Cryptomonnaies : avec le dépôt de bilan de Terraform Labs, l'industrie termine son nettoyage

Deux ans après l'effondrement de sa cryptomonnaie, la société Terraform Labs a déposé le bilan aux Etats-Unis, dimanche. La fin d'un long feuilleton qui a plongé le secteur dans la tourmente. Ces derniers mois, tous les acteurs affiliés à des scandales liés aux cryptomonnaies ont été traduits devant la justice.
Suite au son feu vert du gendarme boursier américain à la cotation de 11 ETF lié au bitcoin, son cours a bondit de 156% par rapport  au 12 derniers mois.
Suite au son feu vert du gendarme boursier américain à la cotation de 11 ETF lié au bitcoin, son cours a bondit de 156% par rapport au 12 derniers mois. (Crédits : DADO RUVIC)

Voilà une nouvelle qui va alléger la réputation des cryptomonnaies, ces actifs numériques échangés sur une blockchain. Selon des documents judiciaires déposés dimanche, le fondateur sud-coréen de la cryptomonnaie Terra a déposé le bilan de sa société Terraform Labs aux Etats-Unis.

Ce nom qui ne parle pas à beaucoup de monde est cependant bien connu dans l'industrie crypto puisqu'il est à l'origine de l'effondrement des cours de la quasi-totalité de ces actifs numériques à partir de l'été 2022. TerraUSD était en effet l'un des trois principaux stablecoins (des crypto-actifs répliquant le cours des monnaies comme le dollar) avant que ce dernier ne s'effondre en mai 2022 suite à une faille dans son système de réplication du dollar. La justice américaine avait alors accusé l'entreprise d'avoir « volontairement trompé les investisseurs sur de nombreux aspects de la blockchain Terra, parmi lesquels la technologie utilisée et l'ampleur de son adoption par les utilisateurs ».

L'effondrement de sa valeur a réduit à néant environ 40 milliards de dollars investis dans le crypto-actif. Surtout, ce scandale d'ampleur est en partie à l'origine d'une panique vendeuse dans le monde des cryptos, qui a entraîné des pertes estimées à plus de 400 milliards de dollars. Ainsi, juste après la chute de Terra, la valeur du bitcoin avait fondu de plus de 50% en passant de 33.500 dollars en mai 2022 à moins de 16.000 dollars en décembre 2022.

La conclusion du scandale Terra Luna

Peu après le scandale, un jury fédéral de New York avait retenu pas moins de huit chefs d'inculpation contre Do Kwon le créateur de Terraform Labs, accusé de divers types de fraude, dont fraude en ligne, en bande organisée. Le gendarme boursier américain, la SEC, avait de son côté déjà engagé des poursuites mi-février contre ce dernier pour avoir « orchestré une fraude de plusieurs milliards de dollars en actifs crypto ». En mars 2023, l'inventeur de TerraUSD qui détient toujours 92% des actions de Terraform Labs, avait déjà été arrêté dernier au Monténégro et est désormais dans l'attente de son extradition vers les Etats-Unis ou la Corée du Sud, où il est poursuivi pour fraude.

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Cette nouvelle étape dans le dossier permettra à la société « d'exécuter son plan d'activités pendant les procédures judiciaires en cours, notamment le règlement d' un litige en cours à Singapour et un litige américain » impliquant la SEC, le gendarme des marchés financiers, a déclaré la société dans un communiqué. Terraform « a l'intention de remplir toutes ses obligations financières envers les employés et les fournisseurs » lors de cette procédure pour faillite et « n'a pas besoin de financement supplémentaire pour cela ».

Avec cette nouvelle annonce, l'industrie crypto ferme donc le chapitre de cette série de scandales qui le gangrène depuis deux ans.

Les brebis galeuses du monde crypto sanctionnées

L'affaire Terra Luna est loin d'être le seul scandale à l'origine du krach des cryptos. La faillite de FTX, la deuxième plus grosse plateforme d'échange de cryptomonnaies au monde, en novembre 2022, avait ainsi donné le coup de grâce à l'écosystème.

Et justement ce scandale financier a aussi récemment connu son épilogue. En novembre, Sam Bankman-Fried, l'ex-PDG de FTX accusé de fraude, d'association de malfaiteurs et de blanchiment d'argent, a été reconnu coupable par un jury new-yorkais des sept chefs d'accusation retenus contre lui, après cinq semaines d'un procès retentissant. La star déchue des cryptomonnaies, encourt désormais jusqu'à 110 ans de réclusion criminelle au total.

Enfin, la justice américaine a décidé de terminer le nettoyage du secteur en novembre en forçant l'emblématique et sulfureux patron de Binance, Changpeng Zhao, à démissionner. La première plateforme d'échange au monde, accusé d'avoir facilité des transactions illicites et autorisé des clients de pays sanctionnés par les USA à blanchir des fonds, a aussi accepté de plaider coupable de violation des lois américaines contre le blanchiment et de signer un accord global qui lui impose de verser deux amendes de 3,4 milliards de dollars.

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En coupant les têtes de trois géants du secteur, « la justice américaine donne le message que le monde des cryptos est sur un nouveau départ et que ses entreprises vont devoir suivre les règles. On est en train de terminer la crise d'adolescence de l'industrie crypto », confiait en novembre dernier, à La Tribune, Stanislas Barthelemi, consultant crypto chez KPMG.

Une normalisation du secteur

Et la régularisation du secteur ne s'est pas arrêtée à la sanction des brebis galeuses. En Europe, l'année a même été charnière. Le 20 avril 2023, le Parlement européen a voté le règlement MiCa (Market in crypto assets). Ce texte prévoit, pour la fin 2024, la création d'un agrément obligatoire pour les plateformes cryptos souhaitant fournir leurs services dans toute l'Union européenne, en échange d'un certain nombre d'obligations. Mais aussi, dans la foulée, le texte TFR (transfer of funds regulation), dont la députée Aurore Lalucq était co-rapportrice pour lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.

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De l'autre côté de l'Atlantique, la normalisation des crypto passe par l'arrivée de géants de la finance traditionnelle dans le secteur. Le 10 janvier, la SEC, le gendarme américain des marchés financiers, a donné son feu vert à la cotation de 11 ETF (Exchange traded fund), des fonds indiciels permettant aux épargnants d'investir en crypto-actif depuis leur fonds de pension ou leur compte-titre.

Autant d'annonces arrivant après deux années de marché en berne pour les cryptos qui ont poussé de nombreux investisseurs à revenir sur ce secteur controversé... faisant du même coup rebondir le cours du bitcoin de 156% au cours des 12 derniers mois.

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Commentaires 3
à écrit le 22/01/2024 à 15:01
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Et l'UERSS qui nous restreint de plus en plus l’accès au liquide pour se le réserver pour elle car ils le mangent visiblement là haut. Demain en UE nous aurons le bitcoin pour l'argent dématérialisé et le dollars comme échange de mains à mains. Je ne...

le 22/01/2024 à 17:36
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"faible comme il est " un rapide coup d'œil vous apprendrait qu' un euro égal 1,09 dollars us !!!

le 23/01/2024 à 8:43
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Ce n'est qu'un chiffre résultant d'une entente générale financière, qu'est-ce qui est le plus employé dans le monde entier ? Le dollar ou l'euromark ?

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