Danone : le chiffre d'affaires bondit grâce à l'inflation

Les ventes de Danone ont progressé de 11,6% au premier trimestre 2023, au-delà des attentes des analystes, et ce, grâce à l'augmentation du prix de vente de ses produits et malgré des ventes quasi stables en volumes. Les industriels et distributeurs viennent d'ailleurs justement de reprendre les négociations afin de fixer les prix et les conditions de vente des produits qui se retrouveront en rayon « à l'automne ».
Danone a relevé ses objectifs de croissance pour l'année, avec une progression du chiffre d'affaires « désormais attendue entre +4% et +6% » hors effets de périmètre et de changes (contre entre +3% et +5% précédemment).
Danone a relevé ses objectifs de croissance pour l'année, avec une progression du chiffre d'affaires « désormais attendue entre +4% et +6% » hors effets de périmètre et de changes (contre entre +3% et +5% précédemment). (Crédits : Christian Hartmann)

[Article publié le 26 avril et mis à jour à 12H05]

L'année 2023 commence bien pour Danone. La multinationale française - qui détient notamment les yaourts Activia, les eaux Evian et Mizone, les pots pour bébé Blédina - a généré 6,96 milliards d'euros de chiffre d'affaires au cours des trois premiers mois de l'année, selon un communiqué publié ce mercredi 26 avril. Soit une hausse de 11,6%. Les analystes interrogés par Bloomberg et Factset l'attendaient autour de 6,6 milliards.

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Une hausse tirée par l'inflation

Ce regain d'activité chez Danone est, en réalité, porté par l'augmentation du prix de ses produits puisque les ventes sont quasi stables en volumes (+0,2%). Les volumes reculent même dans le secteur des produits laitiers et d'origine végétale (yaourts, crèmes dessert...), à -3,2%, plombés notamment par la procédure de désengagement de cette activité en Russie, dans le sillage de la guerre en Ukraine. « On a la confiance des consommateurs qui continuent à acheter nos produits au même niveau » en dépit des chiffres affichés sur le ticket de caisse, s'est néanmoins réjoui un porte-parole du groupe auprès de l'AFP. Une performance « impressionnante » ont jugé les analystes de RBC qui ont salué en particulier les chiffres de la zone Chine, Asie du Nord et Océanie (+12% de chiffre d'affaires, +14,3% en volumes).

En comparaison, chez le concurrent et leader mondial de l'agroalimentaire Nestlé, les volumes ont reculé de 0,5% au premier trimestre. Les analystes s'attendaient d'ailleurs à une contraction plus marquée compte tenu des hausses de prix.

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Négociations commerciales en cours

Des prix qui vont continuer à augmenter dans les prochains mois - Emmanuel Macron a prévenu ce week-end dans les colonnes du Parisien que la situation serait difficile « jusqu'à la fin de l'été » concernant les prix des produits alimentaires. Mais ils pourraient baisser à l'automne puisque les négociations commerciales entre industriels et distributeurs concernant les achats de cette période ont « commencé », d'après le président du comité stratégique des centres E.Leclerc. Ces discussions doivent fixer les prix et conditions auxquels les supermarchés achèteront à leurs fournisseurs leur production qui garnira les rayons des magasins.

Mais, négocier avec les industriels est « très compliqué », a prévenu hier sur BFM Michel-Edouard Leclerc. « Dans la réalité, on a un carcan juridique qui fait qu'on ne peut pas dire à l'industriel "On s'assied sur le contrat" ». Les précédentes, menées entre décembre et mars, l'ont été dans un climat particulièrement tendu.

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7e trimestre consécutif de croissance

Danone garde en tout cas le sourire. « C'est le septième trimestre consécutif de croissance du chiffre d'affaires », a relevé la même source, estimant que la feuille de route de la nouvelle direction « port(ait) ses fruits ».

Le directeur général, Antoine de Saint-Affrique, est arrivé en septembre 2021 à la suite d'une fronde d'actionnaires qui réclamaient davantage de résultats et une meilleure rétribution du capital. Le nouveau patron a fait savoir qu'il comptait relancer les volumes de ventes, mais aussi faire le tri dans les actifs, pour se délester d'activités jugées non essentielles. Danone a récemment annoncé qu'il envisageait de vendre deux marques américaines de produits laitiers biologiques, Horizon Organic et Wallaby.

Le groupe a, d'ailleurs, relevé ce mercredi ses objectifs de croissance pour l'année, avec une progression du chiffre d'affaires « désormais attendue entre +4% et +6% » hors effets de périmètre et de changes (entre +3% et +5% précédemment). Il a confirmé viser en parallèle une amélioration « modérée » de sa marge opérationnelle courante.

Suite à ces annonces, le titre progressait de 0,96% à 61,02 euros, à 10H35 (08H35 GMT) dans un marché en baisse de 0,7%. L'action affichait +24,07% depuis janvier (+15,5% pour le CAC 40).

Reste néanmoins une ombre au tableau : le groupe a perdu en France son statut de leader national de l'agroalimentaire. Il a été détrôné par le laitier Lactalis, propriété de la famille Besnier depuis 1933, qui a fait état la semaine dernière d'un chiffre d'affaires de 28,3 milliards d'euros en 2022, quand Danone était à près de 27,7 milliards.

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Foodwatch alerte sur les fausses bonnes affaires des grands formats

Des aliments vendus au format « familial » qui se révèlent « plus chers au kilo ou au litre » : c'est ce que dénonce l'association Foodwatch. « Avec l'inflation galopante, de nombreux consommateurs et consommatrices souhaitant faire des économies se tournent vers ce qu'ils pensent être de bonnes affaires », explique-t-elle dans un communiqué publié ce mercredi. Or, le prix au kilo des grands formats est parfois plus cher que le même produit dans un conditionnement standard, selon elle.

Foodwatch, alertée par des consommateurs, a « vérifié dans les "drive" et les rayons des principales chaînes de la grande distribution » et relevé début avril une liste de 12 produits dont le prix en formats spéciaux était au kilo plus élevé que le format standard. L'inventaire des produits cités va des gnocchis à poêler Lustucru, dont le prix au kilo gonfle de 7% entre le paquet de 300 grammes et celui de 500 grammes au Carrefour de Vannes, à la bûche de chèvre Président qui prend 5,5% au format maxi chez l'Hyper U de Saint-Avé (Morbihan). Autre exemple, la brioche tranchée Harrys, dont le prix au kilo au format maxi enfle de 6,2% au E.Leclerc de Vannes.

Cette liste n'est pas exhaustive et le prix des denrées dépend de chaque magasin ainsi que du moment où il est mesuré - sachant qu'il est très volatil en période d'inflation. « Ces abus devraient être interdits ou encadrés strictement comme le sont les promotions. Avec les consommateurs et consommatrices, nous interpellons donc le gouvernement », a déclaré dans le communiqué de Foodwatch sa chargée de campagnes, Audrey Morice.

 (Avec AFP)

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 26/04/2023 à 15:22
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"La situation serait difficile « jusqu'à la fin de l'été » concernant les prix des produits alimentaires.". Difficile pour qui? Apparemment pas pour les milliardaires de l'agroalimentaire.... Les actionnaires qui ont viré Faber, le chantre des "entr...

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