Le consommateur américain offre aux grandes banques américaines des résultats record

Les quatre principales banques américaines ont déjoué, à l’exception de Citigroup, les scénarios pessimistes sur leurs résultats du quatrième trimestre, malgré des charges exceptionnelles, notamment une contribution de 9 milliards au fonds fédéral de garantie des dépôts (FDIC). Citigroup, en revanche, affiche une perte et annonce un plan de 20.000 suppressions d’emplois.
Avec 50 milliards de dollars de profit, JPMorgan Chase creuse l'écart avec ses principaux concurrents.
Avec 50 milliards de dollars de profit, JPMorgan Chase creuse l'écart avec ses principaux concurrents. (Crédits : Reuters)

Ce sont les quatre plus grandes banques américaines, JP Morgan, Citigroup, Wells Fargo et Bank of America, qui ont ouvert le bal vendredi de la saison des résultats du quatrième trimestre aux Etats-Unis. Des résultats bancaires qui seront particulièrement scrutés, notamment sur l'évolution des créances douteuses, au terme d'une année 2023 mouvementée, qui débuta sur la crise des banques régionales américaines pour finir sur des profits exceptionnels, tirés par la hausse des taux et la consommation des ménages.

En revanche, le coût du risque a quasiment doublé au quatrième trimestre par rapport au quatrième trimestre 2022, un niveau alors très faible en sortie de pandémie. Les dirigeants des banques ont tous prévenu d'une hausse attendue des provisions en 2024, tant sur le consommateur que sur l'immobilier commercial, même si leurs montants ne devraient pas atteindre des niveaux alarmants.

Comme le résume Jamie Dimon, directeur général de JPMorgan Chase, « l'économie américaine continue d'être résiliente, les consommateurs continuent de dépenser et les marchés s'attendent à un atterrissage en douceur », en rappelant néanmoins que « l'économie est alimentée par d'importants déficits publics et par les mesures de relance ».

En clair, c'est bien le consommateur américain qui a une nouvelle fois sauvé les résultats des banques.

JP Morgan creuse l'écart

Ainsi, JPMorgan Chase clôture l'exercice sur le plus grand profit net de son histoire, qui frôle les 50 milliards de dollars (+31%) pour 162 milliards de dollars de chiffre d'affaires (+22%). Soit une marge nette de 30 % et une rentabilité sur fonds propres de 17 % ! Ce record de profitabilité est atteint malgré une hausse du coût du risque (+45 % sur l'année à 9 milliards de dollars) une charge exceptionnelle de 2,9 milliards de dollars au quatrième trimestre en raison d'une contribution de la banque au renflouement du fonds fédéral de garantie des dépôts (FDIC). Ce fonds avait été mis à contribution au printemps dernier lors de la faillite de plusieurs banques régionales suite au premier bank run (fuite des dépôts) de l'ère numérique.

La banque a largement profité de la hausse des taux d'intérêt pour augmenter ses revenus liés à la marge d'intérêt (crédits), revenus qui s'élèvent à 24 milliards de dollars sur le seul quatrième trimestre, un chiffre record (63% du chiffre d'affaires total), et à 90 milliards de dollars pour l'ensemble de l'année, un chiffre supérieur au consensus. La banque table sur un revenu d'intérêt équivalent en 2024, avec un coût du risque sur les cartes de crédit inférieur à 3,5%.

Ces chiffres 2023 ont été dopés par l'acquisition de First Republic Bank en mai dernier, une banque régionale florissante mais qui n'a pas résisté au bank run du printemps, et a permis à JPMorgan Chase de creuser encore plus l'écart avec ses principaux concurrents.

Premiers craquements

Dans le registre des banques ultra rentables, Well Fargo figure cependant en bonne place avec des nouveaux résultats canons. La banque affiche 19 milliards de dollars de résultat net (+40%) pour un chiffre d'affaires de 82 milliards de dollars. Et ce malgré sa contribution de 1,9 milliard de dollars au FDIC. « Notre performance commerciale reste sensible aux taux d'intérêt et à la santé de l'économie américaine », a déclaré, prudent, Charlie Scharf, directeur général de la banque. Ce qui n'empêche pas la banque de constituer une provision d'un milliard de dollars pour couvrir les licenciements à venir... La banque commence également à constituer des provisions sur l'immobilier de bureau.

Bank of America, de son côté, n'arrive pas cependant à égaler son profit record de 2022, après sa contribution de 2,1 milliards de dollars au FDIC, mais affiche quand même 26,5 milliards de dollars de profits en 2023 pour un chiffre d'affaires de 98,6 milliards de dollars, qui progresse peu. Les provisions pour créances douteuses ont doublé d'une année sur l'autre, à 4,4 milliards de dollars. La banque a annulé par exemple un prêt de 100 millions de dollars sur des immeubles de bureaux.

Citigroup lance son plus grand chantier de restructuration

Seul point noir dans ce festival de résultats, Citigroup qui annonce une perte trimestrielle de 1,8 milliard de dollars après avoir passé de lourdes provisions sur des risques à l'étranger (Argentine, Russie), sur sa contribution au FDIC (1,7 milliard) et surtout sur une vaste restructuration du groupe qui doit se solder par la suppression de 20.000 postes dans le monde (sur 240.000 salariés). De fait, le groupe s'est lancé dans un immense chantier de réorganisation Au final, le résultat net annuel est de 9,2 milliards, en recul de près de 40%, pour un chiffre d'affaires de 78,5 milliards.

L'année 2024 s'annonce cependant moins florissante et c'est la raison pour laquelle le cours des banques a reculé vendredi à l'annonce de ces résultats. C'est aussi une occasion de prise de profit alors que les valeurs bancaires ont grimpé de 20 % aux Etats-Unis depuis octobre, lors du rallye de fin d'année.

Mais les banques commerciales restent très dépendantes des taux d'intérêt et la marge a sans doute atteint un pic en 2023 alors que les provisions pour créances douteuses devraient logiquement augmenter. « C'est un long film. Nous avons dépassé le générique de début mais nous ne sommes qu'au début du film », a prévenu le directeur financier de Wells Fargo, lors de la présentation des résultats, cité par le Wall Street Journal.

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