
Les fortes turbulences du secteur bancaire de ces dernières semaines - faillites des banques américaines Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank puis rachat en urgence de Credit Suisse - ont fait craindre une crise plus large. Il n'en est rien selon le patron de la fédération allemande des banques. « Le danger d'une crise systémique similaire à celle de 2008 est extrêmement faible », a déclaré Christian Sewing - par ailleurs PDG de la première banque allemande Deutsche Bank - lors d'une conférence de presse ce lundi 17 avril.
« Les banques en Allemagne et dans l'Union Européenne sont toujours extrêmement robustes », et « très bien équipées en fonds propres et en liquidités », a-t-il justifié.
La régulation « exigeante » mise en avant
Les établissements financiers européens, particulièrement la Deutsche Bank, ont néanmoins été malmenés en Bourse dans le sillage de ces évènements, les investisseurs craignant une contagion. Pourtant, avec le recul, la crise « n'a eu aucune conséquence sur la situation des banques en Europe », a même assuré Christian Sewing.
Cela s'explique par le fait que « les régulateurs ont réalisé du bon travail pour améliorer considérablement les fonds propres des banques depuis la crise de 2008 ». D'autant plus en Europe, où « la régulation est nettement plus exigeante qu'aux États-Unis », a-t-il affirmé.
Les contraintes réglementaires pesant sur les banques ont été abaissées pendant la présidence Trump aux États-Unis, notamment pour les banques régionales - telles que SVB - fragilisant ces établissements. « Cette faiblesse n'existait pas en Europe », a affirmé Christian Sewing.
Des risques sur les crédits
Après plusieurs semaines d'inquiétude, les observateurs et les marchés ont regagné une certaine confiance dans le secteur. JP Morgan Chase, Citi et Wells Fargo ont ouvert vendredi dernier la saison des résultats trimestriels sur des profits en net progrès, tirés par la hausse des taux. Même les banques régionales ont publié des résultats rassurants. Le secteur semble avoir été à peine touché par les remous de mars.
Par contre, cette récente crise pourrait amener les banques américaines à être plus prudentes, et accorder moins facilement des prêts aux ménages et entreprises, selon la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen. Cela pourrait conduire à un resserrement des conditions de crédit qui, en parallèle de la hausse des taux, pourrait peser sur l'activité économique, mais aussi contribuer à faire ralentir l'inflation.
La semaine dernière, le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, a alerté à ce sujet pointant le fait que, selon certains analystes, un resserrement des conditions de crédit lié aux turbulences du secteur bancaire « pourrait correspondre à une hausse du taux d'environ 25 à 75 points de base ».
En zone euro, la présidente de la BCE Christine Lagarde, lancée dans une lutte contre l'inflation via d'importantes hausses de taux, a assuré dimanche que la situation ne justifiait pour le moment pas un ralentissement de cette politique.
(Avec AFP)
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