
C'est une journée exceptionnelle pour les Britanniques. La dernière remonte au 2 juin 1953. Soixante-dix ans après sa mère, Elizabeth II, décédée le 8 septembre dernier, c'est au tour de Charles III d'accéder au trône. Ce samedi a lieu le couronnement du nouveau roi et de la reine Camilla, lors d'une cérémonie religieuse très solennelle à l'abbaye de Westminster.
Et malgré la pluie, la foule est nombreuse pour célébrer cet événement auquel participent 2.300 invités. Parmi eux, on retrouve une centaine de chefs d'Etat dont le chef de l'Etat français accompagné de son épouse ainsi que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, Charles Michel, des représentants de familles royales étrangères, du Commonwealth, mais aussi des membres méritants de la société civile.
Tous assisteront à la cérémonie religieuse anglicane, au rite millénaire, durant laquelle Charles III, 74 ans, est acclamé, prête serment sur la bible, reçoit l'onction et est couronné, vêtu de lourds manteaux ancestraux de soie et d'or. Camilla, 75 ans, sa deuxième épouse, est également bénie et couronnée. Le couple royal repart ensuite de l'abbaye dans une procession militaire spectaculaire, à bord du carrosse doré particulièrement inconfortable utilisé pour tous les couronnements depuis 1831. Enfin, des repas de voisinage et un concert à Windsor sont prévus dimanche et la journée de lundi est fériée.
Une inflation toujours supérieure à 10%
Un couronnement à plusieurs dizaines de millions d'euros, largement payés par le contribuable alors que l'inflation dépasse toujours les 10% au Royaume-Uni et a entraîné, depuis près d'un an, une cascade de mouvements sociaux pour demander des augmentations de salaires, aussi bien dans les services publics que dans le secteur privé. Le personnel hospitalier est particulièrement mobilisé, à commencer par les infirmières. Un mouvement de grève qui durerait jusqu'à Noël est, d'ailleurs, envisagé au sein de cette profession comme l'avait annoncé mi-avril la cheffe du principal syndicat. Engagées depuis décembre dans un mouvement de grève inédit depuis la création de leur syndicat, le Royal College of Nursing (RCN), il y a plus d'un siècle, les infirmières avaient rejeté peu avant la hausse de salaire proposée par le gouvernement : 5% d'augmentation et un versement unique exceptionnel d'au moins 1.250 livres, soit 1.425 euros.
Pour ne pas voir se retourner la colère sociale contre la famille royale, le palais a tenu à mettre en balance ces dépenses et « l'énorme coup de pouce » économique d'un événement historique générant « un énorme intérêt mondial ». Pour autant, il semble que la crise sociale que traverse le Royaume-Uni ternisse l'ambiance de fête. Selon un sondage YouGov, 72% des Britanniques ont, en effet, indiqué ne pas avoir l'intention de participer aux festivités de ce long week-end.
Le chômage de nouveau à la hausse
De son côté, le gouvernement britannique doit désormais également se préoccuper de l'emploi puisque pour la première fois depuis octobre dernier, le taux de chômage est reparti à la hausse. Sur les trois mois achevés en février, il grimpait à 3,8%, contre 3,7% sur la période précédente, selon l'Office national des statistiques (ONS).
Et si le pays est parvenu à éviter la récession en 2022 grâce à la progression au quatrième trimestre de 0,1% du PIB, l'économie britannique est toujours sous pression. En effet, alors qu'il avait progressé en janvier, son PIB a stagné en février dernier, contrairement à ce qu'attendaient les économistes. En cause, les nombreux mouvements de grève qui pèsent sur l'activité économique du pays.
(Avec AFP)
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