Accord post-Brexit : Berlin en appelle au "sens des réalités" de Londres

"Je suis déçu du fait que Londres s'éloigne toujours plus de la déclaration politique sur laquelle nous nous sommes mis d'accords comme une base des négociations, a déclaré l'Allemand Michael Roth, ministre adjoint chargé des Affaires européennes. Je souhaiterais de la part des responsables à Londres plus de sens des réalités et de pragmatisme".
Les pourparlers patinent face au refus actuel du gouvernement de Boris Johnson de s'engager sur les conditions d'une concurrence équitable et d'un accord équilibré sur la pêche. (En photo : Michael Roth, ministre adjoint allemand chargé des Affaires européennes)
Les pourparlers patinent face au refus actuel du gouvernement de Boris Johnson de s'engager sur les conditions d'une concurrence équitable et d'un accord équilibré sur la pêche. (En photo : Michael Roth, ministre adjoint allemand chargé des Affaires européennes) (Crédits : Reuters)

Un haut responsable de la diplomatie allemande a exhorté le Royaume-Uni à faire preuve de "plus de sens des réalités et de pragmatisme" dans les négociations actuellement en panne pour un accord post-Brexit, dans un entretien à l'AFP.

Dans cette interview réalisée mardi par vidéoconférence à Berlin, le ministre adjoint chargé des Affaires européennes, Michael Roth, déplore aussi que l'exécutif londonien "semble ne pas être intéressé de parler davantage de questions de sécurité et politique étrangère" avec l'UE, dont l'Allemagne a pris la présidence tournante le 1er juillet.

"Je suis déçu du fait que Londres s'éloigne toujours plus de la déclaration politique sur laquelle nous nous sommes mis d'accords comme une base des négociations", lance le social-démocrate en charge depuis 2013 des questions européennes au sein du ministère des Affaires étrangères. "Je souhaiterais de la part des responsables à Londres plus de sens des réalités et de pragmatisme", critique-t-il.

Depuis que le Royaume-Uni a quitté l'Union européenne le 31 janvier, les deux parties ont engagé d'intenses discussions pour définir le cadre de leur nouvelle relation et nouer un accord de libre-échange à l'issue de la période de transition, qui se termine le 31 décembre.

Mais les pourparlers patinent face au refus actuel du gouvernement de Boris Johnson de s'engager sur les conditions d'une concurrence équitable et d'un accord équilibré sur la pêche.

Lire aussi : Brexit : l'espoir d'un accord avec l'UE cet été s'éloigne encore

"Deux pour danser le tango"

Concernant la politique de sécurité, il estime que "dans le monde post-coronavirus, qui sera sans doute inconfortable au niveau géopolitique, il est d'autant plus important d'avoir des partenaires dignes de confiance".

"Mais il est vrai qu'il faut toujours être deux pour danser le tango. Actuellement, nous dansons tout au plus sur place", constate-t-il.

Boris Johnson avait déjà déçu ses partenaires européens en refusant, contrairement à l'engagement pris dans la déclaration politique scellant le divorce entre le Royaume-Uni et l'UE, "d'institutionnaliser" les futures relations en matière de sécurité avec l'UE.

Le Royaume-Uni, en pleine redéfinition de sa politique étrangère autour du concept cher aux "Brexiters" de "Global Britain" ("Grande-Bretagne mondiale"), a déjà fait valoir que - outre via son engagement dans l'OTAN -, le Royaume-Uni coopérait déjà étroitement avec l'UE, notamment en Iran ou Libye.

"Jeu d'équipe"

Les négociations post-Brexit sont l'un des gros dossiers auxquels l'Allemagne est confrontée à l'occasion de sa présidence, marquée du sceau de la crise économique sans précédent liée à la pandémie du Covid-19.

S'ajoutent le thème du lien entre l'octroi des financements européens et le respect des principes démocratiques, les négociations avec le Parlement européen pour l'adoption du budget pluriannuel de l'UE, le changement climatique ou encore une politique migratoire "solidaire et humanitaire", énumère Michael Roth.

Il dit compter plus que jamais sur le soutien de la France, alors que le moteur franco-allemand a été récemment réactivé avec l'initiative d'Emmanuel Macron et d'Angela Merkel pour un plan de relance de l'UE, qui a servi de base au paquet de 750 milliards d'euros approuvé fin juillet par les chefs d'États et de gouvernement des 27.

La chancelière avait pour la première fois accepté des dettes communes en Europe pour aider en particulier les pays les plus touchés par la crise comme l'Italie ou l'Espagne.

"Le moteur franco-allemand a toujours tourné, même s'il faut reconnaître qu'il a parfois toussoté", estime M. Roth. Il s'agit à présent d'accélérer la cadence, affirme-t-il, et "d'emmener avec nous les autres pays européens [...] car l'Europe est avant tout un jeu d'équipe".

À cet égard, il a salué la nomination d'un nouvel alter ego à Paris, Clément Beaune, ancien conseiller du chef de l'État français et désormais chargé des Affaires européennes.

"Nous sommes tous les deux tout feu tout flamme pour l'Europe, des hommes de convictions", assure-t-il, "cela crée des liens".

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Commentaires 19
à écrit le 07/08/2020 à 9:11
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"Rendez-vous, vous êtes cernés ! " : c'est le cri d'amour de l'Union Européenne au Royaume Uni pour qu'il réintègre le domicile conjugal. Très étonnant que cela ne fonctionne pas...

à écrit le 07/08/2020 à 5:58
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Boris a raison de rester intangible avec l'allemand qui joue solo depuis la creation de l'euro/mark. L'Allemagne a bcp plus a perdre que le RU. Qu'il reste ferme.

à écrit le 06/08/2020 à 20:53
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Et pendant que la France continue de se faire plumer par l' UE, l' ensemble des européistes défaits regarde passer les trains. Nous sommes le pigeon de l’UE, la France ne va recevoir que 39 milliards d’euros du plan de ..relance, ma...

à écrit le 06/08/2020 à 20:51
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Boris Johnson fanfaronnait déjà devant le covid avant qu'il ne l'attrape et qu'il ne soit hospitalisé me semble-t-il. Là c'est un peu pareil, 50 pourcent du commerce extérieur du Royaume-Uni se fait avec l'UE et il continue de fanfaronner, quelques t...

à écrit le 06/08/2020 à 19:55
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l'europe un jeu d'équipe?je crois réver. Les anglais sont souverains.Leur destin est entre leurs mains ,le notre est à bruxelles pour notre malheur

à écrit le 06/08/2020 à 19:15
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Les Brexiters promettaient l accord le plus simple à réaliser avec l UE. Puis le global Britain avec un accord ambitieux avec leur ami Trump : au point mort si ce n’est mort car les britanniques ne veulent pas du poulet chloré. Ces mêmes britanniques...

le 06/08/2020 à 21:47
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Chute de la livre et pays divisé, entièrement d'accord avec vous, mais au moins l'UK est souveraine sur sa monnaie et donc maîtresse de son destin et la City reste la place forte financière du continent, hors paradis fiscaux, avec Paris loin derriè...

le 07/08/2020 à 6:11
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@ Noemie. Faites des affaires avec des Brits et vous comprendrez pourquoi ce pays a tjrs tire son epingle du jeu. En nego, c'est chacun pour soit. Quant a la chute de la sterling, c'est un ajustement rien de plus, la monnaie anglaise etait sureval...

à écrit le 06/08/2020 à 18:53
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Chacun a sa réalité et si ce monsieur fait allusion a l'accord avec Theresa May, il devrait savoir que la réalité a changé. N'importe quel lapin est capable de le concevoir...

le 06/08/2020 à 20:59
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Chacun sa réalité mais virtuelle alors ? Habituellement, le pouvoir jacobin décide au sommet et impose l’obéissance à la base. Les élections sont faussées par la propagande d’État et par les médias d’État qui appartiennent à des milliardaires ma...

à écrit le 06/08/2020 à 16:18
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Le sens des réalités..., il semble que nous l'ayons perdu depuis bien longtemps, maintenant nous ne proposons que des réformes et non des adaptations!

à écrit le 06/08/2020 à 14:47
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Si les anglais devaient à nouveau voter, le brexit serait annulé. Rien de ce qui ne leur a été promis n'a été tenu , et les soi disant accords commerciaux avec les US, l'Asie, etc: sont tous au point mort. Ce brexit se fait sur des mensonges et le...

le 06/08/2020 à 18:23
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L'économie entière vie sur des mensonges. Les plus évident sont la libre concurrence et la croissance infinie.

le 07/08/2020 à 9:13
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@Mougeon : vous savez que les Britanniques ont déjà revoté et confirmé leur volonté de sortir de l'Union Européenne ? Qui ment ?

à écrit le 06/08/2020 à 14:11
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Bojo devrait rendre compte à ses concitoyens de toute mesure, il a ses positions et campe dessus, Bojo fixe, UE venez à moi, cédez du terrain. Il a donc demandé de prévoir des stocks de médicaments (chinois ?) en vue du hard Brexit à venir (pragmatiq...

à écrit le 06/08/2020 à 14:06
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L'UE a tout fait pour "pourrir" la sortie démocratique des anglais du bazar européen.. Il ne faut pas se plaindre aujourd'hui des complications liées à ce départ.Le chantage permanent entre les membres restants lors du dernier sommet montre les limit...

à écrit le 06/08/2020 à 13:09
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Sauf que le Royaume Uni est devenu une nation souveraine et indépendante tandis que l'UE reste un consortium financier aux contours flous et aux dirigeants non élus démocratiquement faisant que de ce fait vous pouvez passer votre temps comme vous le ...

le 07/08/2020 à 6:19
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@ john d'eau. Les elections europeennes democratiques ? Ah. bon, vous avez pu vote pour les gens de Bruxelles , derniere nouvelle. TOUT, vous est desormais impose, vous ne pouvez plus decider de rien.

le 07/08/2020 à 10:15
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"Les élections européennes sont jusqu'à preuve du contraire démocratique. " Oh tu es si faible, quel triste spectacle tu nous infliges là... La commission européenne qui dirge l'UE est dirigée par qui stp ? Quel est le pouvoir de l'assemb...

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