Vega C : et maintenant ?

Pour répondre au marché commercial et institutionnel, l'Agence spatiale européenne vise cinq lancements de Vega C par an, voire six sur une période de 12 mois. Prochain vol du lanceur italien, novembre. Soit quatre mois après son vol de qualification.
Michel Cabirol
Nous prévoyons actuellement un vol commercial en novembre et on verra si nous pouvons confirmer cette date sur la base des résultats techniques que nous allons avoir ces prochains mois sur le vol de qualification de Vega C. Nous travaillons aujourd'hui avec un objectif d'un intervalle de quatre mois jusqu'au prochain tir, explique le directeur du transport spatial de l'Agence spatiale européenne (ESA), Daniel Neuenschwander dans un entretien accordé à La Tribune.
"Nous prévoyons actuellement un vol commercial en novembre et on verra si nous pouvons confirmer cette date sur la base des résultats techniques que nous allons avoir ces prochains mois sur le vol de qualification de Vega C. Nous travaillons aujourd'hui avec un objectif d'un intervalle de quatre mois jusqu'au prochain tir", explique le directeur du transport spatial de l'Agence spatiale européenne (ESA), Daniel Neuenschwander dans un entretien accordé à La Tribune. (Crédits : Arianespace)

Le vol de qualification de Vega était crucial pour l'Europe spatiale en général, et en particulier pour Arianespace, qui commercialise les lancements de Vega C et d'Ariane 6. Pour la société présidée par Stéphane Israël, le succès de ce vol de qualification ouvre désormais la voie à des vols commerciaux. Et cela va arriver très vite, dès novembre. A condition que le résultat de l'exploitation de toutes les données du vol de qualification de Vega C ne révèle aucun dysfonctionnement non détecté lors du lancement. A l'occasion de cette mission, Arianespace va placer en orbite Pléiades Neo 5 et 6, deux satellites qui compléteront la nouvelle constellation d'observation de la Terre d'Airbus.

"Nous prévoyons actuellement un vol commercial en novembre et on verra si nous pouvons confirmer cette date sur la base des résultats techniques que nous allons avoir ces prochains mois sur le vol de qualification de Vega C. Nous travaillons aujourd'hui avec un objectif d'un intervalle de quatre mois jusqu'au prochain tir", explique le directeur du transport spatial de l'Agence spatiale européenne (ESA), Daniel Neuenschwander dans un entretien accordé à La Tribune.

Cette échéance rapprochée (trop ?) est ambitieuse mais serait une très bonne nouvelle pour Arianespace, qui dispose déjà des carnets de commandes très solides d'Ariane 6 et de Vega C dans lesquels il faut également trouver de la place pour des satellites restés à quai depuis l'arrêt de Soyuz à Kourou. La société de commercialisation de services de lancements doit en principe recaser cinq vols initialement prévus sur Soyuz (deux Galileo, CSO pour le compte du ministère des Armées, le télescope spatial Euclid et le satellite d'observation de l'atmosphère terrestre EarthCare de l'Agence spatiale européenne) vers Ariane 6 et Vega C... même si leurs carnets de commandes sont déjà très remplis. "Personne ne conteste que les deux années qui viennent, sont plus compliquées que prévu. Ce serait idiot de le contester", explique-t-on à La Tribune.

Sept Vega C achetées, EarthCare en attente

Sept Vega C ont déjà été achetées pour de lancements à la fois institutionnels et commerciaux, a communiqué Arianespace. Parmi les missions institutionnelles, il y a Sentinel-1C, qui sera lancé au profit de l'ESA pour le compte de la Commission européenne ; les satellites Flex et Altius, deux programmes de l'ESA au service de l'environnement ; CSG 3 pour l'Agence spatiale italienne (ASI) et le ministère italien de la Défense ; Platino 2, développé par Sitael pour l'ASI ; et MicroCarb, commandé par la Commission européenne pour le compte du CNES. Parmi les missions commerciales, la constellation PléiadesNeo comprenant quatre satellites pour Airbus Defence and Space ; Kompsat 7 pour le Korean Aerospace Research Institute (KARI) ; THEOS-2, fabriqué par Airbus DS pour la GISTDA (Geo-Informatics and Space Technology Development Agency of Thailand) ; et Formosat-7R, fabriqué par la NSPO pour Taïwan.

"Nous avons besoin de Vega C pour le programme Copernicus", rappelle le PDG d'Arianespace, Stéphane Israël

Plusieurs missions de nanosatellites ont également déjà été contractualisées par Arianespace et compléteront certains des vols de Vega C grâce au dispenseur SSMS (Small Spacecraft Mission Service) favorisant l'envoi de multiples charges utiles de petite taille. En outre, l'ESA est en train d'étudier la possibilité de faire monter à bord du nouveau lanceur italien EarthCARE (Earth Clouds, Aerosols and Radiation Explorer), un satellite d'observation de l'atmosphère terrestre (ESA) développé en coopération entre l'ESA et l'Agence spatiale japonaise (JAXA). "Je serai très content si on pouvait lancer EarthCare sur Vega C mais les études sont en cours", précise Daniel Neuenschwander. Arianespace est également très demandeur. Les études lancées livreront leurs résultats fin septembre au moment où l'ESA annoncera un nouveau calendrier consolidé pour Ariane 6.

 Vers une montée en cadence de cinq Vega C par an

 L'Italie a de quoi se réjouir. Non seulement le carnet de commandes de Vega C est rempli mais les perspectives commerciales semblent également prometteuses. Au point que l'ESA souhaite augmenter les cadences du lanceur. Initialement, l'Agence prévoyait une cadence de trois lancements de Vega C par an, elle en vise désormais quatre dès 2023. "L'objectif d'être à cadence quatre dès l'année prochaine, est déjà ambitieux. Nous avons cette ambition, qui me semble réaliste, et nous avons toutes les raisons d'y croire sur la base de ce que nous avons vu" lors du vol de qualification de Vega C, estime le patron du transport spatial de l'ESA. Pour Stéphane Israël, cette hausse des cadences de Vega C est un vrai atout commercial au moment où les projets de constellation se multiplient et exigent beaucoup de lancements.

La montée en cadence de Vega C au-delà de quatre vols par an est donc l'un des dossiers du prochain conseil ministériel de l'ESA programmé en novembre à Paris. L'Agence prévoit "des investissements pour augmenter la cadence à cinq" Vega C par an, "voire même, dans certains cas, nous avons l'ambition d'effectuer six vols du lanceur sur une période de douze mois", avance Daniel Neuenschwander. Pour cela, l'ESA va proposer des investissements aux États membres lors du prochain conseil ministériel. Elle proposera un "paquet global" de 500 millions d'euros, qui comporte plusieurs investissements dédiés à Vega C et Vega E : amélioration de la performance du propulseur à propergol solide (P120C+), qui est conjoint avec Ariane 6, développement de Vega E ; exploitation et adaptation (boucle système) de Vega C. Ces très belles perspectives commerciales pour Vega C au sein d'Arianespace vont-elles mettre en veille une nouvelle fois les velléités d'indépendance d'Avio ? A voir.

Michel Cabirol

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