737 MAX : le PDG de Boeing refuse une prime de plusieurs millions d'euros suite aux scandales qui touchent le constructeur

Dave Calhoun a refusé une prime de 2,8 millions de dollars suite à l'incident survenu en vol sur un avion d'Alaska Airlines début 2024. Un geste qui fait suite à sa récente annonce de quitter son poste d'ici la fin de l'année.
« Du fait de l'accident d'Alaska Airlines, Dave Calhoun a refusé toute perspective de recevoir une prime d'intéressement annuelle, et le conseil d'administration a accepté cette requête », a indiqué Boeing dans ce document.
« Du fait de l'accident d'Alaska Airlines, Dave Calhoun a refusé toute perspective de recevoir une prime d'intéressement annuelle, et le conseil d'administration a accepté cette requête », a indiqué Boeing dans ce document. (Crédits : Reuters)

Voilà un geste qui ressemble à un mea culpa. Le patron de Boeing a refusé de recevoir une prime de 2,8 millions de dollars pour l'exercice 2023. David Calhoun, qui doit quitter son poste de directeur général à la fin de l'année, a reçu un salaire de base de 1,4 million de dollars ainsi que l'équivalent de plus de 30 millions de dollars sous forme d'actions, selon le rapport annuel de l'avionneur américain publié vendredi soir.

Mais, « du fait de l'accident d'Alaska Airlines, Dave Calhoun a refusé toute perspective de recevoir une prime d'intéressement annuelle, et le conseil d'administration a accepté cette requête », a indiqué Boeing dans ce document.

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Série d'incidents sur des 737 MAX

Car le PDG est en pleine tempête médiatique depuis l'incident du 5 janvier dernier où une porte-bouchon d'un Boeing 737 MAX 9 d'Alaska Airlines s'est détachée en vol de la carlingue, faisant des blessés légers. Cet incident, qui faisait suite à une série de problèmes de production tout au long de 2023 et à d'autres soucis sur des avions en exploitation, a notamment entraîné le lancement par l'Agence américaine de l'aviation civile (FAA) d'un audit sur le contrôle qualité de l'avionneur.

De plus, un nouvel incident a eu lieu cette semaine. La FAA a ouvert une enquête après un problème survenu jeudi soir sur un Boeing 737 de la compagnie américaine Southwest, qui a signalé un « incident moteur » juste avant son décollage. « Le vol Southwest Airlines 1928 a annulé son décollage et est retourné au terminal de l'aéroport international Lubbock Preston Smith, au Texas, (...) après que l'équipage a signalé des problèmes de moteur », a indiqué le régulateur, précisant que l'incident s'était produit vers 17H45 locales (00h45 heure de Paris).

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Le vol a été « interrompu en toute sécurité » et « l'avion est retourné à la porte d'embarquement par ses propres moyens », a poursuivi la compagnie, qui a acheminé les 154 passagers à leur destination jeudi soir à bord d'un autre appareil. Selon un enregistrement des échanges entre la tour de contrôle et le cockpit, disponible sur un site spécialisé et consulté par l'AFP, le pilote évoque une « surchauffe des freins (et) un incendie au niveau du moteur gauche ».

Gros changements à la tête de Boeing

Cette série d'incident a provoqué un véritable tremblement de terre chez le constructeur. Boeing a enregistré une baisse de 29% de ses livraisons en janvier, avec 27 avions. Depuis le début de l'année, l'avionneur a livré 54 appareils, dont 42 de son modèle 737 MAX.

Pour tenter de faire repartir la confiance dans ses avions, Boeing a décidé de faire le grand ménage dans sa direction. Le 25 mars, le groupe a annoncé le départ de Dave Calhoun fin 2024, dans le cadre d'un remaniement plus vaste à la tête de l'avionneur. Il avait été nommé pour redresser Boeing après le crash de deux 737 MAX 8, à cause de défauts de conception, en 2018 et en 2019 (346 morts).

L'accident d'Alaska Airlines « montre que Boeing a encore beaucoup de travail à faire », reconnaît le constructeur dans son rapport annuel. « Mais le conseil d'administration estime que Dave Calhoun a réagi à cet événement de la bonne manière, en assumant la responsabilité de l'accident, en échangeant de manière transparente et proactive avec les régulateurs et les clients et en prenant des mesures importantes pour renforcer le contrôle qualité de Boeing », a-t-il poursuivi. Par ailleurs, le constructeur a modifié son programme pour 2024 de rémunération et de bonus à long terme pour tenir compte de l'incident du 5 janvier. Ainsi, notamment, le bonus prévu pour le directeur général en cas de concrétisation de certains objectifs a été abaissé de 38% à 17 millions de dollars.

Outre Dave Calhoun, Boeing annonce le départ de Larry Kellner, président du conseil d'administration indépendant, en poste depuis fin 2019. Il sera remplacé par Steve Mollenkopf. Enfin, Stan Deal, directeur général de Boeing Commercial Airplanes - la principale division du constructeur, chargée des avions commerciaux - prend sa retraite après 38 ans passés au sein du constructeur américain. Il est remplacé avec effet immédiat par Stephanie Pope.

Spirit Aerosystems aussi dans le collimateur de la FAA

Un sous-traitant de Boeing est lui aussi dans le collimateur de la justice américaine. Le parquet général du Texas a ouvert une enquête visant Spirit Aerosystems qui manufacture les fuselages et d'autres grandes pièces rentrant dans la structure des appareils, dont l'avion vedette de Boeing, le 737.

« Des défauts apparents de fabrication ont conduit à de nombreux incidents inquiétants ou dangereux » sur des modèles de 737, a détaillé le procureur général texan Ken Paxton, dans un communiqué fin mars. Plusieurs enquêtes ont été lancées, mettant en évidence des problèmes récurrents de « non-conformité ».

La justice demande maintenant à Spirit AeroSystems de produire « des documents correspondant au traitement des défauts dans ses produits », et outre le contrôle qualité, l'enquête s'intéresse aussi à son mode d'organisation et de direction. « Je considérerai comme responsable toute entreprise qui échoue à garantir les normes légales requises et ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour m'assurer que les constructeurs prennent la sécurité des passagers au sérieux », a souligné le procureur Ken Paxton, dans son communiqué.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 06/04/2024 à 18:57
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"Un geste qui fait suite à sa récente annonce de quitter son poste d'ici la fin de l'année." Comme le dit l'adage, les promesses n'engangent que ceux qui y croient... En effet, tout porte à croire que cette annonce n'est qu'une manoeuvre pou...

à écrit le 06/04/2024 à 11:45
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Quand on a du sang sur les mains c'est la moindre des choses, l'honneur voudrait qu'il démissionne mais ça fait longtemps qu'ils n'ont plus d'honneur tout ces gens là. Nietzsche nous avait prévenu seuls ceux qui avaient de l'esprit auraient du posséd...

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