Théâtre : Fanny l'ardente dans « La Blessure et la Soif »

Fanny Ardant livre une interprétation splendide dans la pièce adaptée du roman éponyme de Laurence Plazenet.
Fanny Ardant
Fanny Ardant (Crédits : © LTD / Émilie Brouchon)

Elle est rare au théâtre. Pourtant c'est bien des planches qu'elle vient. Corneille, Montherlant, Claudel ou Obaldia, Duras, James, Didion. Mais aussi Marcel Mithois, seigneur de la comédie. Comme au cinéma, elle ne craint pas le rire, mais elle semble née pour la tragédie. Par sa stature, sa beauté, sa voix, sa sensibilité. On en prend la mesure ces jours-ci avec son interprétation de La Blessure et la Soif, roman de Laurence Plazenet. Une adaptation qui abandonne l'un des protagonistes et la Chine pour se concentrer sur la passion de Mme de Clermont pour M. de La Tour.

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La scène est à Paris, trente ans après leur rencontre. Dans la pénombre d'une pièce à haute fenêtre, une femme se livre. Elle se remémore. Elle se raconte. Elle passe du récit, de la narration directe, aux adresses. Elle parle à l'homme qu'elle a passionnément aimé, elle ouvre son cœur à Dieu. Les formes du récit s'enchaînent avec fluidité. Ce n'est pas un texte facile. Laurence Plazenet est une brillante universitaire, spécialiste de Blaise Pascal, de Port-Royal. La langue est très belle, l'histoire déchirante.

Tout est magnifié par le soin mis à représenter ce moment. Scénographie élégante de Jean Haas, lumières finement changeantes de César Godefroy, musique bien dosée d'Armand Amar. Et puis, éblouissante, une robe aux moirures bleu nuit signée Michel Dussarrat. Tout cela donne une puissance aristocratique bouleversante au monologue.

On pénètre jusqu'au plus intime

Ainsi splendidement entourée, Fanny Ardant suit avec rigueur les indications de la metteuse en scène, Catherine Schaub. Elle donne un mouvement naturel aux déplacements, aux gestes, aux postures de la narratrice. On adhère immédiatement. On est précipité dans cette histoire du Grand Siècle. On entend les éclats de la Fronde, on apprend que Louis XIV va assécher des marais, sur le site du relais de chasse de son père, pour édifier un château. On comprend la rigueur janséniste et la grandeur de Port-Royal. On croit saisir quelque chose de la vie de Rancé. On pénètre jusqu'au plus intime, jusqu'au plus sensuel, sans se sentir indiscret. C'est beau comme l'amour, le renoncement et la mort.

La Blessure et la Soif, au Studio Marigny, du mardi au samedi à 20 heures, le dimanche à 16 heures. Durée 1h25. Tél. : 01 86 47 72 77. Le texte a été publié chez Gallimard.

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