FTX : Sam Bankman-Fried accusé d'avoir corrompu des officiels chinois

L’ex PDG de FTX, Sam Bankman-Fried comparait à nouveau devant un tribunal new yorkais. Déjà visé par douze chefs d'accusation, il est cette fois accusé d'avoir versé 40 millions de dollars à des responsables chinois pour débloquer des fonds de son entreprise Alameda Research que la justice chinoise avait gelés.
Maxime Heuze
Sam Bankman-Fried, l'ex-PDG de FTX et Alameda Research, risque plus de cent ans de prisons aux Etats-Unis.
Sam Bankman-Fried, l'ex-PDG de FTX et Alameda Research, risque plus de cent ans de prisons aux Etats-Unis. (Crédits : DAVID DEE DELGADO)

Les ennuis ne sont pas finis pour Sam Bankman-Fried (SBF). Inculpé après la faillite frauduleuse de son entreprise de cryptomonnaies FTX en novembre, la justice américaine accuse l'ancien patron de la plateforme d'échanges de cryptomonnaies d'avoir versé à des officiels chinois au moins 40 millions de dollars de pots-de-vin.

Lire aussiFaillite FTX : la crainte de la contagion dans le monde des cryptos

D'après un document publié par les services du procureur fédéral de Manhattan, Damian Williams, tout aurait débuté avec le gel de comptes d'Alameda Research, une société de trading soeur de FTX, détenus sur plusieurs plateformes d'échanges de cryptomonnaies chinoises. Ce gel, qui aurait privé l'entreprise américaine d'un milliard de dollars, serait intervenu dans le cadre d'une enquête menée par la justice chinoise en 2021 contre une société qui aurait exercé sur ces mêmes plateformes. Alameda aurait donc été une victime collatérale du durcissement de la politique chinoise sur les cryptos engagé il y a deux ans. « Sam Bankman-Fried aurait d'abord essayé de débloquer ces fonds en passant par la justice, en faisant pression avec ses avocats. Comme cela n'aurait pas marché, il aurait ordonné à ses employés de verser des pots-de-vin à des représentants de l'Etat chinois pour faire avancer les choses », résume Stanislas Barthelemi, consultant chez KPMG, spécialiste des cryptoactifs.

Selon l'acte d'accusation, les comptes auraient été débloqués au moment où un premier paiement illicite a été effectué. L'ex PDG aurait ensuite autorisé un versement supplémentaire de plusieurs dizaines de millions de dollars pour compléter le pot-de-vin qui s'élèverait au total à 40 millions de dollars.

Violation de la loi américaine contre la corruption à l'étranger

Problème, la justice accuse maintenant Sam Bankman-Fried de violation du Foreign Corrupt Practices Act, une loi fédérale de 1977 qui lutte contre la corruption d'agents publics à l'étranger.

Sur la base de ces informations, les services du procureur fédéral de Manhattan ont donc ajouté le chef d'accusation de corruption -pour lequel il risque jusqu'à 5 ans de prison- dans le cadre de son procès qui doit s'ouvrir en octobre 2023. Sam Bankman-Fried va comparaitre pour le nouvel acte d'accusation ce jeudi 30 mars devant le juge de district américain Lewis Kaplan du tribunal fédéral de Manhattan.

Un énième chef d'accusation contre les dirigeants de FTX

Cette accusation n'est que la dernière en date pour l'ancien dirigeant de FTX qui faisait déjà face à douze charges d'accusations depuis la faillite de son entreprise. « C'est dans la droite lignée de la position frauduleuse qu'a tenu FTX. Nous ne sommes plus à une fraude près », ironise Stanislas Barthelemi.

Sam Bankman-Fried et d'autres dirigeants de FTX et d'Alameda Research sont en effet déjà mis en cause pour avoir utilisé les comptes des clients de FTX, à leur insu, pour acheter du FTT, la cryptomonnaie créée par FTX dans le but d'alimenter les opérations spéculatives d'Alameda. L'ancien multimilliardaire est aussi mis en cause pour avoir investi, sans autorisation, des fonds de clients de FTX dans des biens immobiliers aux Bahamas. Enfin, le procureur fédéral de Manhattan l'accuse également d'avoir effectué des donations illégales à des personnalités politiques démocrates, notamment Joe Biden, lors de sa campagne présidentielle.

Lire aussiDéfaillance de FTX : Sam Bankman-Fried a été remis en liberté en échange d'une caution astronomique de 250 millions de dollars

Également inculpés, deux autres anciens dirigeants de FTX et Alameda, Gary Wang et Caroline Ellison, ont plaidé coupable de plusieurs chefs d'accusation et accepté de collaborer avec les autorités américaines, à la différence de Sam Bankman-Fried, qui conteste les charges retenues contre lui.

SBF risque la prison a vie

Extradé aux Etats-Unis depuis les Bahamas en décembre, le créateur de FTX sera jugé à New-York et devrait plaider non coupable d'après des sources proches du dossier. Son sort dépendra alors de sa stratégie et sa défense. « S'il plaide coupable, il est dans une logique de pure négociation et peut espérer une atténuation de peine. S'il plaide non coupable il risque de passer l'intégralité de sa vie en prison puisqu'il pourrait faire 115 ans de prison. En effet, les chefs d'accusation se cumulent, et douze chefs c'est énorme », explique Arnaud Touati, avocat associé chez Hashtag avocats. Ce dernier prévient tout de même que « c'est improbable, mais SBF a une chance de ne pas faire de prison du tout s'il a un avocat suffisamment brillant pour convaincre le jury, trouver des vices de procédure ou prouver que ce qui lui est reprocher est non intentionnel. »

Maxime Heuze

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.