Tous les actifs ne sont pas entraînés dans la même spirale du doute de l'après-Covid. C'est le cas par exemple du bitcoin, cette cryptomonnaie basée sur le système décentralisé de la blockchain, et pour laquelle le tweet d'un influenceur suffit à doper son cours. Profitant de l'annonce faite par Elon Musk que les achats de Tesla pourraient désormais être effectués avec la première cryptomonnaie, le prix à l'unité du bitcoin s'appréciait de 3,8%, à 56.508 dollars à 12H20 à Paris. Avec une capitalisation qui a dépassé le trillion de dollars fin février, la tendance positive se maintient au long cours.
« Vous pouvez maintenant acheter une Tesla en bitcoin », a lancé le patron du constructeur de véhicules électriques sur son compte Twitter.
En faisant une telle annonce, Elon Musk compte ainsi déjouer les détracteurs qui pointent un placement purement spéculatif. Dans ce tweet, il précise en effet que le bitcoin dépensé ne sera pas converti en dollar, mais restera en bitcoin. Aussi, pour acheter par exemple la Model 3, vendu à partir de 35.000 dollars, il faudra débourser un peu plus d'un demi bitcoin (0,62 BTC). Pour des modèles plus luxueux, (la S ou la X vendus entre 85.000 et 120.000 dollars le véhicule), il faudra alors transférer via la blockchain et son système de nœuds sécurisés sur le registre (nodes), un peu plus de deux bitcoins (2,11 BTC).
En refusant la conversion en monnaie "fiat", c'est-à-dire des devises des États, l'entreprise assure aussi ne pas immédiatement revendre sur le réseau informatique les bitcoins acquis de cette manière. Une précision qui a presque une résonance politique, tandis que les représentants des institutions telle la Secrétaire d'Etat au Trésor Janet Yellen, ou encore Christine Lagarde à la tête de la BCE en Europe, dénoncent l'opacité de ses échanges, notamment présents sur les réseaux illicites du darknet.
Déjà sur Twitter, le patron de la tech avait affirmé que « posséder des bitcoins était presque mieux que de détenir du cash. Tout est dans le 'presque' », soulignait-il.
L'enjeu de la preuve par l'usage
La valeur d'usage du bitcoin reste toutefois encore à prouver. De nombreuses entreprises, telles MasterCard, Square, PayPal, la banque BNY Mellon ou encore le gestionnaire BlackRock s'y sont mis. Mais sa concrétisation dans un système d'échange, à la manière d'une monnaie, reste encore relativement confidentielle.
Aussi, en raison de la volatilité extrême des cryptomonnaies, la plupart des entreprises qui acceptent ces paiements en bitcoin convertissent immédiatement le montant reçu en dollars.
Pour cet actif, décrit par l'humoriste américain Stephen Colbert dans l'un de ses shows comme « un mélange de tout ce qu'il y a de plus complexe en finance, avec ce qu'il y a de plus complexe en informatique », tout l'enjeu est donc de passer de la spéculation, à l'usage et aux achats du quotidien.
L'expansion du système à l'international
En quête de disruption, Elon Musk est un fervent supporter du crypto-actif dont la particularité est de na pas être contrôlé par le système monétaire mondial des banques centrales et des États. « La possibilité de payer en bitcoin sera disponible en dehors des Etats-Unis plus tard dans l'année », a-t-il d'ailleurs ajouté.
Tesla avait déjà investi 1,5 milliard de dollars de son ample trésorerie en bitcoin, une décision inattendue qui avait provoqué une flambée du cours du bitcoin.
La réaction mercredi était toutefois modérée, et le bitcoin restait en deçà de son plus haut historique, atteint plus tôt dans le mois à 61.742 dollars.
(Avec AFP)
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