BNP Paribas résiste et se prépare au casse-tête de la baisse des taux

La première banque de la zone euro en termes d'actifs a réalisé des résultats meilleurs que prévu au deuxième trimestre. Mais la diminution annoncée des taux d'intérêt aux Etats-Unis et en Europe va peser sur ses revenus dans les trimestres à venir.
Delphine Cuny
Jean-Laurent Bonnafé, directeur général du groupe BNP Paribas.
Jean-Laurent Bonnafé, directeur général du groupe BNP Paribas. (Crédits : Reuters)

[Article mis à jour à 18h]

Après une année 2018 difficile, qui l'avait contraint à abaisser ses objectifs financiers pour 2020 en février dernier, BNP Paribas a retrouvé des couleurs. Les résultats du deuxième trimestre publiés ce mercredi 31 juillet sont supérieurs aux attentes des analystes, avec un bénéfice net part du groupe de 2,46 milliards d'euros, en hausse de 3,1% (de seulement 1,3% hors éléments exceptionnels). L'action BNP Paribas a progressé de plus de 3,5% en matinée, clôturant sur un gain de 1,6%, signant la troisième plus forte hausse du CAC 40 de la séance. Pourtant, l'environnement reste compliqué.

« Nous avons enregistré une croissance de l'activité de nos pôles opérationnels, dans un contexte pas forcément favorable à l'industrie bancaire avec les taux bas » a souligné Jean-Laurent Bonnafé, le directeur général, en présentant les résultats lors d'une conférence de presse ce mercredi.

L'ensemble du produit net bancaire (PNB) est quasi stable à 11,22 milliards d'euros (+0,2%), celui des pôles opérationnels a augmenté de 2,5%.

Très affectées en fin d'année 2018, les activités de banque de financement et d'investissement (CIB), notamment les marchés, se sont redressées (+4%), celles des services financiers à l'international continuent de bien performer (+3,4%), tandis que l'activité sur les marchés domestiques (France, Belgique, Italie), essentiellement la banque de détail, accuse un repli de 0,3%, reflétant la « baisse des revenus des réseaux du fait des taux bas ».

Du côté de la rentabilité, si la branche de CIB affiche une hausse de 6,2%, le résultat avant impôts des services financiers recule de 1,1% à cause de BancWest aux Etats-Unis et de la partie banque privée/immobilier, celui de la banque de détail en France baisse de 5,7%. Là aussi, l'effet de la baisse des taux (et la diminution des commissions sur les publics fragiles imposée par le gouvernement).

En attendant la Fed et la BCE

Or cet environnement ne va pas s'améliorer : la Fed américaine devrait annoncer une baisse des taux ce mercredi, pour la première fois en onze ans, et la Banque centrale européenne (BCE) a prévenu la semaine dernière qu'elle pourrait le faire sous peu (probablement dès septembre). D'ailleurs, BNP Paribas a décidé de procéder à la « dépréciation partielle du goodwill [écart d'acquisition dans les comptes, ndlr] de BancWest », sa filiale de détail américaine, pour 500 millions d'euros.

« Les perspectives de taux d'intérêt se sont radicalement inversées : nous étions sur des hypothèses de montée des taux américains, au contraire, ils vont baisser. Cela signifie un changement complet de paysage pour Bank of The West qui est très dépendante des taux d'intérêt, c'est l'essentiel de son PNB » a expliqué Philippe Bordenave, le directeur général délégué de BNP Paribas.

« Nous avons réévalué ses perspectives de résultats futurs en étant conservateurs. Il nous a paru prudent de dévaloriser partiellement le goodwill, sans peser sur les résultats puisque nous avions la plus-value sur SBI Life », l'assureur vie indien.

Déjà, au deuxième trimestre, le PNB de la californienne Bank of the West a reculé de 2,9% du fait de la baisse de la marge d'intérêt seulement partiellement compensée par la hausse des commissions.

En Europe, la future probable baisse des taux va également compliquer la tâche des réseaux.

« La "guidance" [prévision] sur 2019 ne change pas, et sur 2020, bien sûr, les taux vont avoir un impact sur les revenus. Pourra-ton tout compenser ? Sûrement pas » a reconnu Thierry Laborde, le directeur des marchés domestiques. « Nous avons pris de nouvelles initiatives sur les coûts et nous avons l'activité d'assurance et des relais [de croissance] pour générer des revenus. Ceci dit, cet environnement est aussi une bonne nouvelle pour le coût du risque » a-t-il relevé.

Ainsi, les résultats de ce pôle devraient tout de même croître en 2019 et 2020. Parmi les mesures de réduction de coûts en cours, la diminution des réseaux (229 fermetures d'agences BNP Fortis en Belgique d'ici 2021) et des effectifs en Italie (1.500 équivalents temps plein chez BNL d'ici 2021 avec la loi Quota 100 sur les départs en retraite anticipés).

Le directeur général de la première banque de la zone euro en termes d'actifs a livré son analyse.

« Les taux sont une vraie difficulté, ils privent les banques européennes de revenus importants et leur coûtent plusieurs points de retour sur fonds propres, de l'ordre de 2% ou 3% après impôt, c'est très significatif même pour un groupe comme BNP Paribas avec une rentabilité des fonds propres de 9,6% » a fait valoir Jean-Laurent Bonnafé.

Pour résister à cet environnement plus compliqué, il a mis en avant les vertus de la diversification.

« Il faut développer le service, augmenter l'offre, par exemple avec le paiement instantané, la signature électronique. Avec une banque plus accueillante et plus efficace, on génère des revenus, indépendamment des taux. Le modèle diversifié, par les métiers, les géographies, les risques, n'immunise pas mais atténue l'impact des taux. »

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 31/07/2019 à 19:34
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Les banques françaises Vont s’en sortir parce qu’elles sont bien gérées mais d’autres en Europe vont y passer.

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