Remodelage industriel en vue chez Airbus. L'avionneur européen travaille sur la mise en place d'un nouveau système industriel. Guillaume Faury, le directeur général d'Airbus, l'a évoqué ce jeudi, lors de la publication des résultats financiers de l'exercice 2020. Le thème "Préparer l'écosystème industriel à la reprise du marché" figurait en effet en haut de la liste des "priorités" de l'année présentée aux analystes financiers.
"Nous travaillons au renforcement de notre outil industriel pour préparer notre avenir à court et long terme. Nous devons poursuivre la transformation de notre chaîne de valeur industrielle pour la rationaliser et la simplifier afin d'améliorer la qualité, la compétitivité et la durabilité de notre écosystème interne", a-t-il ajouté plus tard en visioconférence de presse.
"Core business"
Airbus va notamment définir les activités considérées comme essentielles, et celles qui ne le sont pas; celles qui resteront en interne et celles qui peuvent être sous-traitées. Et dans cette transformation industrielle qui se profile, Guillaume Faury a fourni un exemple concret d'activité jugée essentielle : les aérostructures, qui regroupent les différents éléments de la structure d'un avion (fuselage, ailes...). Et notamment l'assemblage.
"Nous considérons l'assemblage d'aérostructures comme une activité essentielle pour Airbus. Nous devons également reconsidérer nos activités de logistique et de planification, qui sont la clé d'un système industriel robuste et résistant (...). Cette activité est essentielle pour nous. Nous pensons qu'elle doit rester au sein d'Airbus", a-t-il déclaré, en rappelant que ce marché des aérostructures était "fragmenté et complexe".
Avant crise, ce marché des aérostructures était composé d'une kyrielle d'acteurs de toute taille, allant de quelques millions de dollars pour les plus petits, à plusieurs milliards dans le cas du leader du marché, Spirit. Outre Stelia, la France compte également d'autres acteurs dans ce domaine comme Latécoère et Daher.
Marche arrière
En arrêtant ce choix, le constructeur aéronautique fait donc machine arrière. En 2009, après avoir échoué à vendre ses usines d'aérostructures (Méaulte et Saint-Nazaire en France) comme le prévoyait le plan de restructuration Power 8 en 2007-2008, Airbus avait placé ces activités dans deux filiales détenues à 100% : Premium Aerotec en Allemagne et Aerolia en France, laquelle, à l'issue de sa fusion en 2015 avec Sogerma, est devenue Stelia Aerospace. L'idée à l'époque était de filialiser ces activités dans le but de les vendre, afin de se concentrer sur la conception, l'intégration de systèmes et l'assemblage final des avions. Mais ces deux filiales n'ont jamais été vendues. Elles ne le seront pas. Le panneau "à vendre" est retiré.
Pour justifier cette décision, Guillaume Faury met en avant le besoin d'amélioration de la compétitivité du groupe, mais aussi la place centrale qu'auront les aérostructures dans la construction de l'avion du futur où le lien entre conception et production sera renforcé.
"Nos futurs avions auront des architectures différentes, avec de nouvelles énergies, un système de propulsion différent.... L'aérostructure sera donc une partie importante de l'avion en termes de nouvelle architecture, de "digital design and manufacturing", donc de connexion entre le design et le système industriel de l'aérostructure. Nous pensons donc que cela doit rester dans Airbus".
Reste à voir sous quelle forme cette activité restera dans la future organisation industrielle du groupe. Reste à savoir également si Airbus voudra à l'avenir faire grossir cette activité par des acqusitions.
Concernant les usines britanniques de Broughton et Filton, spécialisées dans la fabrication des ailes, Guillaume Faury a indiqué qu'elles avaient un rôle très important à jouer pour Airbus, malgré le Brexit.
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