
Présenté au printemps, le projet de loi industrie verte a été adopté en première lecture par le Sénat à majorité de droite le 22 juin dernier. Il doit être examiné dans l'hémicycle de l'Assemblée à compter du 12 juillet, en deuxième lecture. Pour rappel, il vise à amorcer la réindustrialisation de la France, tout en prenant en compte les défis de la transition écologique.
« Nous avons besoin de recréer ce tissu industriel que nous avons perdu », a souligné Gilles Bonnenfant, président d'Eurogroup Consulting, cabinet de conseil en stratégie, au micro de La Tribune ce dimanche, à l'occasion des Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.
Le foncier, problématique d'ampleur
S'il salue les efforts alloués, notamment via France 2030, il estime qu'il faut davantage « cibler et simplifier les procédures ». « La Cour des comptes a produit un rapport intéressant : en 2022, elle évoque 2.100 dispositifs d'aide, a-t-il rappelé. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a de l'argent, mais il faut simplifier. » Interrogé sur la stratégie de réindustrialisation désirée par le président de la République, Gilles Bonnenfant adresse une mise en garde.
« Je pense qu'il faut faire des choix : on ne pourra pas être sur toutes les thématiques industrielles, a-t-il asséné. Les crises que nous avons traversées ont démontré à quel point nous avons besoin, y compris pour retrouver de la souveraineté, d'une logique européenne et française ».
Outre des efforts de simplifications, le président d'Eurogroup Consulting a mis l'accent sur une problématique majeure : le foncier. En clair, où installer les futurs sites industriels ? « Je ne sais pas si le foncier manque : il y en a en France, a-t-il nuancé. (...) Le foncier, c'est l'attractivité du quotidien. Nous avons deux sujets sur le foncier : l'implantation de sites industriels et le logement de proximité. On voit bien que le logement est un vrai sujet de crise ».
Pour rappel, la loi industrie verte devrait permettre, selon les calculs de Bercy, de générer 23 milliards d'euros d'investissement et 40.000 emplois directs d'ici 2030. Dans l'étude d'impact, le gouvernement tablait sur la création de 1.500 à 3.000 emplois par grand projet industriel, comme les usines de batteries. Parmi les secteurs ciblés, l'industrie des pompes à chaleur pourrait embaucher à tour de bras (16.000 emplois directs) mais aussi les éoliennes (3.000 emplois directs). Encore faut-il pouvoir les loger.
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