Émeutes : « Nous ne sommes plus en 2005 » (Dominique Restino, CCI Paris Île-de-France)

RENCONTRES ÉCONOMIQUES D'AIX-EN-PROVENCE. La Tribune reçoit en direct de son studio en plein air les décideurs économiques et politiques pendant les trois jours des Rencontres d'Aix, le Davos provençal. Ce dimanche, Dominique Restino, président de la CCI Paris Ile-de-France, est longuement revenu sur les commerçants et entreprises qui ont fait les frais des récentes violences urbaines.
Pauline Chateau
« Nous mettons à jour le guide permettant de réaliser les procédures, auprès des assureurs et de la préfecture de police, a détaillé Dominique Restino, président de la CCI Paris Ile-de-France »
« Nous mettons à jour le guide permettant de réaliser les procédures, auprès des assureurs et de la préfecture de police, a détaillé Dominique Restino, président de la CCI Paris Ile-de-France » (Crédits : DR)

Près de deux semaines après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine), l'heure est au bilan des violences urbaines. La région francilienne n'a pas été épargnée. « Cela a été un moment difficile pour les commerçants », a confessé Dominique Restino, président de la CCI Paris Île-de-France, au micro de La Tribune, à l'occasion des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence, ce dimanche.

« En Île-de-France, les remontées que nous avons eues de nos équipes sur le terrain (...), ce sont environ 700 commerçants qui ont été fortement ou très fortement impactés  et 17 centres commerciaux, a-t-il rapporté. (...) Nous ne sommes plus en 2005 : ce n'est plus le même sujet. En réalité, ç'a été du vandalisme et du pillage. Il y avait des cibles : les réseaux bars-tabac, l'horlogerie, la lunetterie, les vêtements (...). Et puis chose très étonnante, l'alimentaire où je crois que chacun est venu se servir. »

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« Un peu plus de 1.000 commerces ont été directement touchés par les émeutes » dans l'Hexagone, dont plus de 400 tabacs, 400 agences bancaires, 200 magasins alimentaires mais aussi des centaines de magasins de sport, d'opticiens, de pharmaciens, d'indépendants ». Un grand nombre a été pillé, « certains complètement détruits, d'autres juste la vitre, mais c'est un traumatisme », avait reconnu la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, sur France 2, le 5 juillet dernier.

Le projet de loi d'urgence présenté en Conseil des ministres

Dans ce contexte, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures de soutien. Les soldes ont été prolongés jusqu'au 1er août. Les émeutes « ont mis un coup d'arrêt brutal à l'activité des soldes » pour les grandes enseignes, passées de +8% de chiffre d'affaires mercredi dernier à +4,1% sur les cinq premiers jours par rapport à 2022, avait relevé l'Alliance du Commerce, le 4 juillet dernier. La région parisienne « enregistre les plus mauvais résultats », avec une baisse globale de -2% du chiffre d'affaires sur la première partie des soldes, selon la même source.

Olivia Grégoire avait également confirmé des mesures de soutien côté assurances. « J'ai demandé que le délai de déclaration, qui est de cinq jours normalement quand on a un sinistre, passe à trente jours. Je remercie les assureurs qui ont accepté », avait-elle souligné. En parallèle, il sera possible d'étaler la dette fiscale ou sociale et « dans les cas les plus sérieux de commerçants très touchés », des annulations de charges pourront être prévues, avait-elle assuré.

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Enfin, dans un entretien accordé au Parisien, dévoilé samedi 8 juillet, Elisabeth Borne a fait savoir que le projet de loi d'urgence pour aider à la reconstruction des bâtiments ou commerces détruits pendant les émeutes sera présenté « lors du prochain Conseil des ministres », afin de le faire voter avant la suspension des travaux de l'Assemblée et du Sénat cet été.

La formation, priorité à venir ?

Se présentant comme « le premier réseau d'accompagnement des entreprises, principalement des TPE et des commerçants », la CCI Paris Île-de-France, elle apporte un soutien aux commerçants victimes de dégradations et de pillages.

« Nous mettons à jour le guide permettant de réaliser les procédures, auprès des assureurs et de la préfecture de police, a détaillé Dominique Restino, président de la CCI Paris Ile-de-France. Ensuite, nous travaillons à faire remonter les informations et à mettre les entreprises en rapport avec les conseillers de sortie de crise des préfectures (...), pour les sujets d'Urssaf où il y aura des reports, voire des annulations de charges. »

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Au-delà des mesures d'urgence et de soutien apportées aux entreprises, Dominique Restino a insisté sur la nécessité de la formation, la CCI Paris Île-de-France formant 72.000 personnes chaque année. Signataire du manifeste publié par le Cercle des économistes, il assure que les chambres de commerce et d'industrie réalisent déjà des actions concrètes, afin de permettre l'accès des jeunes, issus des quartiers prioritaires de la ville, aux filières d'excellence.

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Pauline Chateau
Commentaires 2
à écrit le 09/07/2023 à 18:48
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Mais toute cette casse faite par les émeutiers des banlieues n'est-elle pas bonne pour la croissance, dès lors qu'il faut reconstruire. N'est-ce pas une aubaine pour les vendeurs de bagnoles, les entreprises du bâtiment, les travaux publics, les ven...

à écrit le 09/07/2023 à 12:12
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Et pourtant nous avions voté contre le traité constitutionnel européen passé en force par tous nos politiciens français sous la forme du traité de Lisbonne et sous vos applaudissements à tous ben voilà l'état de l'union et l'état de la France. Oui je...

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