Une semaine décisive pour l'avenir de l'automobile française

Le groupe PSA Peugeot Citroën dévoilera mercredi le détail de son projet de 8.000 suppressions de postes en France alors que le même jour le gouvernement présentera son plan de soutien à l'automobile.
Philippe Varin, président du directoire de PSA Peugeot Citroen. Copyright Reuters
Philippe Varin, président du directoire de PSA Peugeot Citroen. Copyright Reuters (Crédits : Reuters)

Le secteur de l'automobile est au coeur des préoccupations du gouvernement. La semaine dernière,  le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a rencontré le président du directoire de PSA, Philippe Varin alors que le groupe a annoncé la fermeture de son usine d'Aulnay-sous-Bois en région parisienne. Et demain lundi 23 juillet c'est le premier ministre Jean-Marc Ayrault qui le recevra le patron du constructeur. Un autre grand constructeur français, Carlos Ghosn, le numéro un de Renault, doit rencontrer le Premier ministre mercredi et le même jour, le gouvernement présentera en Conseil des minsitres son plan de soutien à l'automobile.

Ces annonces tenteront de contre-balancer l'annonce officilelle du plan de suppression de postes chez Peugeot. En effet, le constructeur automobile a mis à l'ordre du jour d'un nouveau comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire qui se tiendra à 9h00 à son siège parisien "le projet de réorganisation des activités industrielles et de réduction des effectifs". Ceci comprend la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), la réduction de l'activité à Rennes (Ille-et-Vilaine) et "un plan de réduction des effectifs" hors production, applicable à tous les autres sites. L'annonce de ce plan, pourtant attendu depuis un an, le 12 juillet dernier (voir chronologie ci-dessous) avait fait l'effet d'une bombe, et provoqué la colère des syndicats.

Un plan social dont la pertinence est contesté...par le gouvernement

Les syndicats demandent aujourd'hui la désignation d'un expert pour évaluer la pertinence du projet en fonction de la situation financière du groupe. Plusieurs d'entre eux ont appelé à manifester devant le siège pendant le CCE. Ils en sauront plus sur la santé de PSA quand ce dernier aura présenté ces résultats ce même mercredi 25 juillet. Le premier constructeur automobile français et deuxième européen a déjà averti qu'il avait essuyé une perte nette au premier semestre. Il brûle environ 200 millions d'euros de liquidité par mois depuis un an et ne s'attend pas à un retour à l'équilibre de son flux de trésorerie opérationnel avant fin 2014.

Le gouvernement, lui, doute des difficultés rencontrées par PSA, qui souffre de la chute des ventes en Europe, son principal marché. Le président de la République François Hollande a accusé sa direction de "mensonge" et d'avoir reporté l'annonce de son projet à l'après-présidentielle. Il a jugé ce plan social inacceptable en l'état et veut qu'il soit "renégocié".

Un expert gouvernemental, Emmanuel Sartorius, est chargé de faire un point sur la situation du constructeur. Il rendra ses conclusions provisoires à la fin du mois.

Arnaud Montebourg parle de "malade imaginaire"

Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg est allé jusqu'à parler d'un "malade imaginaire", s'en prenant non seulement aux dirigeants de PSA mais aussi à ses principaux actionnaires, la famille Peugeot, avec 25,4% du capital. Il a critiqué leur stratégie et l'alliance récente conclue avec le géant américain General Motors. Arnaud Montebourg a eu l'occasion de s'en expliquer mercredi dernier avec le président du directoire de PSA, Philippe Varin, un jour après avoir rencontré les syndicats. Le 26 juillet, ce sera au tour du président du conseil de surveillance, Thierry Peugeot, de voir M. Montebourg.

Les Peugeot s'inquiètent de la chute de l'action en Bourse

"Il y a des mots que je n'ai pas aimés et qui ont été répétés: "mensonge" et "dissimulation". Nous sommes prêts à accepter la critique, mais il y a des limites", a déclaré M. Peugeot, qui s'inquiète aussi de la chute du cours du titre en Bourse. Parallèlement, le gouvernement multiplie les consultations avant la présentation de ses mesures d'aides à la filière auto, déjà largement soutenue ces dernières années, et qui seront présentées mercredi au Conseil des ministres.

Vendredi 20 juillet, Arnaud Montebourg a reçu des hauts dirigeants de PSA et de Renault et il entendra de nouveau, tour à tour cette fois, les syndicats de PSA la semaine prochaine. Et demain lundi 23 juillet, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault recevra M. Varin. Mercredi, ce sera au tour du numéro un de Renault, Carlos Ghosn.

Le plan d'aide, dont le ministre du Redressement productif a dévoilé les grandes lignes le 18 juillet, passera par un "soutien massif" aux véhicules "innovants et propres", en échange de "contreparties". Renault a fait de l'électrique un axe majeur de son développement tandis que PSA privilégie l'hybride.

Chronologie d'une restructuration annoncée

2011
- 9 juin : la CGT révèle une note interne du 23 août 2010 évoquant une possible fermeture de l'usine PSA d'Aulnay, près de Paris - les sites de Sevelnord (Nord) et Madrid étant aussi menacés - avec une "fenêtre d'annonce possible, dans le calendrier électoral français, au 2e semestre 2012", après l'élection présidentielle.La direction de PSA Peugeot Citroën assure que "la fermeture d'Aulnay n'est pas d'actualité". Le ministre de l'Industrie Eric Besson se dit "rassuré" après avoir reçu le président du directoire Philippe Varin.
- 23 juin : PSA refuse de s'engager sur la pérennité d'Aulnay comme le réclame la CGT. "En 2014 dans nos plans, Aulnay produit des C3", affirme Philippe Varin le 29.
- 5 juil : M. Varin déclare au président Nicolas Sarkozy que PSA "n'examine pas de projets de fermeture de site en France".
- 26 oct : PSA annonce 800 millions d'euros d'économies supplémentaires pour 2012. Il chiffrera à 6.000 les suppressions de postes en Europe dont 4.300 en France.

2012
- 15 fév : PSA annonce un bénéfice net divisé par deux pour 2011 et Philippe Varin juge "inévitables" des réductions de capacités en Europe.
- 29 fév : PSA s'allie avec l'américain General Motors, numéro un mondial qui devient avec 7% son deuxième actionnaire derrière la famille Peugeot.
- 6 mars : PSA dit se donner de 18 à 24 mois pour régler ses problèmes de surcapacités en Europe.
- 28 juin : M. Varin annonce à un comité de groupe que "des mesures complémentaires seront nécessaires" selon un syndicaliste.
- 30 juin : Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, presse PSA de faire "connaître ses intentions" et nomme un expert, Emmanuel Sartorius.
- 6 juil : PSA annonce une chute de ses ventes mondiales de 13% au premier semestre (-18% en Europe).
- 12 juil : PSA annonce l'arrêt de la production à Aulnay en 2014 et la suppression de 8.000 postes en France, dont 1.400 à Rennes (Ille-et-Vilaine). "La guerre est déclarée", avertit la CGT. M. Varin promet qu'"il n'y aura pas de licenciements secs". L'action PSA est au plus bas.
- 13 juil : Philippe Varin déclare que la décision de fermer Aulnay a été prise au cours du premier semestre mais qu'"il n'était pas question d'en faire un enjeu de la période électorale".
- 14 juil : François Hollande accuse PSA de "mensonge" et juge "inacceptable" le plan de restructuration qui doit être "renégocié".
- 18 juil : la famille Peugeot, premier actionnaire du groupe, se défend affirmant "avoir toujours donné la priorité au développement du groupe et à sa stratégie".
- 23 juil : rencontre prévue à Matignon entre le Premier ministre Jean-Marc Ayrault et M. Varin, à deux jours d'un nouveau CCE et des résultats semestriels du groupe.

 

 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 15
à écrit le 25/07/2012 à 9:34
Signaler
Pourquoi, en février, Peugeot a-t-il refusé toute exportation vers l'Iran ? Il faut payer les caprices américains...

à écrit le 24/07/2012 à 4:20
Signaler
Le problème c'est le marché.Il y a incompatibilité entre les systèmes socio-économiques. La Certains jouent sur les écarts. Cela nous conduit à l'épuisement. Comme solution, la droite parle de réciprocité, la gauche de redressement productif. Cela va...

à écrit le 23/07/2012 à 9:13
Signaler
Montebourg à déjà créé un emploi !!! Celui de l expert paye par nos concitoyens ... Avec 7 000 assistants il pourrait enrayer la crise de Peugeot ... Et puis ce gouvernement pourrait créer de la richesses en publiant le livre de : la gestion d un pay...

à écrit le 22/07/2012 à 22:50
Signaler
Une seule solution rendre déductible de@' IsF l'achat de voitures françaises et virer montebourg

le 22/07/2012 à 22:56
Signaler
Il peut faire le portage aux abonnes des inrockuptibles

à écrit le 22/07/2012 à 19:30
Signaler
Ce qui m'attriste le plus, c'est que lorsque nous aurons des politiques qui soit disant veulent nous faire des leçons de morales seront moins HAINEUX vis-à-vis des industriels peut etre aurons nous avancé.....Je m'étonne de leur culture.......

à écrit le 22/07/2012 à 19:28
Signaler
Le problème de Hollande and cie c'est qu'ils ne font pas de l'économie mais de la politique ... leur préoccupation n'est pas 2012 ou 2013 ... mais bien entendu 2017 ... donc ils ne pourront jamais trouver une solution tenable pour PSA ... En revanc...

à écrit le 22/07/2012 à 19:24
Signaler
Le mieux pour notre entreprise est de surtout ne pas faire confiance à l'état ... Il est déjà lui même incapable de se gérer ... Même si lui bénéficie de financements quasi inépuisables, dont les 100 000 salariés en France (dont moi ... )

à écrit le 22/07/2012 à 18:40
Signaler
C'est pas avec ma retraite de prof polypensionné que je vais participer àu sauvetage de l'industrie française, je me déplace depuis 2 ans en trottinette en attendant une réforme.

le 22/07/2012 à 19:57
Signaler
achetez une dacia; pas chere et fiable ( ok un peu bruyante et pas finie terrible, mais bon...)

le 22/07/2012 à 21:21
Signaler
MERCI pour vos conseils mais j'attends que le gouvernement fasse une réforme pour que cesse la spoliation des polypensionnés par la CARSAT et l'Etat

à écrit le 22/07/2012 à 18:09
Signaler
C'est Montebourg qui va relancer les ventes ? PSA aurait ;ieux fait de conserver son usine utre-Manche.

le 22/07/2012 à 19:19
Signaler
Non l'usine de Ryton n'aurait pas eu la taille suffisante pour être rentable ... il fait produire au moins 300 000 véhicules par an et bientôt 400 000 en raison de la concurrence ...

à écrit le 22/07/2012 à 17:28
Signaler
Au delà des rodomontades, coups de menton et autres gesticulations syndicales et gouvernementales, un compromis tiède fait de concessions réciproques calmera les esprits. Aux uns la communication, aux autres les subventions et aides déguisées. Quelqu...

le 22/07/2012 à 19:21
Signaler
Oui l'entreprise ou je suis ne demande pas mieux ... ce ne sont pas des politiques qui n'ont jamais vu une entreprise privée qui vont trouver une solution pour nous ...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.