La BRI, la banque des banques centrales, veut accélérer sur la « tokenisation » des paiements

La Banque des règlements internationaux (BRI) porte l'un de ses projets pilotes sur une échelle plus large. Après avoir expérimenté avec la Banque de France un nouveau système de paiements transfrontaliers, l'institution va collaborer avec sept autres banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine. Une étape de plus vers une alternative aux cryptomonnaies qui dominent aujourd'hui ces nouvelles formes de transactions.
La tokenisation consiste à représenter de l'argent ou des actifs financiers sous forme de jeton numérique et à les inscrire sur un grand registre en ligne.
La tokenisation consiste à représenter de l'argent ou des actifs financiers sous forme de jeton numérique et à les inscrire sur un grand registre en ligne. (Crédits : Pixabay)

C'est un projet qui en dit long sur les intentions des banques centrales sur les monnaies numériques mais aussi sur leur stade d'avancement en la matière. Alors que le marché des cryptomonnaies, qui permettent d'échanger instantanément des jetons numériques via la blockchain, est en pleine croissance, la Banque des règlements internationaux (BRI) veut proposer sa propre solution au niveau mondial pour réguler les paiements des particuliers et de gros.

La BRI va ainsi lancer un nouveau projet pilote avec sept banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine et la Banque de France, pour évaluer les paiements transfrontaliers en monnaies numériques, a-t-elle annoncé mercredi.

En réalité, ce projet est la suite d'une autre expérimentation déjà menée entre la Banque de France et l'institution basée en Suisse. Mais l'intervention de la Fed, banque de la première économie mondiale et du pays où les gains réalisés sur les crypto-actifs sont les plus élevés, pourrait venir donner un coup d'accélérateur au projet.

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Une plateforme public-privé

Appelé « projet Agora », l'objectif est de comprendre comment les dépôts numérisés de banques commerciales peuvent être intégrés aux monnaies de banques centrales sur une plateforme financière public-privé, a indiqué la BRI dans un communiqué.

Cette institution, considérée comme la banque centrale des banques centrales, cherche ainsi à déterminer comment la numérisation et les contrats intelligents (smart contracts) peuvent faciliter des transactions qui ne sont pas rentables actuellement en accélérant la vitesse à laquelle elles sont effectuées et en abaissant leurs coûts, tout en maintenant leur intégrité.

« Nous pensons que la +tokenisation+ est la prochaine étape concernant la monnaie et les paiements », a déclaré Cecilia Skingsley, la directrice du pôle d'innovation de la BRI, lors d'une conférence de presse.

La +tokenisation+ consiste à représenter de l'argent ou des actifs financiers sous forme de jeton numérique et à les inscrire sur une plateforme comme une chaîne de blocs, ou « blockchain ».

Accélérer sur les monnaies d'Etat

Mais elle mène cette fois des tests plus larges avec ce projet Agora auquel vont aussi participer la Réserve fédérale américaine, la Banque d'Angleterre, la Banque du Japon, la Banque de Corée et la Banque du Mexique.

La BRI s'assure ainsi que sept des plus grandes devises internationales, dont le dollar, l'euro, le yen et le franc suisse sont représentées dans ce projet.

Les monnaies numériques de banque centrale (MNBC) sont déjà utilisées dans des pays telle que la Chine, avec le e-yuan pour renforcer son contrôle sur la monnaie. La Russie mène également des expérimentations en ce sens.

En Europe, le projet de l'euro numérique est également sur les rails. La Banque de France a été choisie pour représenter l'euro lors des tests qui seront menés autour de ces sept grandes devises.

Selon la BRI, 24 banques centrales devraient avoir lancé une version numérique de leur monnaie à l'horizon 2030.

« Le projet Agora sera le fer de lance de l'exploration du système monétaire de demain pour les paiements transfrontières », a déclaré François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, cité dans un communiqué séparé.

Lutter contre le blanchiment d'argent

Les paiements transfrontaliers sont des opérations complexes dans la mesure où elles nécessitent de nombreuses vérifications afin de lutter contre le blanchiment d'argent et vérifier les clients.

« Ces contrôles sont souvent répétés plusieurs fois pour une même opération en fonction du nombre d'intermédiaires impliqués », a souligné la Banque nationale suisse dans un communiqué distinct.

S'y ajoutent d'autres contraintes comme les différences règlementaires et techniques d'un pays à l'autre ou encore les fuseaux horaires qui compliquent les opérations.

En raison de ces nombreuses contraintes, les transactions transfrontalières sont aujourd'hui un pan d'activité à haut risque et à faible rentabilité pour les banques, a expliqué Hyun Song Shin, conseiller économique et directeur de la recherche de la BRI, lors de la conférence téléphonique.

Lire aussiLes monnaies numériques des banques centrales risquent-elles de déclencher des paniques bancaires ?

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 03/04/2024 à 22:53
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Des jetons numériques. "Jetons" tout est dans le mot! En plus d'avoir l'impression de se trouver au Casino (Chez Partouche...pas à Saint Étienne)🤣

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