Réduction des pesticides : les ONG en colère face au changement d'indicateur de mesure par le gouvernement

Les associations environnementales estiment que l'indicateur européen, désormais utilisé pour mesurer la réduction des pesticides en France, manque de fiabilité et pourrait dans un certains cas « fausser les données ».
Pour l'ONG Générations futures, on assiste à un « un coup de force » du gouvernement pour « mettre en place un indicateur totalement trompeur (...) ».
Pour l'ONG Générations futures, on assiste à un « un coup de force » du gouvernement pour « mettre en place un indicateur totalement trompeur (...) ». (Crédits : Reuters)

« Tour de passe-passe qui va à rebours de l'Histoire », « déception », « incompréhension »... les ONG environnementales ne décolèrent pas et fustigent ce mercredi l'abandon de l'indicateur français « Nodu », permettant de mesurer la réduction des pesticides dans les cultures.

Annoncée ce mercredi matin par le Premier ministre Gabriel Attal, la mesure était réclamée depuis longtemps par le syndicat agricole majoritaire FNSEA et l'industrie des pesticides.

C'est donc désormais l'indicateur européen HRI-1 (« indicateur de risque harmonisé ») qui servira de référence, le gouvernement jugeant qu'il prend davantage en compte la notion de risque pour la santé des pesticides et plus seulement les quantités utilisées, et surtout qu'il permettra des comparaisons européennes.

« À rebours de l'Histoire »

Mais les ONG estiment que cet indicateur ne discrimine pas assez les pesticides selon leurs niveaux de dangerosité, des produits très divers se retrouvant classés dans la même catégorie.

« Ca va être difficile de suivre l'ambition de réduire de 50% l'usage des pesticides si on supprime le seul outil permettant justement de mesurer leur usage », a déploré auprès de l'AFP Sandrine Bélier de l'association Humanité et Biodiversité. Ce matin, Gabriel Attal a pourtant affirmé ne pas vouloir « renoncer à l'ambition de réduire de 50% l'usage des pesticides d'ici 2030 ».

« Remettre en cause le Nodu, c'est indirectement remettre en cause le plan Ecophyto, et c'est un renoncement à une ambition française plus protectrice de la santé des citoyens et des agriculteurs », a-t-elle estimé.

Thomas Uthayakumar, directeur du plaidoyer de la Fondation pour la Nature et l'Homme (FNH), déplore, lui que « cette décision c'est aller clairement à rebours de l'Histoire ». « Cela va clairement à contresens de toutes les recommandations. Changer le thermomètre n'est pas la solution », ajoute-t-il.

Un nouvel indicateur qui fausse les données, selon les ONG

Selon les calculs de la FNH, et ceux de l'association Générations futures, l'adoption d'un nouvel indicateur fausse totalement les données. « Avec le HRI-1, on tombe sur une réduction de près de 33% des pesticides, tandis qu'avec le Nodu on est sur une hausse de 3%, ce n'est pas du tout la même chose ! », explique donc Thomas Uthayakumar.

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Pour Générations futures, on assiste à un « un coup de force » du gouvernement pour « mettre en place un indicateur totalement trompeur qui va présenter une image de réduction factice » des pesticides. C'est « un reniement total » du plan Ecophyto et un « vrai tour de passe-passe qui va mettre à l'arrêt toute dynamique en matière de changement vers des systèmes de production agroécologique », fustige l'association.

Le Nodu « était le seul outil efficace de long terme permettant de mesurer notre progression » en matière de réduction des pesticides, souligne pour sa part Cédric Marteau, directeur général de la Ligue pour la Protection des oiseaux. « Y renoncer c'est une tentative de masquer la réalité et un réel recul. L'intérêt général n'en ressort pas grandi ».

Pas la première grogne

Cette grogne des ONG face aux solutions proposées par le gouvernement sur les pesticides n'est pas la première. Lundi 12 février, huit ONG environnementales avaient quitté une réunion consultative organisée au ministère de l'Agriculture pour présenter les pistes de révision du plan national de réduction des pesticides.

L'invitation à ce Comité d'orientation stratégique et de suivi (Cos) « ne contenait ni ordre du jour ni documents de travail transmis en préparation de cette réunion », reprochait les ONG dont Générations Futures, le WWF France, la Fondation pour la Nature et l'Homme et la Ligue de protection des oiseaux (LPO). « Ces associations ont été reçues spécifiquement par les 4 ministres avant la réunion pour entendre leurs attentes », s'était défendue le ministère de l'Agriculture.

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Avant la réunion, les ONG avaient déclaré que le maintien du principal indicateur de mesure de l'usage des pesticides en France, le Nodu, était une « ligne rouge ». Sa remise en cause « est un cadeau à l'agriculture industrielle plus qu'aux agriculteurs dans leur diversité, alors que le monde agricole disait vouloir du soutien, pas des pesticides », avait dénoncé Jean Burkard, directeur du plaidoyer au WWF.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 22/02/2024 à 8:29
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Les ONG environnementales font penser aux syndicats, pendant qu'ils font les gens outrés, la cause qu'ils défendent meure. Greenpeace, a commencé par se mettre entre les harpons des baleiniers et des baleines pour de nos jours appeler à voter Macron ...

à écrit le 21/02/2024 à 19:19
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une ONG qui n'est pas furieuse et ne balance pas des pots de soupe sur la joconde, c'est pas une ONG bienveillante.......c'est un peu comme un prof qui ne se plains pas du manque de moyen, d'un cgt scnf qui ne fait pas la greve ou d'un cgt goodyear q...

le 22/02/2024 à 1:05
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Et un syndicat a) qui ne bloque pas les routes .... b) qui ne demande pas sans arrêt des subventions c) Qui ne demande pas sans arrêt des barrières à l'importation d) Qui ne demande pas sans arrêt des prix garantis N'est pas un syndicat. C'...

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