Ariane 6, chronique d'un retard caché et enfin annoncé

Sans surprise le vol inaugural du futur lanceur lourd de l'Europe ne pourra pas avoir lieu fin 2022. Certains tests ont pris du retard, selon l'Agence spatiale européenne (ESA). Ariane 6 volera pour la première fois en 2023.
Michel Cabirol
L'Europe attendra 2023 pour voir le premier vol d'Ariane 6 à Kourou
L'Europe attendra 2023 pour voir le premier vol d'Ariane 6 à Kourou (Crédits : ArianeGroup)

Le nouveau retard d'Ariane 6 n'est pas une surprise. Depuis plusieurs mois, ceux qui sont au plus près du programme (ESA, CNES, ArianeGroup et Arianespace ainsi que les fournisseurs et les États) savaient que le calendrier n'était pas tenable pour un premier vol en 2022. Pourtant, tous répétaient à l'envi que ce premier vol aurait lieu cette année. La seule incertitude était donc de savoir qui allait annoncer ce retard et quand. C'est donc le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA) Josef Aschbacher, qui au détour d'une interview accordée le 13 juin à la BBC, a reconnu sans pourtant avoir y été invité, que le futur lanceur européen n'effectuerait son premier vol qu'en 2023. Un nouveau calendrier sera communiqué le 13 juillet, explique-t-on à l'ESA. "Nous devons passer par un certain nombre de tests importants pour avoir suffisamment confiance" dans notre nouveau calendrier, précise-t-on.

C'est donc le deuxième report du premier vol d'Ariane, qui était initialement programmé en 2020. A l'époque, la pandémie du Covid-19 avait naturellement été la coupable désignée. La ficelle était  grosse... mais plus c'est gros, plus ça passe. Pour un lanceur, qui devait être développé rapidement en reprenant des concepts plus ou moins éprouvés, comme le vantaient en 2014 Airbus et Safran, c'est raté dans les grandes largeurs. Un retard qui arrive au pire moment avec l'arrêt de Soyuz à Kourou et à Baïkonour (11 lancements à recaser) en raison de l'invasion russe en Ukraine, la fin programmée d'Ariane 5 (plus que cinq lancements) et les incertitudes du premier vol de Vega C. "Les clients font vraiment la queue au comptoir d'Arianespace", constate-t-on au sein de l'ESA. Notamment Amazon et les clients institutionnels.

Pourquoi ce nouveau retard

Ce nouveau report est lié à des retards sur le programme d'essais. "Nous progressons bien mais il reste encore des étapes à franchir", selon l'ESA. Les tests à feu de l'étage supérieur du lanceur, dont le moteur est réallumable, prévus à Lampoldshausen (Allemagne), ont notamment connu des "difficultés". "Nous sommes maintenant sur la dernière ligne droite avant ces tests", assure-t-on. Les deux étages du lanceur, arrivés à Kourou, en Guyane, s'apprêtent en outre à commencer les essais combinés avec le pas de tir, autre étape clé du processus de qualification du système. "Nous avons encore des sujets techniques brûlants et ces sujets techniques brûlants doivent être surmontés", fait-on observer au sein de l'Agence spatiale.

Michel Cabirol

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Commentaires 11
à écrit le 19/06/2022 à 8:08
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La bariere linguistique tjrs persiste entre Allemagne France Italie etc.Aucune competivite par rapport aux americains avec ces projets amicales.

à écrit le 18/06/2022 à 15:50
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Bonjour, Ils y a bien longtemps que l'Europe a bradé sa souveraineté spécial ou militaire... Cela est bien regrettable... Mais nous récoltons nos faiblesse et notre absence de courage... Bien sûr ils ne faut pas le dire...

à écrit le 18/06/2022 à 11:25
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Envoyer toutes les fusées et autres engins dans l'espace ne pollue pas, ne dérègle rien.Et nous avec nos voitures,nos vaches qui pètent etc.sommes des pollueurs !.

à écrit le 17/06/2022 à 12:45
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@TinTin Arianespace n'avance sur rien ! Ariane 6 est obsolète, Oneweb, Cosmo SkyMed (Italie) et n'oublions pas la prochaine mission SARah-1 (Allemagne) tous pilotant Spacex sans l'aide de la NASA. Tous les fonds européens échangent leurs mains avec...

le 17/06/2022 à 20:18
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"Oneweb, Cosmo SkyMed (Italie) et n'oublions pas la prochaine mission SARah-1 (Allemagne) " parfait exemple de la schizophrénie de l'industrie européenne de l'espace qui favorise un concurrent. Permettez que l'on vous rappelle que Space X pratique de...

à écrit le 17/06/2022 à 12:09
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Si vous imaginez que Space X avance sans la bénédiction et l'aide de la NASA c'est croire à Oui Oui au pays des merveilles. Quant à l'ESA elle n'a vocation à battre personne, ni la NASA si les entreprises US, relisez ses statuts c'est instructif....

le 17/06/2022 à 16:51
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@TinTin Arianespace n'avance sur rien ! Ariane 6 est obsolète, Oneweb, Cosmo SkyMed (Italie) et n'oublions pas la prochaine mission SARah-1 (Allemagne) tous pilotant Spacex sans l'aide de la NASA. Tous les fonds européens échangent leurs mains avec...

à écrit le 17/06/2022 à 11:59
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@TinTin n'oublions pas que ce sont des gens comme Stéphane Israel, André Hubert Roussel, Alain Charmeau, Jan Worner et d'autres qui ont ridiculisé Musk en affirmant que son entreprise était vouée à l'échec depuis le début. L'American Musk a accepté ...

à écrit le 16/06/2022 à 23:30
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Encore un projet franco allemand incopetitive commes des helicopteres NH-90, Tigre des reacteurs ERP etc.

le 17/06/2022 à 8:30
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Quand Space X connaît un échec tout le monde applaudit en expliquant que c'est la méthode pour progresser, quand il s'agit d'Arianespace tout le monde vocifère en les traitant de nuls....Il faudrait s'interroger également sur le poids des agences dan...

le 17/06/2022 à 10:00
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On doit s'interoger prémierement quand la France aura ses homes des business comme Elon Musk et des investisseurs privées qui vont investir dans les projets spaciales.Musk a batu Nasa qui est une agence spaciale d'un seul pays.Deuxieme question qu'on...

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