Le Nasdaq plonge de 11% depuis le début de l’année, sa pire performance depuis 2008

Sévère correction vendredi sur les marchés américains : Wall Street plonge dans le doute et le spectre du « bear market » (marché baissier) inquiète. C’est surtout sur l’indice des valeurs technologiques que la baisse est la plus sévère. Chacun redoute le cocktail explosif de résultats des entreprises moins bons qu’espéré et de resserrement monétaire plus ferme et rapide qu’attendu.
Les inquiétudes se focalisent sur les valeurs technologiques.
Les inquiétudes se focalisent sur les valeurs technologiques. (Crédits : Brendan McDermid)

Gros coup de déprime sur les marchés américains vendredi. L'année avait déjà mal commencé, avec la remontée des taux longs américains et une plus forte aversion au risque mais la place de New York a connu une sévère correction en fin de semaine. Le Dow Jones a perdu 1,3% dans la journée, le S&P 500 près de 1,9% et, le Nasdaq, lanterne rouge des marchés, 2,72% ! A noter que les marchés européens ne sont pas en meilleure forme, avec la plus forte consolidation vendredi depuis novembre dernier, lors de la reprise de la pandémie.

C'est bien sûr le Nasdaq qui concentre les inquiétudes. L'indice des valeurs technologiques a perdu 11% depuis le début de l'année, ce qui le rapproche de sa pire performance depuis la crise financière de 2008. Les signaux négatifs s'accumulent et l'indice a même cassé à la baisse sa moyenne mobile à 200 jours, une première depuis avril 2020, en pleine tempête sanitaire. La moyenne mobile est un indicateur très suivi par les opérateurs de marché pour déterminer les dynamiques haussières ou baissières. Et là, le Nasdaq est clairement baissier, nettement plus baissier que les actions en général.

Chute de Netflix

La (brutale) hausse des taux est globalement plus pénalisant pour les valeurs Tech de croissance que pour les valeurs défensives ou industrielles. En effet, la valorisation est largement fondée sur l'actualisation des cash flows, et plus le taux est haut, plus la valeur actualisée est faible (et inversement). Ensuite, les investisseurs ont commencé à faire le tri dans le secteur, entre les valeurs qui gagnent (beaucoup) d'argent et celles qui en gagnent moins ou pas. Les vendeurs à découvert sont d'ailleurs déjà à l'attaque sur certaines valeurs du Nasdaq jugées largement surcotées. Il est à parier que le secteur de la Tech sera la cible de choix des hedges funds en ce début d'année.

Mais les fonds actions traditionnels sont également inquiets des niveaux de valorisation atteints sur le Nasdaq et la moindre mauvaise nouvelle sera l'occasion de prise de profits. Ainsi, Netflix s'est effondré vendredi, perdant près de 22% en Bourse. C'est presque 50 milliards de dollars de capitalisation qui s'est ainsi envolé en une seule séance.

La raison ? Le management de Netflix a indiqué s'attendre à moitié moins de nouveaux abonnés que les prévisions du marché. Le groupe a pourtant enregistré un gain net de 8 millions d'abonnés lors du dernier trimestre mais l'année 2022 s'annonce moins porteuse. La sanction a été immédiate.

Scénario du pire

C'est le scénario redouté par les investisseurs : des publications d'entreprises moins flatteuses qu'espéré conjuguées à une confirmation, voire une accentuation, de la politique de resserrement monétaire de la banque centrale américaine.

Rappelons que le marché anticipe désormais quatre hausses des taux courts en 2022, sans doute dès le mois de mars, et trois autres hausses en 2023. Parallèlement, la croissance devrait marquer le pas cette année, ce qui n'est jamais bon pour les Bourses (mais pourrait en revanche modérer les ardeurs des banquiers centraux à relever trop fortement leur taux).

Bref, les stratégistes de marché le savent, l'année boursière s'avère plus compliqué pour les indices et chacun mise sur le stock picking (choix de valeurs) pour limiter la casse. Mais la tension se porte davantage sur Wall Street, un marché plus cher, où le S&P se paie 20 fois les bénéfices 2022, encore loin du multiple de 25 atteint avant l'éclatement de la bulle Internet en 2000. Mais le mot « bulle » est désormais sur toutes les lèvres et chaque mauvaise nouvelle pourrait se traduire par de sérieuses secousses.

Une chute de Wall Street serait une bien mauvaise nouvelle pour l'actuel président Joe Biden déjà au creux de la vague : chacun sait que les électeurs américains sont avant tout des épargnants investis en actions via leur plan de retraite.

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Commentaires 5
à écrit le 24/01/2022 à 17:38
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les laborieux ont payé la hausse via la bulle immo et maintenant l'inflation. On va bien trouver une solution pour leur faire payer la baisse

à écrit le 23/01/2022 à 9:23
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"et le spectre du « bear market » (marché baissier)" En gros les spéculateurs se font peur à eux-mêmes ! Ils se regardent dans une glace et sursaute d’effroi ! Bon on les comprend. "Tout est bruit pour celui qui a peur" Sophocle. L'empire des faibles...

à écrit le 23/01/2022 à 8:24
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L'ajustement americain sera suivi tres prochainement par l'europe. Pour la Chine qui a une fois encore devalue, ce n'est qu'une question de temps puisque la demande est en berne pour longtemps encore pour cause d'inflation qui se generalise. Le bon c...

à écrit le 22/01/2022 à 21:43
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Des spéculateurs shootés à l'argent facile depuis 2008,il est temps de siffler la fin de la partie. trop de gens se sont enrichis et trop d'autres se sont appauvris à cause de cette planche à billets. Lagarde devra suivre, que cela lui plaise ou ...

à écrit le 22/01/2022 à 17:54
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La "grogrosse bubulle" devrait bien finir par exploser. Pour l'instant, la mèche est juste allumée.

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