Arquus a remis la marche avant en 2021. Selon nos estimations, après une année 2020 où le chiffre d'affaires avait chuté à 558 millions d'euros environ (contre 620 millions environ en 2019), Arquus, qui ne communique pas ses chiffres sur ordre de la maison mère suédoise Volvo Group, a rebondi de 6% l'année dernière, à 591 millions d'euros, dont 25% à l'export. Un "rebond technique", selon les termes du PDG d'Arquus, qui reste toutefois encore en-deça de l'activité de 2019.
Objectif, 1 milliard d'euros en 2030
En 2021, l'industriel a notamment livré 119 blindés multirôles Griffon, dont certains exemplaires sont déjà allés faire leurs preuves au Sahel (Barkhane), les 20 premiers blindés de reconnaissance et de combat Jaguar, 1.200 VT4 (Véhicule Léger Tactique Polyvalent-Non Protégé), 72 VBL Ultima ainsi que 186 "tourelleaux" Hornet, petite tourelle téléopérée montée sur le toit du véhicule et sur laquelle est fixée une mitrailleuse (version T1).
En dépit de cet a-coup sévère en 2020, Emmanuel Levacher maintient l'objectif d'atteindre 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2030 pour Arquus, qui a dégagé des résultats positifs en 2021 (sans plus de commentaire). "Nous avons des perspectives de croissance modérée mais solide pour les années futures", a pourtant assuré mercredi le patron d'Arquus lors d'une conférence de presse. En 2022, le groupe va livrer 116 Griffon, 18 Jaguar, 120 VBL Ultima, 1.134 VT4 et, enfin, 243 tourelleaux Hornet.
Des commandes comme objectif prioritaire
L'objectif de 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2030 pourrait s'avérer inatteignable si le constructeur de blindés légers ne fait pas décoller ses prises de commandes. L'an dernier, elles ont plafonné à un niveau particulièrement bas à 343 millions d'euros, dont seulement 68 millions à l'export à destination d'une petite demi-douzaine de pays. C'est trop peu comme l'illustre le book-to-bill (ratio commandes sur chiffre d'affaires) très, très médiocre. Arquus peut heureusement s'appuyer sur un carnet de commandes ferme de 1,2 milliard d'euros, et qui explose à 5 milliards si on rajoute les tranches conditionnelles, qui seront affermies essentiellement par le client français. L'export ne représente que 10% du carnet de commandes. Un bilan "clairement insuffisant", a regretté Emmanuel Levacher, qui devra faire preuve d'audace dans les mois qui viennent.
La priorité des priorité de 2022 et au-delà du constructeur de blindés est d'accrocher coûte que coûte de nouvelles commandes, qui lui permettront d'atteindre cet objectif symbolique, qui est la barre du milliard de chiffre d'affaires en 2030. Les équipes commerciales vont devoir partir avec le couteau entre les dents pour ramener de la charge de travail. L'appel d'offres du ministère des Armées sur le renouvellement des camions des armées est crucial pour Arquus, qui s'est associé avec l'industriel alsacien Lohr : l'acquisition et le soutien de 9.400 camions militaires pour le renouvellement des capacités de ravitaillement carburant, de transport d'engins blindés et de logistique. Le projet Véhicule blindé d'aide à l'engagement (VBAE), qui doit remplacer les Véhicules blindés légers (VBL), est également très important pour le constructeur. Arquus joue gros, très gros. Un échec type Serval lui serait très préjudiciable...
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