C'est un énorme coup de tonnerre dans le spatial européen, qui fait entrer la start-up allemande Isar Aerospace un peu plus dans la cour des grands. Airbus Defence & Space a signé avec la société munichoise un contrat de lancement ferme pour un petit satellite d'observation de la Terre en orbite basse (LEO), qui sera choisi début 2022, ainsi que plusieurs options (six lancements supplémentaires, selon nos informations). Isar Aerospace doit opérer son lanceur Spectrum à partir de 2022. "Il s'agit du premier contrat pour un lancement majeur entre une société spatiale établie et une société de services de lancement européen à financement privé", a souligné Isar Aerospace dans un communiqué publié ce mercredi.
"Isar Aerospace propose une solution innovante et attractive de petits lanceurs qui complète les lanceurs moyens et grands existants en Europe. L'ajout de cette option de lancement de Kourou et de la Norvège au portefeuille d'Airbus nous permettra de continuer à fournir des solutions optimales pour répondre aux besoins de nos clients de satellites d'observation de la Terre dans le monde entier", a expliqué le patron de l'observation de la Terre, de la navigation et des satellites scientifiques d'Airbus, Philippe Pham.
Isar Aerospace a récemment signé un accord avec Andøya Space, l'opérateur de la base de lancement norvégienne. Cet accord garantit à son lanceur Spectrum un accès exclusif sur l'île Andøya pendant 20 ans. Pour les constructeurs de satellites (Airbus, Thales...), l'arrivée sur le marché d'Isar Aerospace, à condition qu'il confirme bien sûr la performance, puis la fiabilité de Spectrum, offre une flexibilité accrue grâce au futur pas de tir norvégien d'Andøya en complément du centre spatial guyanais (CSG) à Kourou. Le site d'Andøya, propice aux lancements en orbite héliosynchrone (SSO), pourra accueillir des petits lanceurs à forte réactivité et à cadence élevée. En outre, ce site n'est pas soumis a la saisonnalité des vents d'altitude contrairement à la Guyane. Isar Aerospace négocie également avec le CNES son arrivée au CSG.
Un marché de 500 millions d'euros
Selon la startup allemande, ce contrat avec Airbus montre la demande des entreprises européennes "pour une alternative flexible, rentable et purement européenne" pour la mise en orbite de satellites. La startup estime le marché de lancement de systèmes satellitaires jusqu'à 1,2 tonne en orbite basse (LEO) ainsi que des constellations à 500 millions d'euros par an. "Les entreprises du monde entier ont un énorme besoin d'accès à l'espace, mais la capacité de lancement est encore limitée, coûteuse et inflexible", a d'ailleurs souligné Alexandre Dalloneau, vice-président des opérations de mission et de lancement chez Isar Aerospace.
Dans ce cadre, Isar Aerospace vise notamment des satellites du nouveau portefeuille d'Airbus qui comprend des satellites prêts à l'emploi allant du radar optique S250 pour une constellation et du radar S250 (type satellites CO3D) jusqu'aux systèmes haut de gamme avec l'optique S950 (type Pléiades Neo). Il comprend également l'optique S450 (type PerúSAT-1 ou Merlin), anciennement connue sous le nom d'AstroBus. C'est d'ailleurs un de ses satellites qui montera à bord de Spectrum en 2022. Le lanceur italien Vega, qui doit lancer la constellation Pléiades Neo d'Airbus, a peut-être trouvé un concurrent sérieux avec le lanceur Spectrum sur un segment de marché jusqu'ici captif. Arianespace voit elle aussi se profiler un petit rival avec un gros appétit sur le marché européen. Mais pour aller en orbite, Isar Aerospace a besoin de moteurs. Il doit encore réaliser et réussir les essais du moteur Aquila.
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