SpaceX : un nouvel équipage a décollé vers la Station spatiale internationale

Des astronautes ont décollé ce lundi matin à bord de la fusée Falcon 9 de SpaceX pour rejoindre la Station spatiale internationale. Plus de 200 expériences scientifiques doivent être menées durant les six mois passés dans le laboratoire volant, habité en permanence depuis 23 ans et partagé entre américains, européens, japonais et russes.
Nouveau décollage pour la fusée Falcon 9 de SpaceX (photo d'illustration).
Nouveau décollage pour la fusée Falcon 9 de SpaceX (photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

Nouveau décollage pour la fusée Falcon 9 de SpaceX. Trois astronautes américains et un cosmonaute russe ont décollé ce dimanche soir de Floride à 22h53 locales (04h53 à Paris lundi) du Centre spatial Kennedy vers la Station spatiale internationale (ISS), où ils séjourneront environ six mois. Initialement prévu samedi, le lancement avait néanmoins été reporté de 24 heures à cause d'une météo défavorable. Le deuxième report en un mois de temps.

Quelques minutes après la mise à feu, le lanceur survolait donc l'océan Atlantique à une vitesse de quelque 9.700 km/h, ont décrit les commentateurs de la NASA. Le vaisseau a ensuite pris environ neuf minutes pour se mettre sur orbite. Il doit s'amarrer à l'ISS, la station spatiale internationale, pour relever quatre membres d'équipage du laboratoire spatial.

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Crew-8

Les quatre passagers sont cette fois les membres de Crew-8, la huitième mission de rotation régulière de l'équipage américain dans l'ISS assurée par SpaceX pour la Nasa. L'Américain Michael Barratt est le seul astronaute de Crew-8 à s'être déjà rendu dans le laboratoire volant. Il s'agit en revanche du premier séjour spatial des deux autres Américains - Matthew Dominick et Jeanette Epps - ainsi que du cosmonaute russe Alexandre Grebionkine.

Les membres de Crew-8 rejoindront ainsi les sept personnes déjà présentes dans l'ISS.  Après une période de passation de quelques jours avec les quatre membres de Crew-7 - une Américaine, un Danois, un Japonais et un Russe -, ces derniers redescendront sur Terre à bord de leur propre capsule Dragon.

Modèle de coopération internationale réunissant l'Europe, le Japon, les Etats-Unis et la Russie, l'ISS a commencé à être assemblée en 1998. Sa retraite était prévue en 2024, mais la Nasa a estimé qu'elle pouvait fonctionner jusqu'en 2030. D'autant que les premières années de vie de la station étaient dédiées à sa construction. Désormais, les astronautes peuvent consacrer davantage de temps à la science. Plus de 200 expériences scientifiques doivent être menées durant les six mois passés par Crew-8 dans le laboratoire volant, habité en permanence depuis 23 ans.

« Beaucoup des choses dont nous avons rêvé il y a longtemps se concrétisent aujourd'hui », a déclaré cette semaine le patron de la Nasa, Bill Nelson, citant par exemple la recherche sur les cellules souches.

Cependant, l'âge de la station a aussi un revers : la Nasa et Roscomos surveillent une « fuite » située à l'extrémité d'un module russe, et dont le débit s'est récemment accentué, a déclaré cette semaine Joel Montalbano, responsable du programme de l'ISS à la Nasa. Une écoutille est actuellement fermée en permanence pour isoler la fuite du reste de la station.

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Cohabitation

L'ISS est désormais l'un des très rares sujets de coopération entre Washington et Moscou. La Nasa et l'agence spatiale russe Roscosmos, qui opèrent ensemble l'ISS, ont mis en place un programme d'échange d'astronautes, acheminant chacun à tour de rôle un membre d'équipage de l'autre pays. En décembre, l'Agence spatiale russe et la Nasa se sont même mis d'accord pour prolonger leurs vols croisés vers la Station spatiale internationale jusqu'en 2025. Un programme maintenu malgré la guerre en Ukraine.

La Russie avait pourtant annoncé dès juillet 2022 son intention de se retirer « après 2024 » de l'ISS, la création d'une nouvelle station orbitale russe est dès lors présentée comme la priorité par Moscou. De son côté, la Nasa prévoit également par la suite d'envoyer ensuite ses astronautes dans des stations privées - qui accueilleront aussi leurs propres clients.

Fournisseur favori de la Nasa

Le recours au privé est de plus en plus usité en ce qui concerne le secteur spatial. Ainsi, la capsule nommée « Endeavour » utilisée lors du lancement, placée au sommet de la fusée Falcon 9, a déjà servi pour quatre précédentes missions habitées par l'entreprise d'Elon Musk. L'entreprise du milliardaire constitue désormais l'un des fournisseurs favoris de la Nasa. Si bien que les véhicules de SpaceX sont actuellement la seule manière pour les astronautes de se rendre dans la Station spatiale internationale (ISS) depuis le sol américain.

La NASA s'est de plus en plus tournée vers des entreprises privées pour effectuer ses missions dans l'espace. Alors que chaque décollage de la navette spatiale coûtait à la Nasa plus de 2 milliards de dollars (ajusté à l'inflation), selon une étude, le coût moyen d'un siège à bord d'une fusée de SpaceX revient à 55 millions de dollars, selon un audit.

« La fiabilité dont jouit aujourd'hui SpaceX résulte de nombreuses explosions de fusées en cours de route », a relevé Scott Pace. Des explosions que la Nasa, financée par l'argent public, ne pourrait pas se permettre.

Les Etats-Unis, avec SpaceX, largement en tête des lancements de fusées en 2023

Les Etats-Unis, grâce à SpaceX, ont une nouvelle fois écrasé le marché mondial des lanceurs spatiaux, réalisant 107 vols orbitaux en 2023, loin devant les autres pays dans ce secteur stratégique. A elle seule, la firme d'Elon Musk a lancé sa Falcon 9 à 96 reprises au cours de l'année, quasiment au rythme de deux par semaine, essentiellement pour poursuivre le déploiement de sa constellation de satellites internet Starlink.

Space X a également effectué un tir de sa Falcon Heavy, plaçant en orbite le drone spatial militaire X-37B, et effectué deux essais, qui se sont soldés par des explosions, de son lanceur super lourd Starship. Celui-ci doit être utilisé pour refaire atterrir des astronautes sur la Lune lors des missions Artémis.

« Pour l'année prochaine, nous voulons augmenter le nombre de vols à environ 12 vols par mois, soit 144 vols », a affirmé le vice-président de SpaceX Bill Gerstenmaier lors d'une audition devant le Sénat américain en octobre.

Face la domination américaine, la Chine développe à grand pas son activité spatiale et a réalisé 67 lancements en 2023, contre 64 en 2022, selon Spacenews. Pour son dernier lancement de l'année vendredi, la Société de sciences et technologies aérospatiales de Chine (CASC) a indiqué sur son site internet avoir procédé à 47 lancements pour sa seule gamme de fusées Longue Marche en 2023.

La Russie a elle tiré à 19 reprises, dont 17 fois sa fusée Soyouz, essentiellement des satellites pour ses besoins gouvernementaux et militaires ainsi que des vaisseaux Progress à destination de la Station spatiale internationale (ISS), selon le site spécialisé Gunter's Space Page.

La fusée Electron de la société américano-néo-zélandaise Rocket Lab, un des rares minilanceurs opérationnels, a pour sa part été tirée à neuf reprises. Derrière arrive l'Inde, dont l'agence spatiale Isro a procédé à sept lancements au cours de l'année de ses fusées GSLV, PSLV et SSLV. L'Isro peut également se targuer d'avoir réalisé le premier lancement de 2024, une fusée PSLV lancée lundi à 04H30 GMT ayant mis en orbite un satellite scientifique.

L'Europe, en pleine crise des lanceurs, n'a elle effectué que trois tirs en 2023 : les deux dernières Ariane 5 et une fusée Vega. Les Européens espèrent retrouver un accès autonome à l'espace avec le vol inaugural d'Ariane 6, prévu entre le 15 juin et la fin juillet, et le retour en vol de Vega-C à la fin de l'année, après un accident qui l'a clouée au sol depuis fin 2022.

Le Japon a lui aussi effectué trois lancements en 2023, dont un échec pour son nouveau lanceur lourd H-3. L'agence spatiale japonaise, la Jaxa, a annoncé jeudi une nouvelle tentative pour le 15 février.

(Avec AFP)

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