Thales sauve la peau de son site de Pont-Audemer

La disparition progressive des cartes Sim amovibles semblait condamner l’usine normande de Thales à Pont-Audemer (300 salariés) à une mort lente. Sa maison mère lui sauve la mise en y relocalisant la fabrication de cartes électroniques complexes.
Anciennement Gemalto, l'usine était devenue propriété de Thales en 2019
Anciennement Gemalto, l'usine était devenue propriété de Thales en 2019 (Crédits : DR)

Bonne nouvelle sur le front de la réindustrialisation et de la souveraineté numérique. Thales annonce vouloir dépenser 30 millions d'euros en propre pour diversifier les activités de son usine de Pont-Audemer dans l'Eure, acquise en 2019 en même temps que tous les actifs de Gemalto. Un joli cadeau de début d'année pour les 300 salariés de ce site historiquement spécialisé dans la fabrication des cartes Sim de nos téléphones portables. Menacé par la disparition programmée de ces cartes amovibles au profit de leurs équivalentes embarquées (qui seront soudées aux appareils), il risquait d'être balayé à moyen terme en raison de cette mutation.

Après avoir laissé planer le suspense dans l'attente d'une aide de l'Etat qui n'est pas venue, le groupe présidé par Patrice Caine s'est donc résolu à lui offrir une planche de salut. L'usine sera pour partie convertie pour former, avec le site de Cholet (Maine-et-Loire) dont c'est la spécialité, un nouveau centre de compétences dans la fabrication et l'assemblage de cartes de circuits imprimées à haute valeur ajoutée dites PCBA -comme Printed Circuit Board Assembly. Des éléments critiques  indispensables au bon fonctionnement des avions notamment.

Sécuriser l'approvisionnement en cartes électroniques

« Cet investissement autofinancé dans sa grande majorité s'inscrit dans un contexte d'augmentation de nos besoins en cartes pour les grands programmes civils et de défense qu'il est important de sécuriser en accroissant notre capacité de production en France », précise Thales en réponse à une question de La Tribune. L'investissement se répartira comme suit : 20 millions d'euros seront injectés  au profit du déploiement de deux nouvelles lignes de production de cartes électroniques et 10 millions seront alloués à la formation des 80 salariés qui leur seront affectés (dont 2 millions apportés par l'OPCO). La mise à feu effective des installations devrait intervenir en 2025.

Philippe Somville, délégué CFE-CGC du site qui a beaucoup bataillé pour la pérennisation du site, applaudit des deux mains à l'annonce de la nouvelle.

« C'est un vrai soulagement en interne parce que nous avons eu très  peur que le projet soit abandonné lorsque l'Etat a refusé de le soutenir, probablement au vu des bénéfices réalisés par le groupe », souffle-t-il manifestement rasséréné.

Chez Thales, on préfère insister sur l'exemplarité de la démarche. « Ce projet s'inscrit dans la vision industrielle long terme du groupe. Il témoigne aussi de notre volonté d'agir en acteur local responsable », commente Clément Villepin, directeur général des ressources humaines dans un communiqué.

Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule. L'activité de fabrication des cartes Sim amovibles reflue moins vite que ce que l'industriel anticipait dans ses prévisions, Philippe Somville dixit. « On enregistre des volumes de commandes importants notamment grâce à l'éco Sim en polystyrène recyclé conçue par Thales et appréciée des opérateurs », observe t-il. L'ex vaisseau amiral de Gemalto semble là pour durer.

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