Après la descente aux enfers, Aston Martin est-il prêt à repartir ?

L'hécatombe boursière de la marque automobile de luxe anglaise aiguisait les appétits chinois, notamment Geely... C'est finalement un investisseur canadien qui a accepté de renflouer Aston Martin, et ce, malgré des performances commerciales décevantes... En attendant l'arrivée de deux SUV...
Nabil Bourassi
L'Aston Martin DBS Superleggera, la plus puissante de l'histoire de la marque britannique avec ses 725 ch.
L'Aston Martin DBS Superleggera, la plus puissante de l'histoire de la marque britannique avec ses 725 ch. (Crédits : Aston Martin)

Ce n'est plus James Bond, c'est Mission Impossible ! La trajectoire suivie par Aston Martin depuis sa récente introduction en Bourse (octobre 2018) est tout à fait chaotique. À plus de 4,3 milliards de livres lors de l'IPO, la valeur boursière de la marque automobile fétiche de l'espion de Sa Majesté a fondu à 1 milliard seulement... Comment la marque si sûre d'elle a-t-elle fini par s'effondrer en moins de 18 mois ?

Des casseroles en série...

C'est une véritable succession de casseroles qui sont tombées sur la tête d'Andy Palmer, PDG d'Aston Martin depuis 2014. L'année 2019 avait déjà très mal commencé puisque le constructeur basé à Gaydon dans le centre de l'Angleterre a vu le rythme de ses ventes se caler très en-dessous de la trajectoire de ses prévisions. Ainsi, son Vantage lancée en 2018 n'a pas connu le succès escompté. La direction révise dès lors son objectif de ventes et table sur une fourchette de 6.300 à 6.500 immatriculations, soit mille unités de moins que la prévision initiale. Autant dire que l'équation économique n'est plus du tout la même pour Aston Martin compte tenu du prix unitaire (à partir de 150.000 euros pour un Vantage). En juillet, il est contraint de lancer un avertissement sur résultat et annonce un objectif de marge opérationnelle compris entre 12,5 et 13,5%, loin des 20% prévus et loin également de ses concurrents directs comme Ferrari (25%).

Pour Aston Martin, c'est la descente aux enfers, le cours de Bourse s'effondre inexorablement. Puis les fonds vautours s'attaquent à sa dette obligataire en spéculant à la baisse... Dès lors, la marque britannique ne peut plus se refinancer (à des conditions acceptables). La perspective de deux SUV imminent ne semble pas suffire malgré les volumes de vente prévus (plus de 7.000). En janvier, Andy Palmer est contraint d'annoncer un nouvel avertissement sur résultat...

Pricing power insuffisant

Les analystes estiment qu'Aston Martin souffre d'un mauvais "pricing power", c'est à dire que la marque n'est pas assez puissante pour défendre ses prix et sa résilience aux perturbations de marché n'est pas bonne. Le Brexit, la chute des marchés en Europe ou aux Etats-Unis a ainsi particulièrement frappé les ventes. Cette difficulté l'oppose à ses principales concurrentes comme Ferrari dont les ventes n'ont pas cillé malgré ce contexte. Chez Volkswagen, la performance de Lamborghini contraste également avec Aston Martin. La marque au taureau qui pourrait faire l'objet d'une introduction en Bourse cette année, est estimée autour de 11 milliards d'euros par les analystes.

Acculé, Andy Palmer a frappé à plusieurs portes, y compris en Chine. Début janvier, Geely a indiqué son intérêt. Après s'être emparé de Volvo et avoir pris 10% de Daimler, le géant chinois serait prêt, selon le Financial Times, à injecter de l'argent frais dans la firme en difficulté. C'est finalement auprès d'un riche canadien qu'Aston Martin a trouvé de l'argent frais. Lawrence Strolla va injecter 200 millions d'euros pour s'emparer de 17% du capital de la firme britannique. Le propriétaire de l'écurie de Formule 1 Racing Point a également indiqué qu'il apporterait près de 400 millions d'euros à Aston Martin sous une forme pas encore précisée.

"J'ai hâte de travailler avec le conseil d'administration et les dirigeants d'Aston Martin Lagonda pour passer en revue et améliorer chaque aspect de l'entreprise dans ses opérations et son marketing, de continuer à investir dans le développement de nouveaux modèles et de nouvelles technologies, et de commencer à rééquilibrer la production pour privilégier la demande par rapport à l'offre", a expliqué Lawrence Stroll.

Avec ce cash, Aston Martin va pouvoir assurer le lancement de ses deux SUV. Reste à savoir si cela restera suffisant pour revenir dans la course...

Nabil Bourassi

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Commentaires 8
à écrit le 10/02/2020 à 14:32
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C'est Lawrence STROLL (pas Strolla...).

à écrit le 10/02/2020 à 13:55
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Fallait laisser le V12...

à écrit le 10/02/2020 à 10:19
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"Honte de prendre l'avion" et aussi "Honte d'acheter une voiture"... à un prix indécent.

à écrit le 10/02/2020 à 9:04
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"Chez Volkswagen, la performance de Lamborghini" Parce que les gens ne savent pas que c'est allemand dorénavant, Lamborghini étant une marque assez forte pour ne pas être discréditée par ce rachat mais Aston Martin lui a subit plusieurs propriéta...

le 10/02/2020 à 14:17
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AM n'a jamais appartenu à BMW. Vous vouliez peut-être parler de Ford ?

le 10/02/2020 à 17:50
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LAMBORGHINI réussit effectivement l'exploit de faire oublier que les modernes LAMBO be sont ques AUDI R10 rebadgées avec chassis et moteur d'origine AUDI donc VW FERRARI a plus de 70 ans d'histoire ET fait lui meme ses chassis et moteur . ASTON à ...

le 10/02/2020 à 20:04
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Sûrement pas BMW. Plutôt les américains de Ford, j’en ai peur. Caramba,…

le 11/02/2020 à 14:29
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Méa culpa je confonds avec Jaguar pour bmw qui depuis étrangement se sont mises à ressembler aux jaguar avec ce museau affiné devant non ? C'est Ford en effet qui a porté le premier coup au crédit de Aston Martin, les allemands ne peuvent pas non...

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