Pétrole : le géant saoudien Aramco voit son bénéfice chuter de 23%, pénalisé par les cours du brut

Afin de soutenir les prix de l'or noir, l'Arabie saoudite a décidé de réduire sa production. Mais cette stratégie ne suffit pas à Aramco, détenu en grande partie par l'État. En effet, la comparaison avec l'année passée, marquée par des prix du pétrole au plus haut en raison du conflit en Ukraine, reste difficile.
Aramco a enregistré des profits de 32,58 milliards de dollars, contre 42,43 milliards de dollars à la même période de l'année dernière.
Aramco a enregistré des profits de 32,58 milliards de dollars, contre 42,43 milliards de dollars à la même période de l'année dernière. (Crédits : Reuters)

La chute continue pour le géant pétrolier Aramco, détenu en grande partie par l'État saoudien. Il a, en effet, annoncé ce mardi 7 novembre un bénéfice net en baisse de 23% sur un an, au troisième trimestre. Dans le détail, la compagnie a enregistré des profits de 32,58 milliards de dollars, contre 42,43 milliards de dollars à la même période que l'année dernière, selon un communiqué.

Ces résultats reflètent « l'impact du recul des prix du brut et des volumes vendus », a-t-elle indiqué.

Pour rappel, Aramco avait déjà vu son bénéfice reculer de 19,25% au premier trimestre et de 38% au deuxième trimestre par rapport aux mêmes périodes de 2022. Comment expliquer un tel décalage par rapport à l'an dernier ?

En 2022, l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février avait propulsé les cours du brut à plus de 130 dollars le baril. Résultat, Aramco avait alors enregistré un bénéfice « record » de 161,1 milliards de dollars, permettant au royaume de dégager son premier excédent budgétaire annuel en près d'une décennie.

Cette année, la comparaison est plus douloureuse. Et pour cause, la moyenne des prix du pétrole devrait s'établir autour de 85 dollars le baril, selon Jadwa Investment, une société basée à Ryad. Des analystes estiment à 80 dollars le niveau de prix nécessaire pour maintenir le budget de l'Arabie saoudite à l'équilibre. Cet objectif pourrait toutefois être compromis par la hausse de ses dépenses publiques et la baisse de sa production de brut.

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Un risque d'embrasement régional du conflit au Proche-Orient

Depuis un mois, les marchés s'inquiètent aussi des conséquences de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sanglante sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre. Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël et plus de 240 autres prises en otage, selon des responsables israéliens. En représailles, Israël, qui veut « anéantir » le Hamas, pilonne sans relâche la bande de Gaza. Ces bombardements incessants ont fait plus de 10.000 morts dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.

« Les négociants (en pétrole) craignent que la violence ne s'intensifie et ne s'étende, entraînant éventuellement des acteurs étatiques et menaçant l'approvisionnement en pétrole », a souligné Jadwa Investment dans un rapport publié fin octobre.

« Nous pensons que ces craintes sont exagérées, mais nous sommes conscients » du risque d'embrasement régional, a ajouté la firme.

La manière dont la guerre entre Israël et le Hamas pourrait affecter la production saoudienne reste une « grande question », a pour sa part estimé Herman Wang, directeur associé pour l'information sur le pétrole chez S&P Global Commodity Insights. Avant la guerre, tout laissait penser que le royaume resterait « prudent et discipliné en matière de réduction de la production, afin de maintenir les prix à un niveau plancher, compte tenu des perspectives de la demande au premier trimestre », a-t-il expliqué.

Aramco se diversifie

Pour rappel, le premier exportateur mondial de brut a annoncé en avril une coupe de production de 500.000 barils par jour (b/j), dans le cadre d'une action coordonnée avec d'autres pays pétroliers visant à soutenir les prix. En juin, le ministère saoudien de l'Energie a annoncé une coupe supplémentaire d'un million de barils par jour, qui a pris effet en juillet. Cette réduction durera jusqu'en décembre, a confirmé le ministère dimanche dernier. La production du royaume est désormais d'environ neuf millions de b/j, bien en deçà de sa capacité journalière déclarée de 12 millions de b/j.

Cette politique « continuerait évidemment à restreindre la production d'Aramco et à limiter ses exportations - et nous avons vu l'impact que cela a eu sur les chiffres les plus récents du PIB », a souligné Herman Wang. L'autorité saoudienne des statistiques a annoncé que le PIB de l'Arabie saoudite avait baissé de 4,5% au troisième trimestre par rapport à l'année dernière, plombé par un recul des activités pétrolières de 17,3%.

La monarchie du Golfe, premier exportateur mondial de pétrole brut, avait initialement tablé sur un excédent de 16 milliards de riyals saoudiens (4,27 milliards de dollars) en 2023, mais les nouvelles prévisions indiquent un déficit attendu de 82 milliards de riyals saoudiens (21,86 milliards de dollars), équivalent à 2% du PIB, a déclaré le ministère tard samedi dans un communiqué.

Investissement dans le GNL

Afin de diversifier ses activités au-delà du pétrole, Aramco avait annoncé fin septembre son premier investissement mondial dans le gaz naturel liquéfié (GNL). Le fleuron de l'économie saoudienne a ainsi acquis une participation minoritaire à hauteur de 500 millions de dollars dans MidOcean Energy, gérée par la société d'investissement américaine EIG, avait indiqué la compagnie pétrolière dans un communiqué.

« Nous prévoyons une forte croissance de la demande de GNL à mesure que le monde poursuit sa transition énergétique, le gaz étant un combustible et une matière première essentiels dans diverses industries », avait alors déclaré le PDG d'Aramco, Amin Nasser, cité dans le communiqué.

« Le gaz jouera un rôle important pour répondre aux besoins croissants du monde en matière d'énergie sûre, accessible et plus durable », a-t-il estimé, se félicitant de ce « premier investissement international d'Aramco dans le GNL ».

(Avec agences)

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Commentaires 2
à écrit le 08/11/2023 à 9:09
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23% c'est énorme on comprend qu'ils aient mis la main sur le cours du brut les lobbys pétroliers. Depuis quand 74 ?

à écrit le 07/11/2023 à 13:48
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Donc l'AS devrait bientôt réduire son offre pour enfin faire remonter le prix du baril, ce serait une excellente nouvelle pour les détenteurs d'actions de compagnies pétrolières 🤞 Si la situation pouvait s'envenimer en Palestine ce serait top.

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