Armées : le plan de relance Macron peut-il s'inspirer du plan Fillon ?

En 2009, le plan Fillon avait permis de sauvegarder au moins 5.600 emplois dans les entreprises de défense. Le ministère de la Défense avait alors lancé 28 opérations pour un coût total de 1,62 milliard d'euros.
Michel Cabirol
En 2009, le ministère de la Défense avait lancé 28 opération pour un coût total de 1,62 milliard d'euros, dont 1,09 milliard pour l'équipement des forces pour tenter de limiter les effets de la crise financière de 2008.
En 2009, le ministère de la Défense avait lancé 28 opération pour un coût total de 1,62 milliard d'euros, dont 1,09 milliard pour l'équipement des forces pour tenter de limiter les effets de la crise financière de 2008. (Crédits : Reuters)

Il y a eu déjà un précédent. Le ministère des Armées, qui réfléchit à un plan de rebord s'intégrant dans celui préparé par le ministère de l'Économie, peut s'appuyer sur le plan de relance de l'économie (PRE) du gouvernement Fillon de 2009, qui avait servi à limiter les effets de la crise financière de 2008. Le ministère de la Défense avait alors lancé 28 opérations pour un coût total de 1,62 milliard d'euros, dont 1,09 milliard pour équiper les forces (programme budgétaire 146). "Le volet Défense du PRE a joué, pour les quelque 25 entreprises maîtres d'œuvre qui ont contribué à sa réalisation, le rôle qui lui avait été dévolu de soutien de l'activité et de l'emploi", avait alors expliqué un rapport du ministère de la Défense (Comité des prix de revient des fabrications d'armement).

"Les crédits ouverts ont été intégralement consommés (les derniers début 2011). Si l'on apprécie le montant des dépenses consenties (1,23 milliards d'euros) et celui des économies attendues (918 millions d'euros) du fait de l'anticipation des dépenses sur la LPM (Loi de programmation militaire) et la suivante, le coût budgétaire du PRE est de l'ordre de 300 millions d'euros".

Concrètement, "un impact a pu être constaté en matière d'emploi, puisque 5.600 emplois équivalents temps pleins ont été identifiés chez les industriels majeurs pour répondre au plan de charge créé par le PRE", avait observé le CPRA. Il n'avait pas pris en compte l'activité des nombreux sous-traitants. En outre, un prolongement a même pu être donné au plan, puisque la fourniture du 3e BPC à la marine française a permis à DCNS (devenue depuis Naval Group) d'obtenir un contrat à l'exportation (Russie). In fine, une bonne vieille politique keynésienne a toujours des effets positifs non négligeables.

"Ces crédits représentaient 3,39 % des crédits inscrits en loi de finances initiale pour l'ensemble du ministère et 5,23 % de ceux du programme 146", avait précisé le Comité des prix de revient des fabrications d'armement (CPRA).

Quels programmes ?

Parmi les opérations lancées, six (3e BPC, cinq hélicoptères Caracal, dernières livraisons du VBCI, livraison avancée de trois Rafale, satellite Syracuse et quatre engins de débarquement amphibie-EDA) avaient bénéficié des trois quarts des crédits. Trois n'étaient pas prévues au cours de la LPM en cours (Caracal et Aravis), ou même seulement en fin de LPM suivante (BPC). Certains programmes ont connu une accélération de leur production (Rafale, VBCI, petits véhicules protégés- PVP), une anticipation de commandes (BPC et EDA), ou ont permis d'équiper les opérations extérieures (Leurres pour hélicoptères, munitions Tigre, matériels optroniques, groupes électrogènes, nouvelles fonctionnalités Rafale et drones SDTI), notamment en Afghanistan.

"Pour un tiers des opérations, il a conforté un financement qui aurait été insuffisant (notamment pour le Rafale et le VBCI) et pour les deux tiers restants, il a servi à des opérations nouvelles, utiles notamment pour l'Afghanistan (c'est le cas par exemple de l'Aravis, qui a permis de remplacer l'AMX 10P et dont les utilisateurs sont très satisfaits). On peut souligner que la part dévolue aux équipements destinés à l'armée de terre s'est élevée à 30 %, alors qu'habituellement dans la loi de finances annuelle, celle-ci est plus proche de 20 %", avait alors expliqué le CPRA.

Près d'une dizaine d'opérations relevaient d'un programme à effet majeur (BPC, Rafale, Caracal, PVP, VBCI, pré-développement de Musis, rétrofit du Falcon AUG...) tandis que les autres étaient de plus petites opérations.

Un bilan « intéressant »

Selon le CPRA, le plan de relance a eu "un effet intéressant pour le ministère de la défense et sa réalisation est dans l'ensemble satisfaisante". Il a également "bénéficié d'une bonne complémentarité entre les structures chargées de son animation et de son déroulement, notamment le comité de pilotage interministériel et la direction générale de l'armement". La recherche de concurrence a été "volontairement restreinte dans certaines opérations" pour respecter les délais. "Ce qui a pu entraîner une moins bonne maîtrise des coûts", avait fait observer le CPRA.

Pour un tiers des opérations, il a conforté un financement qui aurait été insuffisant, pour le Rafale et le VBCI notamment. Pour les deux tiers restants, il a servi à des opérations nouvelles, utiles notamment pour l'Afghanistan, l'Aravis ayant remplacé l'AMX 10P. En outre, "l'exigence de rapidité d'exécution a été respectée", avait estimé le CPRA. Ce dernier, qui a dissous par Jean-Yves Le Drian, avait averti que "dans certains cas elle a conduit à ne pas prévoir le maintien en condition opérationnelle des équipements acquis grâce au PRE, alors que ce dernier aura un poids financier important dans le futur". Le ministère des Armées devra s'en souvenir...

Michel Cabirol

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Commentaires 3
à écrit le 08/05/2020 à 17:42
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Il faut remonter la TVA de 2 % pour que toute la population à quelque niveau qu'elle se trouve, participe à l'effort de "guerre". Car beaucoup de population a bénéficier d'aides exceptionnelles ces temps-ci. La TVA est un impôt juste, car il touche t...

à écrit le 08/05/2020 à 17:41
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Il faut remonter la TVA de 2 % pour que toute la population à quelque niveau qu'elle se trouve, participe à l'effort de "guerre". Car beaucoup de population a bénéficier d'aides exceptionnelles ces temps-ci. La TVA est un impôt juste, car il touche t...

le 08/05/2020 à 18:05
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oui mais non... Si il est un impôt que l'on peut considérer comme injuste pour ce qui concerne la consommation, c'est bien la TVA, taxe linéaire pour tout le monde... 2% de TVA chez vous ou chez moi ou chez celui qui cherche une nouvelle voiture de...

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