Derrière le contrat Rafale qui sera mis en vigueur en juin, voire en juillet par l'Égypte, d'autres commandes pourraient être annoncées très rapidement comme la vente d'un satellite espion et deux avions ravitailleurs MRTT aux forces armées égyptiennes. Car la France s'est portée caution auprès de plusieurs établissements bancaires français - BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et CIC - non pas pour un financement de 4 milliards d'euros (30 Rafale) mais pour pour un montant total de 5,4 milliards, selon des sources concordantes. Le satellite d'observation sera fourni par Airbus Space, comme l'avait révélé La Tribune en décembre dernier, et les deux MRTT par Airbus. Enfin, Le Caire a récemment acheté quatre GM400, les redoutables radars 3D de défense aérienne à longue portée développés et conçus par Thales, selon nos informations.
Les négociations pour la vente du satellite d'observation sont une très longue histoire qui pourrait trouver peut-être son dénouement prochainement. Lors de la visite en décembre dernier en France du président égyptien, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi, il y avait déjà eu déjà l'espoir d'une avancée décisive sur ce dossier, porté par Airbus. Mais finalement il n'était pas assez mûr, notamment sur le volet du financement, pour déboucher sur un contrat, ni même sur une annonce. D'autant que certains industriels avaient alors senti une réelle gêne de certains responsables politiques français d'aborder les dossiers d'armement lors des retrouvailles entre la France et l'Égypte après une période glaciale.
Airbus et Thales puis Airbus sans Thales
L'histoire de ces négociations remonte à 2015 quand François Hollande et son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian étaient au pouvoir et surfaient sur les excellentes relations entre les deux pays. Le président égyptien exprime alors le désir de s'offrir très rapidement un satellite d'observation et un satellite de télécoms militaire auprès de Paris. L'équipe de France se met en place : Airbus DS et Thales Alenia Space (TAS), désigné à l'époque comme mandataire de l'opération par le ministère de la Défense. Les deux industriels proposent aux Égyptiens un contrat d'un montant de 1 milliard d'euros environ pour les deux satellites. En dépit de la volonté du Caire d'avancer le plus rapidement possible, les négociations trainent toutefois en longueur pendant des mois. Et la venue à Paris en décembre 2015 d'une délégation égyptienne de haut niveau pour finaliser le contrat ne permettra pas de conclure les négociations, ni même d'engager une percée décisive.
Puis, en avril 2016, Airbus DS et TAS parviennent enfin à finaliser les négociations mais pour le seul satellite de télécoms militaires. Le montant du contrat est estimé à environ 600 millions d'euros. Un accord est annoncé en marge de la visite au Caire du président de la République François Hollande en avril 2016. Le 10 mai, TAS et Airbus DS signent à Paris le contrat et, en juillet, le premier acompte est versé aux industriels. C'est la concrétisation de sept mois environ de négociations entre les deux industriels tricolores et Le Caire. Pourquoi un seul satellite ? Les Égyptiens avaient trouvé la facture des deux satellites beaucoup trop salée. Le satellite d'observation était donc remis à plus tard. Plusieurs fois annoncé à la concurrence étrangère, ce contrat pourrait finalement échoir six ans plus tard à Airbus, qui a entretemps débarqué son partenaire mais aussi rival, Thales. Mais c'est une autre histoire...
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