Fusion EADS-BAE : le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, était très réservé

Une semaine avant l'échec de la fusion entre EADS et BAE Systems, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, semblait très réservé sur cette opération. Il craignait notamment certaines conséquences dramatiques pour les industriels de la défense français, dont certains pouvaient perdre "jusqu'à leur existence".
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L'opération entre EADS et BAE Systems ne suscitait pas un fol enthousiasme auprès du ministre de la Défense. Jean-Yves Le Drian semblait même très réservé sur la fusion entre EADS et le britannique BAE Systems. Interrogé le 3 octobre à l'Assemblée nationale par la députée PS de la Gironde, Marie Récalde, sur la valorisation de BAE Systems (qui devait avoir 40 % du nouvel ensemble) - soit une semaine avant la décision d'EADS et de BAE de jeter l'éponge - le ministre partageait les "préoccupations" de cette dernière. Et de préciser que "plus le dossier avance, plus les préoccupations sont nombreuses". A cette date, expliquait-il, "le débat reste donc grand ouvert". "La nouvelle" de cette opération "fut d'autant plus soudaine qu'il s'agit de deux acteurs majeurs de l'industrie aéronautique et de défense et qu'il n'était donné aux États qu'un délai d'un mois pour réaliser la fusion".

Pourquoi une telle réserve ? "Les autres industries de défense risquent de se voir happées par ce gigantesque conglomérat et de perdre non seulement leur autonomie, mais jusqu'à leur existence", faisait-il valoir. Pour autant, estime-t-il, la France peut faire valoir ses arguments dans un tel conglomérat. "À la différence de l'Allemagne, soulignait-il, la France a une capacité de décision puisqu'elle est au capital d'EADS et dispose d'un droit de veto". Mais pour lui, "il serait toutefois souhaitable d'arriver à une position franco-allemande commune sur le sujet". Dans cet esprit, Jean-Yves Le Drian avait rencontré "trois fois en quatre jours" son homologie allemand, Thomas de Maizière. "Nos amis allemands sont d'une grande perplexité", avait-il affirmé.On sait depuis ce qu'il advenu. La Chancelière Angela Merkel s'est opposé à cette opération au nom de l'intérêt de l'Allemagne.

La France voulait préserver ses intérêts stratégiques

S'agissant des intérêts français, le ministre avait rappelé que "plusieurs de nos intérêts stratégiques majeurs - notamment Astrium et MBDA - dépendent d'EADS". Et de rappeler qu'une "clause permet aujourd'hui de sécuriser la dissuasion dans ces deux entités : que se passera-t-il demain, dans un ensemble plus vaste ? C'est un sujet de préoccupation sérieuse". La France avait notamment trois préoccupations, qui ont fait l'objet d'un accord avec EADS : pas de cession de la participation dans Dassault Aviation par le nouveau groupe (46 %), pas d'exclusivité de MBDA pour fournir l'avion de combat Eurofighter Typhoon de façpn à protéger le Rafale, une clause permettrant de sécuriser la dissuasion dans les missiles balistiques nucléaires M51 (Astrium).

Enfin, Jean-Yves Le Drian s'interrogeait sur "quel poids la France aura-t-elle au sein du nouveau groupe, à partir du moment où la part de l'État français dans EADS, qui est à l'heure actuelle de 15 %, chutera à 9 % après la fusion ?" "Si l'enjeu industriel de la fusion est considérable, celle-ci n'en soulève pas moins des questions dur le plan de nos intérêts", expliquait-il.

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Commentaires 10
à écrit le 16/10/2012 à 13:38
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Bonjour Monsieur Cabirol. J'ai une petite question... l'Etat français veut que EADS garde sa participation de 46% dans Dassault. Mais quand je lis les commentaires de Dassault et EADS, j'ai l'impression que cette participation est un problème pour to...

à écrit le 15/10/2012 à 22:51
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La france a plutot bien joue le coup sur cette question. Alors que l'on aurait pu penser qu'ils seraient monte au creneau pour denoncer, finance et globalisation ils ont laisse les allemends perdre la course, supporter le blame et passer pour les mec...

le 15/10/2012 à 23:25
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@ DRRW - Cette "habileté" à faire supporter le rôle ingrat à l'Allemagne, en plus du fait que des membres du gouvernement avaient déjà accepté le schéma proposé par les financières GS, Morgan et HSBC montre que les relations entre la France et l'Alle...

à écrit le 15/10/2012 à 20:49
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C'est étonnant qu'on l'entende que maintenant le ministre de la Défense !

à écrit le 15/10/2012 à 19:11
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EADS n'aurait-elle pas interêt à augmenter sa participation dans DASSAULT en échange de ses participations militaires, dassault devenant ainsi l'unque branche militaire de l'ensemble EADS (voire conserver séparément MBDA si cela doit faire passer la ...

le 15/10/2012 à 19:39
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On ne dirige rien du tout lorsque l'on est 2° actionnaire.... On dirige lorsque l'on est majoritaire! De plus, je pense que Dassault a fait ses preuves, dans les domaines civil et militaire et n'a aucin besoin d"être "supervisé", qui plus est par une...

le 15/10/2012 à 19:44
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Même pas en rêve....

à écrit le 15/10/2012 à 18:34
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L'adresse et l'assurance avec laquelle des financiers et des géopolitiques extérieurs sont presque parvenus à mettre la main sur l'industrie aéronautique et de défense reflète la faiblesse de nos institutions. Inquiétant.

le 16/10/2012 à 14:14
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Tu peux développer? La fusion se faisait à 60/40 en mettant EADS majoritaire. Donc je ne vois pas le problème des financiers et des géopolotiques extérieures.

le 16/10/2012 à 22:48
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@ KCM67 - Vous parlez de la proportion des actions dans le schéma de fusion proposé. Cela est différent de la structure de l'actionnariat et du pouvoir de décision (droits de vote) au CA concernant la stratégie et les désignations. Rien n'empêche des...

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