
Largement dominé par les entreprises françaises, le marché de la gestion de l'eau dans le monde est encore fragmenté. De fait, en 2019, les chiffres d'affaires des 14 principaux géants mondiaux ont représenté au total moins de 7% des parts d'un marché estimé à 600 milliards d'euros, selon les données compilées par La Tribune. Si la fusion des deux géants Veolia et Suez voit le jour, quel poids pèsera le "super champion" dans la gestion de l'eau dans le monde ? Une goutte d'eau dans un océan de clients potentiels : seulement 3% du marché, d'après les chiffres de Veolia. En se mariant avec Suez, le numéro un des services à l'environnement (eau, déchets, recyclage, énergie) générerait pourtant un chiffre d'affaires de plus de 40 milliards d'euros (selon les chiffres d'affaires cumulés en 2019), dont 18 milliards dédiés uniquement à la gestion de l'eau.
Le marché de l'eau estimé à 600 milliards d'euros
Or, l'enjeu de l'eau dans le monde est capital pour les acteurs des services à l'environnement. Le marché de la gestion de l'eau représente en effet à lui seul plus de 40% (600 milliards d'euros) parmi l'ensemble des services à l'environnement fournis par les poids lourds du secteur (tels Suez, Waste management, Veolia...). A titre de comparaison, la gestion des déchets pèse 400 milliards, les services à l'énergie comptent eux pour 400 milliards du marché global, d'après les informations publiées par Veolia.
C'est d'ailleurs par son positionnement très large sur la chaîne de valeur des métiers de l'eau (production et distribution d'eau, traitement des eaux usées...) que le groupe français dirigé aujourd'hui par Antoine Frérot cherche à se distinguer. Pour Veolia, il s'agit de capitaliser sur l'acquis. L'ancienne Compagnie Générale des Eaux (Veolia) a obtenu sa première concession de service public de distribution des eaux en 1853, à l'heure où le la gestion déléguée du service de l'eau n'existait pas dans d'autres pays. Depuis, le marché de la gestion de l'eau s'est privatisé dans l'Hexagone (malgré la présence de l'Etat dans l'actionnariat des géants français). La distribution de l'eau appartient en effet aux municipalités qui ont le choix de gérer elles-mêmes ce service ou bien de concéder l'exploitation à des sociétés privées. La France fait figure d'exception puisque, dans la plupart des pays, ce sont des régies municipales qui gèrent encore les services d'eau, de propreté ou d'énergie sur un périmètre géographique bien défini.
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"Il y a une concentration évidente sur le marché français. Si l'on compte en millions de personnes desservies en eau potable, Veolia et Suez desservent à eux deux la moitié des Français." observe Olivier Lemesle, directeur d'études au sein de l'institut Xerfi. "Dans de nombreux pays, les pouvoirs publics ont gardé la main mise sur la gestion de l'eau. La France quant à elle a fait le choix de privatiser ce secteur-là." ajoute-il.
L'ancienne Compagnie générale des eaux a commencé son expansion à partir des années 90. Depuis, son appétit s'est renforcé et les acteurs asiatiques comme Beijing Enterprise Water Group s'intègrent également progressivement sur le marché.
"Aujourd'hui, lorsque l'on regarde des acteurs comme Beijing Capital, une grande partie de leur activité s'effectue en Chine, ils sont encore très peu internationalisés. Il y a un potentiel risque d'internationalisation de leur activité." confirme le directeur d'études.
Veolia et Suez conservent cependant aujourd'hui une avance considérable puisqu'ils atteignent à eux deux presque la moitié du chiffre d'affaires (18 milliards d'euros) des 14 géants mondiaux de la gestion de l'eau (40 milliards d'euros), d'après les données compilées par La Tribune.
Un mariage impossible ?
Reste que pour créer un "super champion mondial" de l'environnement, Veolia devra surmonter de nombreux obstacles pour y arriver. Pour l'heure, le conseil d'administration de Suez a en effet rejeté le projet d'offre d'achat tandis qu'Engie souhaite que Veolia relève son prix et n'exclut pas d'examiner des propositions alternatives. Néanmoins, même si Suez et Veolia trouvent un accord, le futur grand leader devra garder un œil sur la progression des acteurs chinois du marché.
Les géants de l'eau dans le monde : des leaders sur un marché émietté
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