Malgré la perte de deux milliards de dollars, le patron de JP Morgan reste tout puissant

Quelques jours après la révélation d'une perte de deux milliards de dollars, l'assemblée générale de JP Morgan se tenait ce mardi en Floride. La séparation attendue des fonctions de président et de directeur général qu'occupe actuellement Jamie Dimon n'a finalement pas été votée par les actionnaires. Sous le feu des critiques, le patron de la banque a néanmoins reçu dans la journée le soutien de l'équipe de campagne du candidat républicain Mitt Romney.
Le président et directeur général de JP Morgan, Jamie Dimon - Copyright AFP

Le putsch des actionnaires de JP Morgan Chase n'a pas eu lieu. Réunis en assemblée générale, ils n'ont finalement pas voté la motion visant à séparer les fonctions de président et de directeur général qu'occupe actuellement Jamie Dimon, pourtant vivement décrié depuis la révélation d'une perte d'au moins deux milliards de dollars dans des opérations de couverture. Le plus important fonds de pension des Etats Unis, Calpers -détenteur d'environ 56 millions de dollars d'actions JP Morgan- s'était par exemple prononcé en faveur de cette séparation des pouvoirs. Mais la proposition n'a reçu que 40% des suffrages. Patron le mieux payé de Wall Street en 2011, Jamie Dimon, 55 ans, a aussi vu sa rémunération totale de 23 millions de dollars approuvée à 91%.

Un séisme pour la banque

Néanmoins, cette fronde avortée prouve que, pour certains actionnaires, le célèbre patron est en partie responsable de ce qui restera un séisme pour la banque, qui se targuait encore à la fin de l'année dernière d'avoir bien mieux résisté à la crise que ses rivales. Un choc cependant davantage psychologique que financier, les pertes mêmes portées à 4 milliards de dollars ne représenteraient "que" 20% du bénéfice réalisé l'année dernière. Lors du troisième trimestre de 2011, JP Morgan était ainsi devenu le premier établissement du pays en termes d'actifs, symbole de la réussite du "modèle Dimon". Aux commandes depuis 2007, l'ancien protégé de Sandy Weill avec qui il a participé au développement de Citigroup jusqu'en 1998, pouvait alors partir en croisade contre tout excès de régulation, interpellant le président de la Fed Ben Bernanke à ce sujet en juin dernier.

"Nous ne sommes pas anti-réglementation"

Mais, sentant le vent tourner, Jamie Dimon a considérablement mis un bémol à ses considérations libérales. "Premièrement, nous ne sommes pas anti-réglementation", a-t-il affirmé ce mardi, ajoutant que son établissement avait "soutenu la loi Dodd-Franck (réforme financière votée en 2010) et d'autres réglementations, y compris des ratios de capitaux plus élevés". "Deuxièmement, nous sommes d'accord avec l'esprit de la Règle Volcker", la mesure phare de la loi Dodd-Frank, si "elle ne nuit pas aux clients des institutions financières", a t-il insisté. Cette règle vise à interdire le courtage en propre pour les banques et à restreindre drastiquement leurs activités de dérivés en raison de l'opacité de ce marché de gré à gré. C'est précisément dans l'unité de courtage en propre de JPMorgan Chase et sur des ventes de dérivés de crédit que la banque a essuyé son énorme perte, la plus grosse enregistrée par une banque aux Etats-Unis depuis la crise.

D'autres sanctions disciplinaires à venir

Lundi, la banque avait confirmé le départ de sa directrice des investissements, Ina Drew, après 30 ans de carrière chez JP Morgan. Deux de ses proches collaborateurs basés à Londres seraient également sur le point de démissionner. Le même jour, Jamie Dimon a déclaré devant des journalistes que les résultats de l'enquête en cours se traduiraient par de nouvelles décisions disciplinaires et il n'a pas écarté que la banque puisse réclamer des remboursements aux dirigeants qui seraient mis en cause. De son côte, le FBI a ouvert une enquête sur la perte de trading subie par JP Morgan, la source proche de l'enquête précisant à Reuters qu'elle n'en serait qu'au stade préliminaire.

Les risques du marché pour le conseiller de Mitt Romney

Alors que dans une tribune du site américain Salon (traduite par Courrier International), l'éditorialiste Alex Pareene demande à ce que Jamie Dimon soit "traîné devant un tribunal", l'équipe de campagne de Mitt Romney a tenu ce mardi à lui apporter son soutien. Alors que le porte-parole de l'actuel président Barack Obama a souligné lundi l'importance "de faire adopter la réforme de Wall Street et de l'appliquer complètement", le conseiller du candidat républicain Eric Fehrnstrom a résumé la perte à une malencontreuse conséquence de l'économie de marché. Sur l'antenne de NBC, il a ajouté que "Mitt Romney ne plaide pas pour une absence de régulation, mais pour une régulation efficace et qui devrait être rationalisée" pour ne pas étouffer l'économie.

 

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Commentaires 4
à écrit le 16/05/2012 à 10:18
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Je ne comprends pas d'où vient l'utilisation du mot "courtage" pour décrire l'activité qui a mené à cette perte. Ce qu'a fait JPM est du "prop trading", ou en franglais du "trading pour compte propre". Le courtage n'a rien à voir avec cela. JPM a pri...

à écrit le 16/05/2012 à 8:11
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Et sachant qu'il y a maintenant une enquête qui a été lancée, nous pourrions nous demander si cette enquête aurait eu lieu en cas de gains de plus de 2 milliards...

à écrit le 16/05/2012 à 7:51
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Débectant de suffisance. Obama et les autres dirigeants de nos soit-disant démocraties n'auraient jamais dû se coucher devant des types pareils. Au lieu de quoi, non contents d'empocher de l'argent indûement gagné, ils ne sont tenus responsables ni d...

à écrit le 15/05/2012 à 21:54
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En effet, qu'est-ce que 2 milliards par rapport à 800 000 milliards de titrisation. Soit, les actifs devenus magique-ment pourris. Soyons "raisonnables"...

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