Boeing dit ne pas avoir la documentation concernant les travaux sur la porte du 737 MAX-9 qui s’est arrachée en plein vol

Boeing a indiqué à l'agence américaine de sécurité des transports (NTSB), qui enquête sur l'incident survenu sur un avion d'Alaska Airlines en janvier, ne pas avoir de documentation sur les travaux effectués sur la porte-bouchon qui s'était arrachée en plein vol, a fait savoir mercredi la patronne de l'agence.
L'enquête du NTSDB, l'agence américaine de sécurité des transports, sur le Boeing 737 MAX-9 d'Alaska Airlines, met à jour des pratiques du constructeur pour le moins surprenante.
L'enquête du NTSDB, l'agence américaine de sécurité des transports, sur le Boeing 737 MAX-9 d'Alaska Airlines, met à jour des pratiques du constructeur pour le moins surprenante. (Crédits : JASON REDMOND)

Le vol d'Alaska Airlines, qui a frôlé la catastrophe début janvier après avoir vu l'une de ses portes s'arracher en plein vol, n'a pas fini de surprendre. Alors que l'industrie aéronautique est censée être l'un des secteurs d'activité les plus surveillés de la planète avec une traçabilité des pièces et des opérations extrêmement pointilleuses, l'enquête du NTSDB, l'agence américaine de sécurité des transports, sur le Boeing 737 MAX-9 d'Alaska Airlines, met à jour des pratiques du constructeur pour le moins surprenante. Et pour cause : Boeing a indiqué au NTSDB ne pas avoir de documentation sur les travaux effectués sur la porte de l'avion incriminée, alors que, selon le rapport préliminaire de l'agence, publié le 6 février, quatre boulons censés bloquer cette porte-bouchon étaient manquants après avoir été retirés pour effectuer des réparations dans l'habitacle de l'avion entré en service en novembre.

Manque de coopération de Boeing

C'est ce qu'a indiqué mercredi Jennifer Homendy la patronne du NTSB dans un courrier adressé à Maria Cantwell, présidente de la commission sénatoriale sur le Commerce et le Transport. Pour rappel, cette porte dite « bouchon » servait à boucher une issue et n'avait pas vocation à être ouverte, ce modèle possédant déjà suffisamment de sorties de secours dans cette configuration.

« A ce jour, nous ne savons toujours pas qui a réalisé les travaux pour ouvrir, réinstaller et refermer la porte-bouchon sur l'avion accidenté », a-t-elle expliqué. Auditionnée par cette commission il y a une semaine, elle avait déjà pointé un manque de coopération du constructeur américain dans cette enquête. « Boeing n'a pas fourni les documents et les informations que nous avons réclamés à plusieurs reprises au cours des deux derniers mois », avait-elle affirmé.

Lire aussiBoeing: procédures de sécurité et de qualité renforcées en attendant un plan d'action complet

 « Nos enquêteurs ont demandé verbalement les vidéos des caméras de surveillance » pour identifier les personnes étant intervenues sur cet équipement, qui s'est détaché en vol de la carlingue, « mais, on les a informés que les vidéos avaient été effacées » par d'autres enregistrements, écrit-elle, en assurant que « l'absence de cette documentation va compliquer la progression de l'enquête ». L'Agence a prévu des auditions d'investigation les 6 et 7 août afin d'obtenir les informations nécessaires pour faire toute la lumière sur cet incident.

Un responsable de Boeing a expliqué que les enregistrements vidéo étaient conservés pendant trente jours, comme il est coutume de le faire. Or, par déduction, en particulier à partir d'emails, de photos et de SMS, l'Agence commence « à avoir une idée » sur la date d'intervention sur la pièce incriminée, autour de « mi-septembre », avait indiqué la semaine dernière Jennifer Homendy.

 « Nous continuerons de soutenir cette enquête de manière transparente et proactive comme nous soutenons toutes les enquêtes des régulateurs sur cet accident », a réagi Boeing mercredi, assurant avoir « travaillé intensément pour respecter les règles concernant la remise » de toute documentation, « dans un environnement d'intense intérêt (...), et nous poursuivrons nos efforts en la matière ».

25 personnes travaillaient à ce poste

Si le chef d'équipe a bien été identifié peu après l'incident, il est en arrêt maladie. Après des demandes sur l'évolution de son état, les enquêteurs ont été informés par son avocat qu'il n'était pas en mesure de fournir une déclaration ni d'être interrogé, a-t-elle ajouté, en précisant que Boeing avait « transmis le nom de personnes "susceptibles" de donner des informations ». Ce n'est qu'après son audition du 6 mars que la NTSB a obtenu la liste des 25 personnes de l'équipe travaillant à ce poste à l'usine d'assemblage de Boeing à Renton (Etat de Washington, nord-ouest).

Le 12 mars, Boeing a enjoint à ses employés d'appliquer les « actions immédiates » destinées à renforcer la qualité et la sécurité de ses opérations.

« Ces actions figurent au centre du plan complet que nous allons bientôt remettre à la FAA », la direction fédérale de l'aviation civile américaine avait déclaré Stan Deal, responsable de la branche d'aviation commerciale de Boeing, en référence au document que l'avionneur doit remettre au régulateur dans les 90 jours pour à ce qu'il a qualifié de « problèmes systémiques de contrôle qualité ». Ces actions vont s'ajouter aux mesures prises ces dernières semaines, notamment des inspections additionnelles.

Le quotidien New York Times, se référant à des documents internes, rapporte mardi que 89 points ont été audités par la FAA et que Boeing a échoué sur 33 d'entre eux, avec 97 problèmes de non-conformité identifiés. Il cite l'exemple d'une carte magnétique d'hôtel utilisée pour vérifier le joint de fermeture de la porte d'un avion et du liquide vaisselle en guise de lubrifiant pour l'installer.

De son côté, la commission a conclu que le dispositif de Boeing en matière de sécurité présentait des lacunes, relevant notamment des procédures « complexes » semant parfois la « confusion » chez les salariés. Elle a édicté 53 recommandations pour remédier aux 27 constatations insatisfaisantes.

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Commentaires 7
à écrit le 14/03/2024 à 22:12
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Vous êtes tout de même suprêmement ridicules tous les deux ! C'est fou de s'y connaître aussi peu et d'avoir un avis aussi tranché sur la question, qui plus est complexe, de la sécurité aérienne. Les industriels aéronautiques utilisent les méthodolog...

à écrit le 14/03/2024 à 14:01
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J'ai connu des artisans qui avaient des procédures qualité plus rigoureuses que celles de Boeing....

à écrit le 14/03/2024 à 10:38
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@ hélios: vote commentaire à charge n est pas intègre intellectuellement : on n’a jamais vu une entreprise publique frauder sur les cotisations sur les impôts de société ou ne pas déclarer les avantages en nature à l urssaf que perçoivent ses salarié...

à écrit le 14/03/2024 à 8:05
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Il serait temps d'avertir les gens que le transport aérien est de moins en moins sûr.

le 14/03/2024 à 9:12
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un niveau de lâcheté des dirigeants qui est lasse est devenue la norme au plus haut niveau il ne sont en fonction que pour la remuneration pas pour assume leurs responsabilité nous avons en france le meme probleme avec les entreprises de l'etat ou...

le 14/03/2024 à 9:22
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Le transport aérien n'a jamais été sûr ; cette légende urbaine relève d'un malentendu savamment entretenu à l'aide de statistiques présentées de façon trompeuse. Il faut quand même être complètement cruche pour confier sa vie aux milliers d'inconnus ...

le 14/03/2024 à 9:50
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Il n'a jamais été complètement sûr du fait de cette formidable règle sur les probabilités parlant d'un fer à repasser qu'on fait voler en plus en effet mais quand même avec tout ces avions dans le ciel il faut bien reconnaitre que jusqu’à l'avènement...

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