Constellation Galileo : le monstrueux dilemme de Thierry Breton (et de la France)

La constellation Galileo va-t-elle dépendre du bon vouloir des États-Unis pour rester en service au-delà de 2024 ? Thierry Breton va devoir trancher cet automne : choisir SpaceX pour lancer en 2024 ou attendre un vol d'Ariane 6 en 2025.
Michel Cabirol
La constellation Galileo comprend aujourd'hui 28 satellites en orbite, dont certains sont en fin de vie
La constellation Galileo comprend aujourd'hui 28 satellites en orbite, dont certains sont en fin de vie (Crédits : Cnes)

C'est un des dossiers explosifs et extrêmement compliqués de la rentrée à traiter par  Thierry Breton. Le commissaire européen au marché intérieur, en charge du spatial, et notamment des infrastructures spatiales européennes Galileo et Copernicus, va devoir trancher très probablement cet automne : lancer dès 2024 les prochains satellites de la constellation Galileo sur un lanceur Falcon 9 de l'américain SpaceX ou attendre 2025 un vol dédié pour le système mondial de navigation par satellite sur Ariane 6. Un vrai dilemme pour Thierry Breton.

Si l'Europe spatiale en est arrivée à cette situation très inconfortable, c'est en raison de l'arrêt de Soyuz en Guyane par les Russes fin février 2022 en réponse aux sanctions occidentales après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. La constellation comprend aujourd'hui 28 satellites en orbite. Les 10 satellites de la première génération restants devaient être lancés en 2022, 2023 et 2024, notamment par Soyuz. Cela n'a pas été le cas en raison du conflit russo-ukrainien et des retards d'Ariane 6, qui devait être opérationnelle en 2020. Le premier vol est attendu début 2024

Que des coups à prendre

Pour Thierry Breton, il n'y a finalement que des coups à prendre : passer un contrat avec SpaceX va être horriblement compliqué à justifier à l'opinion publique pour ce qui est l'un des systèmes souverains les plus emblématiques de l'Europe ; mais attendre 2025, c'est également prendre le risque de voir les services du système Galileo s'interrompre compte tenu de la durée de vie (12 ans environ) des premiers satellites IOV (Airbus) lancés en 2011, puis en 2012. Il est impératif de lancer deux fois en 2024, explique-t-on à La Tribune. En service depuis fin 2016, ce système performant fournit un service de positionnement, de navigation et de synchronisation horaire à plus de trois milliards d'usagers dans le monde entier. Ce serait une catastrophe pour Galileo, qui est devenu une référence mondiale dans ce domaine. Le système pourrait perdre alors une grande partie de sa légitimité auprès des usagers.

Pour l'heure, Arianespace a son manifeste de vols complet en 2024 pour Ariane 6 et il n'est pas question de faire de la place à un vol Galileo. A moins que l'État français, qui joue pour le moment la montre, se réveille et demande à ArianeGroup de faire une place au système de positionnement européen. Il y avait également une option avec le Japon mais les retards du lanceur H3 de Mitsubishi Heavy Industries, conçu pour remplacer les lanceurs H-IIA et B, sont rédhibitoires pour assurer les lancements Galileo. Il a même été envisagé d'étudier l'option Vulcan d'United Launch Alliance, entreprise commune entre Boeing et Lockheed Martin, mais elle a été très rapidement abandonnée.

SpaceX, la seule option ?

Fortement poussé par l'Agence spatiale européenne (ESA), qui n'a pas d'état d'âme sur le principe de souveraineté, Thierry Breton étudie donc l'opportunité de signer un contrat pour deux lancements avec SpaceX, selon nos informations. Pour monter à bord de Falcon 9, l'Union européenne (et donc les États membres) doit d'abord signer avec les États-Unis un accord de sécurité pour pouvoir lancer ses satellites Galileo depuis le sol américain. Pour autant, les États-Unis, qui se sont longuement opposés à Galileo au début du programme, ont-il l'envie de donner un coup de pouce au concurrent le plus sérieux du GPS ? Et finalement Ariane 6, poussée par l'État français, peut-elle sauver Galileo de ce mauvais karma ?

Michel Cabirol

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Commentaires 25
à écrit le 05/09/2023 à 10:45
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Avril 2023 : Une première mondiale: une équipe du groupe français Thales a réussi à prendre le contrôle d'un satellite en orbite. Dans le cadre d'un exercice organisé par le CYSAT, le rendez-vous européen de la cybersécurité dans l'industrie spati...

le 05/09/2023 à 11:29
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Hacker une charge utile que l'on a réalisée et qui est explicitement prévue pour recevoir des logiciels de partenaires est effectivement un exploit.....(MDR)

à écrit le 05/09/2023 à 10:02
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Monstrueux, stratosphérique, méga hyper, délirant, etc..... Autant de termes décalés dans votre revue !! Termes bons pour une revue destinée aux enfants, et encore. Talleyrand disait : tout ce qui est exagéré est insignifiant !! Un très grand homme...

à écrit le 04/09/2023 à 22:35
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SpaceX est financé sans limite en concurrence parfaitement déloyale par la militaire américaine.

à écrit le 04/09/2023 à 22:16
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Le monstrueux dilemme de la France n'est nullement l'espace, c'est : l'abaya !

à écrit le 04/09/2023 à 22:12
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Le monstrueux dilemme de la France n'est nullement l'espace, c'est : l'abaya !

à écrit le 04/09/2023 à 17:19
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Les résultats du gonflement d'ArianeSpace avec l'argent de l'État pour tous les fonds de développement en plus des subventions d'exploitation annuelles sont enfin apparents pour tout le monde. Les poulets proverbiaux sont rentrés à la maison pour s'y...

à écrit le 04/09/2023 à 15:56
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Sinon on peut arrêter avec les sanctions russes qui n’impactent que nous même, et ils reprennent l’envoie des souyous….

à écrit le 04/09/2023 à 14:59
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Je ne vois pas où est le problème et Thierry Breton non plus : on lace avec Ariane des satellites étrangers donc pourquoi avoir des états d'âme a lancer via SpaceX nos satellites? Les USA sont des alliés, ce n'est pas non plus la Corée du nord Russie...

le 04/09/2023 à 15:23
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@Nicolas, la France n'est pas la Corée du Nord ni la Chine, les opinions contraires aux vôtres sont encore permises. Quant á dire que les États-Unis sont nos alliés, c'est á mourir de rire. "Être ennemi des États-Unis est dangereux, être leur allé es...

le 04/09/2023 à 16:06
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"Les USA sont des alliés, ce n'est pas non plus la Corée du nord Russie ou chine? " Le 26 août , La NASA et SpaceX ont envoyé quatre astronautes vers la Station spatiale internationale ,une Américaine, un Danois, un Japonais et un Russe sont parti...

à écrit le 04/09/2023 à 14:29
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C'est Thierry BRETON qui va décider ?: que Dieu nous vienne en aide.... En fait, il faudrait mobiliser l'ensemble des Dieux disponibles sur Terre, tellement il est le représentant de la médiocratie française... Il n'y a qu'à voir ce qu'est devenu A...

le 04/09/2023 à 23:23
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atos au contraire ne s'est jamais aussi bien portée que sous sa decennie de presidence. Ses problemes et sa chute delirante en bourse ont justement commencé comme par hasard 1 an et demi apres son depart car contrairement a ce que vous pouvez penser ...

à écrit le 04/09/2023 à 10:39
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M Breton vient de découvrir l'eau froide, pauvre petit poussin . Les même qui ont vendu la France en pièces d'étanchées font semblant de découvrir que la France n'est plus souveraine à cause de décisions et de trahisons faite par eux même. J'atten...

le 04/09/2023 à 23:23
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rarement lu un commentaire autant a coté de la plaque

à écrit le 04/09/2023 à 9:58
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Et si on virait les responsables de ce retard tout simplement ? On y gagnerait déjà ! Responsables du haut de la pyramide bien entendu et non du bas sinon c'est toujours comme la lutte contre la drogue à savoir on met en taule Kevin pendant que les g...

le 04/09/2023 à 10:23
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Va falloir virer qq têtes au CNES.; ca fera le bonheur de vos amis Allemands..Les politques n'y comprennent pas grand chose à part répéter que l'espace est stratégique. Les décisions du type de lanceurs, réutilisable vs Ariane 6, elles sont inspirées...

le 04/09/2023 à 11:19
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C'est plus le CNES ou Airbus qui dirige la manouvre maintenant . actuellement c'est ESA (Agence spatiale européenne) . A beh oui , ça explique pourquoi ça marche plus et que les US ont la main mise sur nos intérêts sensibles et majeurs.

le 04/09/2023 à 13:57
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L'ESA depuis longtemps certes, mais l'opposition aux lanceurs renouvelables vient à l'origine de la F et du CNES. Il y a plus de 10 ans, et c'était pour éviter de mettre en péril les sites de production français, Vernon notamment. Comme l'ESA marche ...

le 04/09/2023 à 13:58
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L'ESA depuis longtemps certes, mais l'opposition aux lanceurs renouvelables vient à l'origine de la F et du CNES. Il y a plus de 10 ans, et c'était pour éviter de mettre en péril les sites de production français, Vernon notamment. Comme l'ESA marche ...

à écrit le 04/09/2023 à 8:26
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pourquoi citer Macron. c est un incapable. incapable de prévoir d anticiper .toujours 1 coup ici un coup la. Est ce que les américains ont arrêté d envoyer des russes dans l espace? non. alors soyouz peut continuer à faire son contrat.. non? mais cel...

à écrit le 04/09/2023 à 8:20
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Il peut toujours choisir Soyouz qui fonctionne très bien….

le 04/09/2023 à 8:31
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pour attendre ariane 7 voir 8 ce qui est bien francais stoper un lanceur qui fonctionne sans assure le remplacement il vaut aussi pour les achats et il y a aussi la chine qui peut tout remplacer galileo devait etre en service depuis 15ans encore...

à écrit le 04/09/2023 à 7:28
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Bonjour L'arrêt de l'ariane 5 sans attente que la fusée suivant sois pleinement opérationnelle est une décision lourds de conséquences.... Bien sur , ons peux toujours trouvé des excuses....

à écrit le 04/09/2023 à 7:00
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La qualité et la performance avant tout,: tout retard est politique

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