Coup de théâtre chez Renault : l’introduction en Bourse de la filiale électrique Ampere annulée

Le groupe Renault a annoncé lundi annuler l'introduction en Bourse de sa filiale électrique Ampere, qui était prévue en 2024. Si Nissan et Mitsubishi garderont leurs investissements, Renault doit encore discuter avec Qualcomm pour son futur dans la filiale.
Selon le groupe, les conditions de marché ne sont pas réunies et l'entreprise peut financer le projet.
Selon le groupe, les conditions de marché ne sont pas réunies et l'entreprise peut financer le projet. (Crédits : Reuters)

Coup de tonnerre chez Renault. Le groupe automobile a annoncé qu'il annulait l'introduction en Bourse d'Ampere, son entité regroupant les activités électriques et logicielles créée en novembre dernier. Motif : les conditions de marché ne seraient pas réunies et le groupe possède suffisamment de cash pour financer le projet.

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Huit à dix milliards d'euros de valorisation estimée

De fait, l'entrée en Bourse devait dégager de l'argent frais pour accélérer le virage électrique de Renault, et « donner plus rapidement des dividendes aux actionnaires et au groupe », avait déclaré en novembre Luca de Meo, le PDG de Renault, qui tablait sur une valorisation comprise entre 8 à 10 milliards d'euros. Fin juin, Renault avait déjà annoncé le report à début 2024 de cette entrée en Bourse, dont la mise en place devrait être effective au deuxième semestre de cette année.

Également PDG d'Ampere, Luca de Meo avait néanmoins prévenu cet automne qu'il se réservait le droit de ne pas introduire son entité électrique sur les marchés si sa valeur potentielle n'est pas satisfaisante en 2024. Renault pourrait aussi financer ce projet « tranquillement avec (ses) ressources », avait-il souligné. C'est aujourd'hui le discours tenu par le groupe.

« Le plan stratégique de Renault Group, Renaulution, est autofinancé. Les résultats attendus pour 2023 confirment la capacité du Groupe à générer du cash durablement pour financer son futur (y compris le développement d'Ampere). Au cours des derniers semestres, Renault Group a significativement amélioré sa performance pour atteindre des niveaux dépassant ses attentes initiales. Cela offre au groupe une meilleure flexibilité et toute la marge de manœuvre dont il a besoin. En conséquence, compte tenu des conditions de marché actuelles et des niveaux de cash-flow plus élevés que prévu, Renault Group a décidé d'annuler le processus d'introduction en Bourse d'Ampere », explique le groupe dans un communiqué.

Renault a ainsi décidé aujourd'hui de stopper les processus de mise en bourse de sa filiale électrique, à deux semaines de l'annonce de ses résultats financiers et alors que le groupe a déjà présenté ses chiffres de ventes, en hausse de 9 % par rapport à 2022.

Quid de Nissan, Mitsubishi et Qualcomm ?

Cet arrêt pose la question des entreprises ayant annoncé des investissements dans Ampere.

« Nissan et Mitsubishi ont signé un contrat dont l'entrée d'Ampere en bourse ne change pas la donne », a affirmé Thierry Piéton, le directeur financier de Renault Group dans un échange avec les journalistes.

Pour rappel, Nissan devrait mettre jusqu'à 600 millions d'euros dans cette filiale et Mitsubishi a parlé de 200 millions d'euros. En revanche, l'investissement de Qualcomm n'était pas connu, mais dépendait de l'entrée en bourse.

« Des discussions vont avoir lieu », a indiqué Thierry Piéton, soulignant que l'annonce venait de tomber et que Renault n'avait pas encore eu le temps de parler avec les investisseurs.

Les risques d'une entrée en bourse

Ce revirement de situation laisse sceptique quant aux discours du groupe. Luca de Meo affirme de son côté que « cette annulation n'est pas une décision qui va faire souffrir la crédibilité de Renault » et ajoutant que « ce qui compte est le développement Ampère ».

Plusieurs analystes craignaient une dévalorisation d'Ampere lors de cette mise en bourse, tablant sur 5 milliards de valorisation, contre le double annoncé par le directeur général de Renault.

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« Au démarrage, cette entrée en Bourse était vue positivement en disant que cela pourrait donner de la clarté au groupe. Désormais, les marchés sont dubitatifs à cause du contexte géopolitique et des ventes de l'électrique qui se tassent. L'introduction d'Ampere en Bourse peut donner l'impression qu'Ampere et Renault ne font qu'un, et que le reste des entités du groupe n'a pas de valeur. Or, le risque est que la seule valorisation d'Ampere au regard du marché actuel ne soit pas à la hauteur des investissements du groupe », a confirmé à La Tribune un analyste avant son Capital Market Day.

Objectif : 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires dès 2025

Pour rappel, Ampere rassemble plus de 11.000 collaborateurs, dont un tiers d'ingénieurs, qui conçoivent, développent, fabriquent et commercialisent des véhicules sous la marque Renault.  Sur un marché des voitures électriques qui a explosé ces dernières années, la filiale de Renault prévoit de vendre environ 300.000 véhicules en 2025 et un million en 2031, soit la moitié de ce que Renault a écoulé dans le monde en 2022.  Ampere vise un chiffre d'affaires ambitieux de 10 milliards d'euros dès 2025, contre 46 milliards pour le groupe Renault en 2022, et un taux de croissance annuel de plus de 30% entre 2023 et 2031. Ampere devrait être à l'équilibre financier en 2025 et pourrait distribuer ses premiers dividendes dès 2026.

Début 2024, la Renault 5 électrique, assemblée dans le nord de la France, sera proposée à partir de 25.000 euros. Et Renault continue à puiser dans son répertoire : la petite Twingo aura droit à une nouvelle version électrique, fabriquée en Europe (mais a priori pas en France) et commercialisée à partir de 2026. « La future Twingo devrait être vendue 40 % moins chère que la Renault 5 », a même indiqué Luca de Meo cet après-midi. Soit autour de 15.000 euros si l'on en croit ses propos. Une prouesse permise grâce à une plateforme commune électrique avec un ou plusieurs autres constructeurs. Pour l'heure, le nom de Volkswagen est déjà sorti.

Renault compte ainsi faire face à la concurrence asiatique (BYD) et américaine (Tesla), mais aussi à la future Citroën C3 électrique. La nouvelle filiale de Renault proposera au total sept modèles électriques d'ici 2031, dont les Mégane, Scenic, R5 et R4 (en 2025), et la Twingo.

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Commentaires 8
à écrit le 30/01/2024 à 14:29
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Sous peu la nationalisation de Nissan par le gouvernement et autres financiers nippons (e.g. SoftBank) et le divorce Renault/Nissan pour intérêts divergents sera consommé.

à écrit le 30/01/2024 à 11:50
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Pour Renault, ca sent le sapin.

à écrit le 30/01/2024 à 8:05
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Toujours plus prudents avec nos financiers ravagés.

à écrit le 30/01/2024 à 7:15
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Ce n'est pas le bon moment pour une introduction en bourse, tu m'étonnes il faudrait être un peu fou pour acheter des actions de Renault Électrique 😉

le 30/01/2024 à 14:33
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Il est clair que les actions Twizy ne font pas rêver... :o)

à écrit le 29/01/2024 à 23:57
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C'est vraiment pathétique de voir les Français essayer de faire de la finance comme les meilleurs d'entre eux.

à écrit le 29/01/2024 à 19:17
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Espérons que le père Noël va passer avec ses rênes électriques

le 29/01/2024 à 21:52
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Ils étaient à pétrole, les rennes ? Aucun besoin de se décarboner, sauf si ce sont des ruminants, c'est ça qui provoque le dégagement de méthane. Vu le poids des batteries, vous pensez qu'ils seront aussi véloces, les rennes ? :-) Attendons les nou...

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