Malgré le report des négociations commerciales, « il n'y aura pas de baisses de prix » martèle Michel-Edouard Leclerc

Alors que le texte visant à avancer la date des négociations commerciales entre les industriels et les distributeurs vient d'être adopté à l'Assemblée nationale, les patrons de la grande distribution s'interrogent sur l'efficacité d'une telle mesure.
Les négociations avec les supermarchés débutent « avec des demandes de très fortes hausses allant de 5 à 25% », a averti Michel-Edouard Leclerc ce mardi.
Les négociations avec les supermarchés débutent « avec des demandes de très fortes hausses allant de 5 à 25% », a averti Michel-Edouard Leclerc ce mardi. (Crédits : Charles Platiau)

« Il n'y aura pas de baisses de prix ». Michel-Edouard Leclerc, le président d'E.Leclerc, a été clair ce mardi sur BFM Business. « On a perdu beaucoup de temps, aujourd'hui, on va anticiper les négociations d'un mois et négocier dans un temps très court », a-t-il déclaré. Dans l'espoir de contenir les hausses de prix dans les rayons des supermarchés, le gouvernement a présenté un projet de loi avançant de quelques semaines la date de clôture des négociations commerciales entre les grands industriels et les distributeurs pour l'année 2024. Si sur le papier, la mesure doit permettre de répercuter plus rapidement les baisses des matières premières, plusieurs distributeurs émettent de sérieuses réserves.

Pour rappel, ces négociations annuelles, qui virent souvent à la foire d'empoigne, déterminent les conditions de vente (prix d'achat, place en rayon, calendrier promotionnel...) d'une majorité des produits vendus en supermarché pendant le reste de l'année. Le texte a été adopté à l'Assemblée nationale et son examen doit débuter en séance publique au Sénat le 26 octobre.

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Or, selon Michel-Edouard Leclerc, « les industriels ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés en 2024 » en termes de prix. Et les négociations avec les supermarchés débutent « avec des demandes de très fortes hausses allant de 5 à 25% », d'après celui qui explique que son enseigne espère « ramener l'inflation des produits de consommation courante au niveau de l'inflation générale » au terme de la négociation. Une inflation qui a atteint en France 4,9% sur un an en septembre, un chiffre identique à celui du mois d'août, selon les chiffres de l'Insee, alors que l'inflation alimentaire était d'un peu moins de 10%.

Des craintes d'engorgement

Le PDG de Système U, Dominique Schelcher a, comme ses fournisseurs agro-industriels, dit craindre un « engorgement » dans les négociations, dont la grande majorité devra se conclure le 31 décembre. Argumentant que « les hommes et les femmes du métier, qu'ils soient distributeurs ou industriels, ont aussi droit à une trêve des confiseurs et à retrouver leurs familles », il demande à « revoir l'enchaînement des délais, tout en préservant la différenciation pour les PME » sur X (ex-Twitter). Avant d'avertir : « Nous ne parviendrons pas à réaliser l'impossible ».

Le projet de loi prévoyait initialement de n'avancer ces négociations que pour les plus gros industriels. Les plus petits fournisseurs, très majoritaires en nombre, craignaient toutefois d'être désavantagés en passant dans un second temps. Finalement, les députés ont adopté un amendement qui impose que les négociations aboutissent le 31 décembre pour les entreprises dont le chiffre d'affaires annuel est inférieur à 350 millions d'euros et le 15 janvier pour les autres.

Selon l'Ania, la très grande majorité des fournisseurs des supermarchés ont un chiffre d'affaires annuel inférieur à ce seuil. L'Ania privilégierait de fixer comme date butoir pour tous « le 31 janvier », « avec une charte pouvant protéger les intérêts des plus petits », déclarait mardi dernier son président, Jean-Philippe André.

Des résultats attendus contrastés

Une majorité des produits vendus dans les supermarchés sont concernés par ces négociations annuelles : les produits de marques dites nationales, comme Danone, Nutella, Nescafé ou Cochonou. Malgré la baisse d'un certain nombre de prix de gros en 2023, celle-ci ne s'est pas traduite par des baisses de prix sensibles en rayons. D'où la volonté d'avancer le calendrier des négociations cette année, dans l'espoir de voir des réductions de prix plus rapide pour les consommateurs.

Toutefois, l'Ilec (Institut de liaisons des entreprises de consommation), qui porte la voix des géants de l'industrie comme Nestlé, Danone ou L'Oréal, a déjà averti que l'issue des négociations serait « contrastée », certains marchés de gros continuant « à augmenter », expliquait fin septembre son directeur général Richard Panquiault. Thierry Cotillard, patron du groupement Intermarché/Les Mousquetaires, a également confié ses doutes sur la capacité des distributeurs à obtenir des diminutions de prix. Il a même évoqué dimanche la possibilité d'une hausse des prix « entre zéro et quatre » pour cent. Industriels comme supermarchés estiment de toute façon très improbable un retour aux prix de 2019.

Avec AFP

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Commentaires 7
à écrit le 16/11/2023 à 7:41
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Et on le croit facilement tandis que la cupidité pathologique des mégas riches exige qu'ils gagnent toujours plus toujours plus vite. C'est une pathologie et non un sens à la vie d'accumuler.

à écrit le 18/10/2023 à 7:03
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Le roi de la com devrait passer du temps chez ses franchisés car habitué à sa marque la qualité est en baisse avec un maintien des prix ou des hausses. En fruits légumes et viande j'ai quitté l'enseigne du "super communicant" . J'ai trouvé bien ...

à écrit le 17/10/2023 à 14:11
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Et si on a davantage confiance en M. Leclerc pour négocier au mieux. Est-ce qu'on ne pourrait pas laisser les acteurs économiques discuter tranquillement, sans ingérences, contraintes et obligations réglementaires supplémentaires ?

le 17/10/2023 à 16:00
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Dites vous bien que Michel Edouard ne défend pas les consommateurs mais ses propres intérêts personnel et accessoirement ceux de sa corporation .Quant aux contraintes et obligations réglementaires elles sont là pour protéger les consommateurs que nou...

le 15/11/2023 à 14:24
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@ldx: Vous croyez vraiment à ce que vous écrivez? Le "Législateur" n'a pas peur de rédiger des lois promulguées mais non appliquées; en fait, le citoyen vit dans l'illégalité permanente, entre des lois inconnues, oubliées ou à l'application imbécile....

à écrit le 17/10/2023 à 14:01
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Pour qui roule ce gouvernement ? pas pour les citoyens puisque tout concours à l'inflation. 10% de hausse dans les courses depuis 3 mois à panier constant, avant l'hiver merci BORGNE.

le 15/11/2023 à 17:38
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Oui et 10% de hausse sur le gaz et l'électricité aussi

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