Digitalisation, robotisation, IA : Michelin veut garder l’humain au centre de son industrie

Michelin n’imagine pas de dark factories, ces usines sans être humain sur ses chaînes de production. Mais face à la robotisation croissante, la digitalisation et surtout l’avènement de l’IA, le groupe anticipe le fait que plus de la moitié des métiers qui existent aujourd’hui dans le groupe n’existeront plus à l'avenir. L’entreprise se prépare donc à ce changement en profondeur et forme ses salariés aux compétences de demain.
Pas question d'imaginer des dark factories chez Michelin, indique le groupe qui compte aujourd'hui 132.000 salariés dans le monde, dont 92.000 dans la partie industrielle.
Pas question d'imaginer des dark factories chez Michelin, indique le groupe qui compte aujourd'hui 132.000 salariés dans le monde, dont 92.000 dans la partie industrielle. (Crédits : Reuters)

Michelin fait face à plusieurs défis : l'urgence climatique, les bouleversements économiques et géopolitiques. Mais la manufacture est aussi bousculée par la révolution numérique et technologique de ces dernières années. Un véritable tournant qui transforme en profondeur le monde de la communication, du commerce ou de l'industrie.

« Nous n'avons pas connu de révolution plus importante depuis l'imprimerie », pointe Lorraine Frega, en charge de la stratégie et du développement durable et directrice business distribution pour le groupe.

Et alors que le groupe entend ne plus se cantonner au pneumatique, mais devenir leader mondial des composites, il ambitionne de placer l'humain au coeur de sa mutation industrielle.

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« Nous pensons qu'à long terme, nous aurons besoin de moins d'emplois pour réaliser les même tâches mais cela se fera sur plusieurs années, ce qui rend les ajustements plus faciles. Nous sommes par exemple en train d'automatiser entièrement notre site du Puy-en-Velay, en Haute-Loire, qui fabrique des pneus de génie civil. Cela conduit à réduire un peu l'effectif, mais on déploie cette technologie au rythme de l'attrition naturelle avec les départs à la retraite », précise Pierre-Louis Dubourdeau, directeur manufacturing et membre du Comité exécutif du groupe.

L'humain sera toujours nécessaire

Et pas question d'imaginer des dark factories chez Michelin, indique le groupe qui compte aujourd'hui 132.000 salariés dans le monde, dont 92.000 dans la partie industrielle. Ces usines automatisées fonctionnent sans être humain, à tel point qu'il n'est pas nécessaire d'allumer la lumière. « Je n'y crois pas, en tout cas, pas pour notre industrie. Michelin ne va pas dans cette direction à moyen terme. L'humain va rester au centre de notre outil productif », assure Pierre-Louis Dubourdeau. Et ce dirigeant de donner en exemple les 2.500 techniciens du groupe qui, partout dans le monde, vérifient à la main un à un les pneus à la fin du processus de fabrication... un pneu toutes les 29 secondes.

« C'est une tâche que nous souhaitons automatiser à l'avenir, car elle est pénible mentalement. Nous avons développé une machine, une merveille de technologie qui fonctionne avec des caméras. Mais cela ne veut pas dire que nous n'aurons plus besoin de nos 2.500 vérificateurs. Car la machine n'est pas capable de vérifier 100% des pneus et surtout elle ne peut pas qualifier le niveau de défaut et s'il est réparable », poursuit le directeur manufacturing de Michelin.

Et puis, il faudra toujours des humains pour apprendre à la machine à vérifier les nouveaux modèles de pneus et des équipes de maintenance. D'autres avec des compétences digitales. Pareil pour l'intelligence artificielle, déjà présente dans les usines du groupe notamment pour la partie maintenance prédictive ou pour la résolution de pannes.

L'IA pour réduire les tâches pénibles

« Nous avons une différence énorme avec l'industrie d'assemblage. Nous, nous sommes une industrie de transformation de matériaux et c'est donc plus complexe. Cette complexité fait qu'une grande partie de nos activités ne seront pas programmables. Nous sommes donc sur une technologie de co-pilotage plutôt que sur une technologie qui remplace l'humain », résume Lorraine Frega, directrice business distribution chez Michelin.

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Selon la manufacture, cette automatisation des tâches pénibles et le développement de l'IA devraient donc permettre de réduire la charge mentale des salariés, de partager de l'information et des ressources. Et c'est surtout une opportunité pour rendre les métiers industriels plus attractifs, veut croire l'entreprise.

« La moitié des métiers du groupe n'existeront plus demain »

Le groupe en est persuadé, il faut aussi former les équipes face à cette mutation technologique. « Nous pensons que, chez Michelin, plus de la moitié des métiers qui existent aujourd'hui n'existeront plus demain », affirme Lorraine Frega.

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Une transformation des métiers qui nécessite de développer l'employabilité des salariés. Michelin a justement ouvert, il y a deux ans, la Manufacture des talents à Clermont-Ferrand. Ce lieu de formation a accueilli 8.000 personnes l'an dernier pour des modules autour du digital, mais aussi du management ou des soft skills.

« Le groupe investit, chaque année, 240 millions d'euros dans la formation. Nous avons 45 ingénieurs pédagogiques qui conçoivent des formations autour des besoins du groupe et des salariés. Nous identifions et qualifions les compétences de demain. Certains salariés vont voir leur métier totalement remis en cause, il faut les accompagner », explique Bertrand Pigeat, directeur de la Manufacture des talents et responsable de la formation et du développement du groupe.

Michelin entend d'ailleurs dupliquer ce modèle de Manufacture des talents partout dans le monde, avec une couverture dans neuf régions du monde. Un site ouvrira, par exemple, à Olsztyn en Pologne dans quelques jours, un autre à Shanghai en juillet, un à Greenville aux Etats-Unis fin 2025. Objectif : que 100% des salariés du groupe soient formés d'ici 2030.

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Commentaires 5
à écrit le 19/04/2024 à 8:37
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Il y a encore beaucoup de progrès à faire en matière de pneumatique, cause principale du bruit des véhicules et seule contact que nous ayons avec la route. Par contre michelin devrait nous faire de l'horizontale et acheter des fabricants d'amortisseu...

le 19/04/2024 à 13:58
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Chacun son métier, les amortisseurs ce ne sont pas les mêmes techniques que les pneumatiques, qu'il faut adapter aux véhicules électriques lourds voire les rendre écolo (la poussière de caoutchouc & adjuvants (c'est pas simple, un pneu) ça génère bea...

le 19/04/2024 à 14:37
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@photo73 : effectivement, le relief de certains revêtements routiers est épuisant pour l'oreille, mais il assure une meilleure adhérence en cas de grosse pluie...

le 19/04/2024 à 15:46
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bonjour, ben pour les bagnoles à venir (excès de poids) et pour le bruit on devrait revenir à la suspension hydraulique , celle de la ds pas la CX car sur la cx ils avaient réduit le débattement je ne sais pas pourquoi . mais réduit l'intérêt pour...

le 20/04/2024 à 9:33
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"Chacun son métier" LOL ! Tu te rends compte que s'il y a vraiment une notion qui n'existe pas en néolibéralisme avec des actionnaires qui sont implantés dans tous les corps de métier c'est cette expression hein ? ^^ Nous sommes en 2024 camarade, rév...

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