Mobile : SpaceX lance son programme visant à éradiquer les « zones blanches »

Le groupe d’Elon Musk a lancé les premiers satellites de sa constellation Starlink capables de se connecter directement avec des smartphones. Cette innovation vise à assurer une connectivité en tout point du globe, notamment dans les zones dépourvues d’antennes-relais.
Pierre Manière
Le lancement d'une fusée Falcon 9 embarquant des satellites pour la constellation Starlink, le 3 septembre 2020.
Le lancement d'une fusée Falcon 9 embarquant des satellites pour la constellation Starlink, le 3 septembre 2020. (Crédits : Reuters)

Le 2 janvier dernier, une fusée Falcon 9 de SpaceX a décollé de la base militaire de Vandenberg, en Californie. Mais parmi les 21 satellites à son bord, et destinés à étoffer la constellation Starlink, six sont d'un genre nouveau. Ils sont pourvus d'une technologie, baptisée « direct to cell », permettant de communiquer directement avec des smartphones grand public. Avec cette nouvelle génération de satellites, Elon Musk, fondateur de SpaceX et de Starlink, entend révolutionner le monde du mobile. Cette technologie permettra, d'après lui, d'éradiquer les « zones blanches », car elle permet à chacun de communiquer partout, y compris et surtout dans les endroits dépourvus d'antennes-relais.

Au fil des lancements, quelque 840 satellites dotés de cette innovation doivent voir le jour dans les six prochains mois, et plusieurs milliers dans les années à venir. Cette technologie va-t-elle, alors, menacer les affaires des opérateurs télécoms traditionnels ? Pas vraiment. Elle se présente, pour le moment, davantage comme un service complémentaire. D'une part parce que les communications offertes par ces satellites n'ont rien de comparable avec les performances des réseaux cellulaires classiques. Elles seront cette année limitées aux textos, précise d'ailleurs Starlink. Et il faudra attendre 2025 pour que la constellation prenne en charge la voix, la data, et l'Internet des objets.

Un service moins fiable que les réseaux cellulaires

En outre, cette technologie n'est pas toujours fiable. Pour en profiter, l'utilisateur a d'abord besoin qu'un satellite couvre bien la zone où il se trouve, et que cette dernière soit bien dégagée. Il s'agira donc, au début du moins, d'un service de niche. En août 2022, Elon Musk l'a d'ailleurs concédé, en évoquant les avantages de son innovation pour un randonneur qui s'est cassé la jambe au beau milieu d'un parc naturel.

D'autre part, pour déployer cette technologie, Starlink a besoin de nouer des partenariats avec des opérateurs télécoms traditionnels. Pourquoi ? Parce que ces acteurs sont propriétaires des fréquences dont la constellation a besoin pour assurer les communications. C'est la raison pour laquelle Starlink s'est associé avec l'américain T-Mobile, l'australien Optus, le canadien Roger, le néo-zélandais One NZ, le japonais KDDI ou encore le suisse Salt. Aucun opérateur d'un grand pays d'Europe n'a, pour l'instant, topé avec la constellation d'Elon Musk.

Un business model en question

Cette solution contre les « zones blanches » suscite aussi des interrogations sur son business model. Pour un opérateur qui a acheté ses fréquences à prix d'or, en consacrer une partie à ce nouveau service n'a rien d'évident. Surtout si, à l'instar de T-Mobile, celui-ci est in fine proposé gratuitement dans la plupart de ses forfaits... En parallèle, Starlink doit, aussi, décrocher le feu vert des autorités de régulation dans tous les pays où il compte déployer ce service. Or cette démarche n'est jamais gagnée. Certains opérateurs, inquiets de cette concurrence, pourraient lui mettre des bâtons dans les roues, en estimant, notamment, que cette solution constitue une source d'interférences.

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 14/01/2024 à 17:24
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Le parfait exemple de ce que l'Europe est incapable de faire...

à écrit le 10/01/2024 à 18:24
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Nous ne serons nulle part à l'abri, merci Elon !

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