur va dépendre des décisions qui vont être prises par les politiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre », rappelle le chercheur à quelques semaines de la COP28 sur le climat à Dubaï, qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 08/11/2023 à 14:16
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La courbe de la température moyenne de la Planète EST EN AVANCE DE PHASE par rapport à celle de la quantité de CO2 dans l'atmosphère ! L'augmentation de la quantité de CO2 dans l'atmosphère EST UNE CONSÉQUENCE de la hausse de la température moyenne d...

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