Les banques ne signent pas pour une nouvelle modération des tarifs en 2024

Le contrat a été rempli en 2023 : les tarifs bancaires n’ont guère progressé cette année sur les principaux services et la profession a respecté son engagement de modération, constate l’Observatoire des tarifs bancaires (OTB). Plusieurs signaux indiquent toutefois déjà que les tarifs devraient connaître des hausses plus significatives l’an prochain.
Les frais de tenue de compte ont légèrement baissé en moyenne en 2023, mais ils ont augmenté de 180% depuis 2012.
Les frais de tenue de compte ont légèrement baissé en moyenne en 2023, mais ils ont augmenté de 180% depuis 2012. (Crédits : © Jean-Paul Pelissier / Reuters)

Les banques ont joué le jeu. En septembre 2022, elles s'étaient engagé, à la demande du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, à modérer la hausse de leurs tarifs en 2023 à 2%. Le contrat a été rempli, selon les chiffres de l'Observatoire des tarifs bancaires (OTB), du moins sur la base des tarifs observés au 5 janvier 2023. « Malgré une remontée de l'inflation, les tarifs bancaires ont été largement contenus », résume, dans un communiqué le Comité consultatif du secteur financier (CCSF), une instance de concertation entre banquiers, assureurs, courtiers et associations de consommateurs, dont dépend l'OTB.

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Sur les 14 principaux services bancaires d'un panel de 100 établissements de crédit, 7 tarifs sont stables et 7 sont en baisse, comme les frais de tenue de compte dont le coût moyen pondéré s'établit à 20,23 euros par an.

La fusion des réseaux Société Générale et Crédit du Nord a également poussé la moyenne à la baisse, les tarifs Crédit du Nord étant généralement plus élevés que ceux pratiqués par Société Générale. L'autre évolution marquante, dont se félicite d'ailleurs, le CCSF, est le recul très significatif des tarifs des offres de services bancaires de base à destination des « clientèles fragiles », dont la définition peut d'ailleurs varier d'un réseau bancaire à l'autre.

Amortisseur social

La baisse s'inscrit ainsi à 10% au 5 janvier 2023 et à près de 25% en 2022. Là aussi, elle résulte d'une demande de Bercy, dont l'objectif était que cette offre de base passe de 3 euros mensuels à un euro par mois. A noter également, la réduction sensible des frais d'incidents (de paiement), autre cheval de bataille du CCSF, dans plus de 50 établissements pour les clients « fragiles », de l'ordre de 40% depuis 2021.

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Sur l'échantillon, qui représente 98,8% du marché, 30 établissements ont gelé leurs tarifs au 5 janvier 2023. En outre, 47 autres ont effectué des hausses limitées, en moyenne de 2%. En revanche, 23 établissements n'avaient pas publié de nouvelles plaquettes début janvier. A l'image des établissements de Crédit Mutuel Alliance. Ils ont en effet dévoilé leurs nouvelles plaquettes en février 2023, tout en respectant cependant la modération tarifaire. Certains établissements décalent de plus en plus la publication de leurs nouveaux tarifs bancaires. Résultat, ils ne figurent pas dans le rapport de l'OTB de l'année en cours, ou ils y apparaissent avec les anciens tarifs.

« Les banques françaises ont pleinement joué un rôle d'amortisseur auprès de l'ensemble de leurs clients, avec un soin tout particulier pour ceux rencontrant des difficultés », a réagi la Fédération bancaire française (FBF).

Pas de modération en 2024

Pour autant, les banques ne cachent pas leur lassitude de devoir freiner leurs prix, alors que l'inflation persiste et que les grands prestataires de services ne se gênent pas, eux, pour augmenter leurs tarifs. Dans un entretien accordé au quotidien Les Echos fin septembre, le président de la Fédération bancaire française (FBF), Nicolas Namias, également président du directoire de BPCE, indiquait qu'un nouvel engagement de la profession sur les tarifs en 2024 « n'était pas à l'ordre du jour ».

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Les banques françaises ne manquent pas d'arguments. Elles ont déjà accordé en 2019 un gel des tarifs en plein mouvement des « gilets jaunes », avant d'accepter deux ans plus tard un bouclier tarifaire pour 2023. Mais surtout, elles profitent bien moins que leurs concurrentes européennes de la hausse des taux, compte tenu de la structure spécifique de leur bilan, lesté à la fois à l'actif par des encours de crédits immobiliers à taux fixe, et au passif, par le poids de l'épargne réglementée.

Résultat, les banques françaises apparaissent comme de mauvaises élèves de l'Europe, en terme de redressement de leur marge d'intérêt. Ainsi, sans exception, les établissements tricolores ont affiché une baisse de leur produit net bancaire au second trimestre sur le périmètre de la banque de détail en France, de l'ordre de 10% en moyenne. Seule consolation pour le secteur : la France échappe (pour le moment) au débat sur une taxe exceptionnelle, déjà appliquée par de nombreux pays européens pour compenser l'explosion de la marge des autres banques grâce aux taux).

En revanche, les banques doivent redresser la rentabilité de leurs activités domestiques. Cela passe par le redressement de la marge qui prendre son plein effet à partir de 2024, mais aussi par les commissions de services.

« Nous observons dans certaines plaquettes tarifaires devant entrer en vigueur en janvier prochain des augmentations tarifaires plus conséquentes, suite à deux périodes de gel ou d'appel à la modération tarifaire imposées aux banques au cours des années passées », indique Laurent Trichet, PDG de Sémaphore Conseil, partenaire du CCSF dans l'élaboration de l'OTB. Reste que le marché bancaire est ultra concurrentiel en France, compte tenu du poids élevé du secteur mutualiste et de l'essor des banques en ligne.

Manque de transparence sur le découvert

Alors qu'un Français sur deux est régulièrement à découvert, la tarification de ce service, lorsque le découvert est autorisé, demeure obscure. Ainsi, 72 établissements n'affichent pas clairement le taux d'intérêt pratiqué, relève le rapport OTB. Pour ceux qui affichent ce taux, qui s'exprime en TAEG (taux annuel effectif global), les tarifs oscillent entre 7% pour la banque en ligne BforBank à 16,5% pour Banque Populaire Rives de Paris. Il y a surtout, souligne le rapport, une banalisation des pratiques visant à mettre un minimum forfaitaire sur les agios. Or, ces miniums ne sont pas comptés dans le calcul du TAEG. Et sur des petits montants, un minimum de 2 ou 4 euros peut faire grimper le TAEG. La pratique est encore minoritaire mais elle se diffuse aussi lentement que sûrement.

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Commentaires 5
à écrit le 14/10/2023 à 7:04
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des tarifs bancaires ukrainiens pour sauver la planete du changement climatique du covid! tout le monde comprend bien que vu la penurie de processeurs lies a la fin des exportations de cereales et vu les complications du climat en ukraine, le prix de...

à écrit le 13/10/2023 à 5:16
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Je me souviens du temps ou deposer du cash sur son compte bancaire rapportait des interets. Ces banques francaises c'est vraiment des escrocs.

à écrit le 13/10/2023 à 3:07
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A quand l'interdiction des frais de tenue de compte injustifiés au regard des taux directeurs de la BCE désormais largement positifs? Pour rappel, les banques réalisent des prêts quotidiens en profitant des dépôts de leurs clients.

à écrit le 13/10/2023 à 0:04
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A quoi sert ce machin? L'OTB? Un organisme d'Etat pour vanter les efforts du moulin à vent Le Maire?

à écrit le 12/10/2023 à 22:13
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Payer pour avoir accès à son argent ça dérange personne ? On est des clients captifs puisqu on a pas le choix de 0 service bancaire .. si on en veut pas ou notre liberté ?

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