Pour la BCE, le Libra de Facebook pourrait nuire à l'euro

La Banque centrale européenne redoute que la future monnaie virtuelle du réseau social n'affecte les mécanismes de transmission de la politique monétaire et le rôle international de la monnaie unique. Un des membres du directoire met en garde contre le caractère centralisé du Libra et des risques de conflit d'intérêts.
Delphine Cuny
(Crédits : BCE)

Le projet de monnaie virtuelle mondiale dévoilé en juin par Facebook n'en finit pas d'agiter les banquiers centraux. Ce lundi 2 septembre, l'un des membres du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), Yves Mersch, a consacré son discours d'ouverture de la conférence sur les enjeux juridiques au sein de l'Eurosystème (les banques centrales des pays de l'UE ayant adopté l'euro) au Libra. Il a pointé le caractère complexe et centralisé du projet de Facebook et ses 27 partenaires (dont Visa, Mastercard, Paypal, Uber), au sein de l'Association Libra, dont l'écosystème « ressemble à un cartel ». Il a rappelé que les conglomérats d'entreprises privées « ne sont redevables que devant leurs actionnaires et leurs membres ».

Surtout, le banquier central a insisté sur les risques que faisait peser le Libra, dont le lancement est prévu au premier semestre 2020.

« En fonction du degré d'acceptation du Libra et de l'indexation de l'euro dans son panier de réserve, cela pourrait limiter le pouvoir de contrôle de la BCE sur l'euro, perturber le mécanisme de transmission de la politique monétaire en affectant la position des banques de la zone euro en matière de liquidités et saper le rôle international de la monnaie unique, par exemple en en réduisant la demande » a fait valoir Yves Mersch.

La BCE s'est précisément fixée pour objectif d'accroître le rôle international de l'euro, qui a fêté ses vingt ans en début d'année.

L'alternative de la BCE aux Gafa

Prêchant pour sa paroisse, le banquier central a objecté qu'il existait d'autres solutions que Libra pour accélérer les paiements transfrontaliers : il a rappelé le lancement fin novembre par la BCE du service de paiement instantané TIPS, s'appuyant sur son infrastructure de règlement en temps réel Target2, déjà utilisée pour les paiements interbancaires, et présenté comme une alternative aux Gafa.

« TIPS fournit une solution de paiement de haute performance qui est plus sure et plus économique que des innovations discutables dans le paiement de détail issues du marché » a déclaré Yves Mersch.

La BCE perçoit une commission minimale sur les opérations (0,0020 euro par transaction au cours des deux premières années, les 10 premiers millions de paiements étant gratuits), le prix étant proportionnel aux volumes.

L'institution de Francfort a rappelé que « la monnaie est un bien public, la monnaie et la souveraineté d'État sont inexorablement liées » et martelé que « seule une banque centrale indépendante dotée d'un mandat fort peut fournir le soutien institutionnel nécessaire pour émettre des formes fiables de monnaie et préserver rigoureusement la confiance du public en celles-ci. »

« J'espère sincèrement que les citoyens européens ne seront pas tentés d'abandonner la sécurité et la solidité des solutions et systèmes de paiement établis au profit des promesses séduisantes, mais perfides du chant des sirènes de Facebook », a-t-il conclu.

Outre le tir de barrage des régulateurs et banquiers centraux, le projet de Facebook  devra affronter d'autres obstacles : selon l'agence Bloomberg, les autorités européennes de la concurrence s'apprêteraient à ouvrir une enquête sur Libra, qui risquerait de réduire la concurrence dans les systèmes de paiement et l'utilisation des données. Ce qu'a plus ou moins confirmé la commissaire Margrethe Vestager.

Delphine Cuny

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Commentaires 7
à écrit le 03/09/2019 à 6:55
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Si la mauvaise monnaie chasse la bonne, verrons-nous le libra chasser l'euro?

à écrit le 02/09/2019 à 21:23
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Aucun risque pour l'€uro, il est beau,fort,inébranlable, what ever it takes,"et la souveraineté d'État sont inexorablement liées", respect de la souveraineté de la france envers sa monnaie l'€uro. Dormez braves gents !

à écrit le 02/09/2019 à 21:22
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Aucun risque pour l'€uro, il est beau,fort,inébranlable, what ever it takes,"et la souveraineté d'État sont inexorablement liées", respect de la souveraineté de la france envers sa monnaie l'€uro Dormez braves gents !

à écrit le 02/09/2019 à 21:05
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Une raison de plus (essentielle) de fermer son compte Facebook. J'irai même plus loin: Interdire Facebook.

le 03/09/2019 à 9:21
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"J'irai même plus loin: Interdire Facebook. " N'ayons pas peur des mots, allons encore plus loin ,exécutons tout ses dirigeants même ! :D

à écrit le 02/09/2019 à 16:18
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Et pas au Dollar ?

à écrit le 02/09/2019 à 15:42
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Bienvenu en UERSS, empire prévu pour durer mille ans.

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