Déroutant. La marque « low cost » de Renault a annoncé aujourd'hui sa participation à la course Rallye Dakar pour 2025. S'il est familier de voir des constructeurs se lancer dans de tels projets très médiatisés, Dacia le fait aussi pour promouvoir les carburants synthétiques développés par la compagnie pétrolière Aramco. Celle-ci avait d'ailleurs annoncé vouloir prendre une participation dans la co-entreprise Renault et Geely destinée aux moteurs à essence et diesels et baptisée « Horse ».
Une annonce surprenante de la part du constructeur roumain, d'autant que les carburants synthétiques, fabriqués à partir d'hydrogène vert et autorisés par la Commission européenne après 2035, sont plutôt à destination de constructeurs comme Porsche ou Ferrari tant leur prix va être élevé. Pourtant, si la seule Dacia électrique, la Spring, se vend bien en Europe, c'est bien sur les moteurs thermiques que l'entreprise souhaite se distinguer, à contre-courant de Renault et d'Alpine, les deux autres marques du groupe.
Optimiste sur les carburants de synthèse
En effet, si Alpine a annoncé être 100 % électrique dès 2026, Dacia attendra. Le nouveau modèle électrique, éventuellement produit en Europe, sera la remplaçante de la Sandero et ne devrait voir le jour qu'en 2028 ou 2029. Afin de rester compétitif, Dacia ne produit que du thermique en Roumanie et au Maroc, sur des lignes très peu motorisées et déjà très compétitives. Sa seule voiture électrique est fabriquée en Chine. C'est pourquoi les carburants de synthèses, qui permettraient de ne pas toucher à la chaîne de production en Europe, intéressent fortement la marque roumaine.
Ces carburants de synthèse ne sont pourtant pas l'alternative qui semble la plus « low cost » au premier abord. Selon l'association Transport et Environnement, ils n'ont « ni intérêt économique ni intérêt écologique ». En effet, le rendement pour passer de l'électrique à l'hydrogène vert n'est que de 60 %, ce qui rend cette énergie beaucoup moins intéressante que l'électrique seul et leur prix pourrait être 50% plus élevé que l'essence. Si leur autorisation a été votée, peu de constructeurs s'y sont intéressés. Seuls Porsche et Ferrari, reconnus pour leurs moteurs thermiques, se penchent dessus. Pourtant, Dacia se montre confiant quant au futur de cette technologie et assure « pousser » dessus avec Aramco afin de les rendre compétitif.
Têtes d'affiche et gros enjeu pour Dacia
Le Rallye Dakar va ainsi servir de « laboratoire » à Dacia. L'objectif est de « favoriser et exporter les solutions du groupe sur les moteurs à combustion et hybrides qui représente la moitié des ventes », a ainsi expliqué Denis Le Vot, directeur de la marque, lors de la conférence de presse ce midi. Les précisions techniques des voitures seront données au début de l'année 2024 et aucun objectif marketing n'a été précisé. Cependant, le directeur l'assure : « nous ne sommes pas là pour finir cinquième ou sixième ».
Pour appuyer ces propos, les deux pilotes qui concourront pour le Dakar ont été présentés. D'un côté, Cristina Gutierrez, la deuxième femme pilote à avoir remportée une étape du Dakar, et de l'autre, Sébastien Loeb, neuf fois champion du monde de Rallye. Dacia a souhaité miser sur des têtes d'affiche pour son entrée dans la compétition puisque la marque n'a pas d'autres projets de ce type pour le moment. Le sponsoring est d'ailleurs limité chez le Roumain pour des questions d'économies. A ce propos, le directeur marketing déclarait, lors d'une visite d'usines en Roumanie en juin à laquelle La Tribune était conviée : « Dacia est le constructeur qui dépense le moins en publicité, de très loin : environ 1 % de notre chiffre d'affaires quand les autres sont entre 1,5 % et 3 % ». Mais l'augmentation des ventes de la marque de 40% pour le premier trimestre de 2023 a peut-être fait changer d'avis Dacia, qui souhaite intégrer la cour des grands.
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