Opération d'ampleur dans les paiements, Capital One lance une méga-fusion avec Discover

Capital One a fait une offre publique d’échange de 35 milliards de dollars pour acquérir Discover Financial Services à l’heure du grand retour de la carte de crédit aux Etats-Unis. Cette fusion est de nature à rebattre les cartes dans le secteur des paiements et rivaliser avec les géants Visa et Mastercard.
La fusion de Capital One et de Discover va donner naissance à un nouveau géant des paiements d'ici 2026.
La fusion de Capital One et de Discover va donner naissance à un nouveau géant des paiements d'ici 2026. (Crédits : Reuters)

C'est l'une des plus grosses opérations dans le monde de la finance depuis la crise financière. Capital One, neuvième banque américaine - mais surtout principal émetteur de cartes de crédit aux Etats-Unis -, vient de faire une offre sur Discover Financial Services, un des concurrents de Visa et de Mastercard, pour un montant de 35,3 milliards des dollars. L'offre publique d'échange (OPE) valorise l'action Discover Financial Services à 140 dollars l'action, soit une prime de 27% par rapport au dernier cours de clôture vendredi.

A l'issue de l'opération, les actionnaires de Capital One détiendront environ 60% du capital du nouvel ensemble. Selon Capital One, qui compte l'investisseur Warren Buffet et sa société Berkshire Hathaway parmi ses actionnaires, la fusion devrait être approuvée par les régulateurs fin 2024 ou début 2025, et ce, malgré un décret de l'administration Biden visant à freiner la concentration dans le secteur bancaire.

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Cette opération de concentration dans les paiements est susceptible de venir concurrencer le duopole Visa/Mastercard dans le monde. En pro forma, cette nouvelle franchise, dont la valeur de marché est estimée autour de 52 milliards de dollars, devrait rassembler 70 millions de points d'acceptation auprès des commerçants dans 200 pays et quelque 100 millions de porteurs de cartes. C'est un poids considérable sur le marché.

D'autant que la fusion concerne également toutes les infrastructures de paiements de Discover, ce qui en ferait un scheme de paiement de premier plan face à la domination actuelle de Visa ou de Mastercard. Les réseaux de cartes permettent aux commerçants d'effectuer la transaction de paiement et fixent la commission payée par le commerçant.

Nouveau géant des paiements

« C'est une occasion unique de réunir deux entreprises prospères aux capacités et franchises complémentaires, et de construire un réseau de paiement capable de rivaliser avec les plus grands réseaux et entreprise de paiement », indique, dans un communiqué, Richard Fairbank, fondateur et PDG de Capital One.

Cette fusion, pourrait générer, selon le communiqué, quelque 1,5 milliard de dollars d'économies de dépenses en 2027 (soit un quart de la base de coût de Discover), ainsi que des synergies de réseau de 1,2 milliard de dollars en 2027, grâce à l'apport du volume d'achats de Capital One au réseau Discover.

Capital One envisage en effet de transférer au moins une partie de ses cartes de crédit Visa et Mastercard vers le réseau Discover. Du moins pour les cartes domestiques. Et pour cause, à l'étranger, Visa et Mastercard restent bien mieux implantés que le challenger Discover. La société de paiement a été souvent approchée par des banques dans le passé. A chaque fois en vain. Cette fois-ci, Capital One semble avoir convaincu sa cible, d'autant qu'elle sort d'une année difficile, avec de nombreux problèmes comptables et de conformité.

Un timing risqué

Cette opération témoigne de la grande confiance des opérateurs, mais aussi du marché, quant à la solidité de l'économie américaine et surtout de la consommation. Elle intervient en plein renouveau de la carte de crédit, alors que les ménages américains ont quasiment épuisé leur bas de laine accumulé pendant la crise sanitaire.

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Et pour accompagner ce mouvement de bascule de l'épargne vers le crédit à la consommation, les émetteurs de cartes ont multiplié les programmes de fidélité et/ou de cash-back pour inciter à consommer toujours plus. Revers de médaille, chacun s'attend à une explosion du coût du risque, alors que les taux pratiqués sur les cartes de crédit dépassent bien souvent les 20%.

Selon le Wall Street Journal, les quatre plus grandes banques américaines ont affiché une hausse des dépenses par cartes de crédit en 2023 (+40% depuis 2020 à 2.250 milliards de dollars). Et parallèlement, les impayés ne cessent de grimper, plus rapidement que les achats à crédit, pour dépasser leurs niveaux de 2019 avant la crise sanitaire. Reste que le marché du travail aux Etats-Unis reste toujours aussi solide et que la confiance des consommateurs est au beau fixe.

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